L’information était connue : la question russe figurait en bonne place dans l’ordre du jour de la première journée de la réunion de la commission exécutive du CIO, mardi 19 mars à Lausanne. Mais il était moins attendu que l’instance olympique dégaine avant même la fin des débats, et la conférence de presse de fin de réunion, un communiqué évoquant la Russie et sa volonté de « politisation du sport. »
Le communiqué est tombé en toute fin de matinée. Citant à maintes reprises la Charte olympique, mais aussi les résolutions de l’Assemblée générale des Nations Unies, le texte s’en prend directement à l’un des événements annoncés par la Russie pour l’année 2024 : les Jeux mondiaux de l’Amitié. Ils doivent se tenir au mois de septembre, après les Jeux de Paris 2024, à Moscou et Yekaterinburg. Selon le CIO, une version hivernale est également en préparation. Elle se tiendrait à Sotchi en 2026.
En soi, rien de très nouveau. Mais l’instance olympique, vent debout contre cette initiative souhaitée et orchestrée par le Kremlin, semble déterminée à tout faire pour empêcher la Russie de donner à ses Jeux de l’Amitié une dimension internationale. Son communiqué n’a pas d’autre finalité que faire pression sur le mouvement olympique pour boycotter l’événement multisport.
« Le gouvernement russe a lancé une offensive diplomatique très soutenue en faisant en sorte que des délégations gouvernementales et des ambassadeurs, ainsi que des autorités ministérielles et gouvernementales prennent contact avec les gouvernements du monde entier, écrit le CIO. Afin de rendre leur motivation purement politique encore plus évidente, ces derniers contournent délibérément les organisations sportives de leurs pays cibles. Il s’agit non seulement d’une violation flagrante de la Charte olympique, mais aussi d’une infraction aux diverses résolutions des Nations Unies. »
Evoquant une « tentative cynique » de la Russie de politiser le sport, le CIO se range derrière sa commission des athlètes, expliquant qu’elle « s’oppose clairement à l’utilisation des athlètes à des fins de propagande politique ».
Autre argument déjà brandi par le CIO, et repris presque mot pour mot par l’AMA au cours des derniers mois : le dopage. Rappelant le « programme de dopage organisé » aux Jeux d’hiver de Sotchi 2014, le CIO prévient que les Jeux de l’Amitié ne pourront pas garantir aux participants le respect des règles antidopage, en raison notamment de l’absence en Russie d’un laboratoire accrédité par l’AMA.
Le message est clair : le CIO ne veut pas voir les Jeux de l’Amitié se glisser impunément dans le calendrier international, après les Jeux de Paris 2024. Il ne veut surtout pas voir des pays répondre à l’invitation de Moscou et envoyer des athlètes se frotter à la concurrence russe. L’instance termine son communiqué en demandant « instamment à toutes les parties prenantes du mouvement olympique et à tous les gouvernements de rejeter toute participation et tout soutien à toute initiative visant à politiser totalement le sport international. »