Rien de nouveau sous le soleil : sur la question russe, l’IPC se montre souvent plus ferme que le CIO. Le trait sera encore forcé l’été prochain aux Jeux de Paris 2024.
Le comité exécutif de l’instance internationale du mouvement paralympique a détaillé mercredi 6 mars les conditions de participation des athlètes russes et biélorusses aux Jeux de Paris 2024. Elles s’annoncent d’une extrême rigueur.
Certes, les deux pays en guerre avec l’Ukraine pourront envoyer des athlètes, une décision prise en septembre dernier lors d’une assemblée générale extraordinaire de l’IPC à Bahrein, au terme d’un vote des comités nationaux membres. Mais les conditions de neutralité imposées par l’instance se révèlent plus strictes que pour les Jeux olympiques.
Rien à dire sur la terminologie. A Paris 2024, les représentants russes et biélorusses seront appelés « athlètes paralympiques neutres ». En anglais, « neutral paralympic athletes », une expression résumée par l’acronyme NPA. Classique. Mais le reste s’avère plus inédit. A commencer par les tenues, où l’IPC a poussé la notion de neutralité à son paroxysme. Les uniformes, approuvés à l’avance par l’IPC, ne devront pas afficher la moindre marque laissant suggérer la nationalité des athlètes. Pas de couleur, donc, ni de drapeau, nom de pays, emblème ou symbole.
La suite reste dans le même ton. Les médailles éventuelles décrochées sur le terrain par les « athlètes paralympiques neutres » ne seront pas enregistrées au tableau des nations. En cas de victoire, le seul hymne joué pendant la cérémonie du podium sera celui du mouvement paralympique.
Enfin, les représentants de la Russie et de la Biélorussie suivront la cérémonie d’ouverture, le 28 août sur la place de la Concorde, à bonne distance de l’action. Ils ne pourront pas défiler, une mesure justifiée par leur présence à titre purement individuel. Ils n’auront pas non plus de porte-drapeau lors de la cérémonie de clôture, le 8 septembre au Stade de France.
Pour rappel, l’IPC avait exclu sans réserve la Russie des Jeux de Rio 2016, en réaction au scandale de dopage aux Jeux d’hiver de Sotchi 2014. A la même époque, le CIO avait adopté une position nettement plus mesurée, autorisant la présence d’une délégation d’athlètes portant le nom et les couleurs du Comité olympique de Russie (ROC). Elle comptait près de 300 compétiteurs.
A Moscou, l’annonce des critères de participation des athlètes russes aux Jeux paralympiques de Paris 2024 a été accueillie comme un nouveau camouflet. Le Comité paralympique russe s’est fendu d’un communiqué, mercredi 6 mars, où il qualifie la décision de l’IPC de « discriminatoire à l’égard des athlètes russes ». Le document poursuit : « Refuser aux athlètes le droit de montrer qu’ils viennent d’un certain pays, ou de célébrer la victoire lorsque l’hymne de leur pays est joué, équivaut à leur refuser le droit à une identité nationale. »
La réaction russe était attendue. Mais les déclarations du président du comité national paralympique, Pavel Rozhkov, l’était un peu moins. Le dirigeant a laissé entendre auprès de l’agence TASS que la décision de participer aux Jeux paralympiques de Paris 2024 n’était pas encore prise.
« Nous déciderons plus tard, après un examen approfondi, a confié Pavel Rozhkov. Nous étudions les critères, que nous avons reçus aujourd’hui, avec nos fédérations et nos équipes nationales. Nous pouvons d’ores et déjà affirmer qu’ils sont discriminatoires. Nous avons aussi compris, après nos expériences passées avec le CIO et l’IPC, que d’autres critères pourraient apparaître. »