Les chiffres en imposent. Ils donnent même le tournis. Les Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024, les premiers depuis la crise sanitaire, s’annoncent comme les plus couverts de l’histoire par les médias internationaux. Le COJO annonce 26.000 journalistes accrédités, dont 6.000 pour la presse écrite.
A ce contingent, il faut ajouter les reporters, photographes et techniciens n’ayant pu obtenir une accréditation, mais désireux de traiter l’événement sous un angle moins sportif. La Ville de Paris installera à leur intention, au Carreau du Temple, un centre des médias non accrédités. Il pourrait en recevoir jusqu’à 7.000, selon les estimations.
Pour les villes hôtes des Jeux, l’événement olympique et paralympique s’apparente tout à la fois à un Everest et un mat de cocagne. Un sommet à l’altitude vertigineuse. Mais comment et par où l’aborder ? Une opportunité unique de faire parler de son territoire et de ses atouts. Mais avec quels arguments et quelle stratégie ? Pas simple.
A quatre mois de l’ouverture des Jeux olympiques, l’association Territoires d’Evénements Sportifs (TES) a ouvert le dossier. Elle a réuni pour une journée d’échanges des représentants des villes hôtes (Paris, Saint-Denis, Versailles, Lille, Marseille…) et des médias (France Télévisions, Radio France, Le Parisien, RTL, Le Monde). Au total, une soixantaine de personnes.
Objectif du séminaire : expliquer aux premiers comment travailleront les seconds avant et pendant l’événement olympique et paralympique. Et permettre ainsi aux villes les plus directement concernées par les Jeux de mieux appréhender un contexte médiatique qu’elles n’ont encore jamais connu, et ne connaîtront certainement plus de sitôt.
Première leçon : les Jeux olympiques ont dépassé depuis longtemps, par leur dimension, leur impact et leur rayonnement, le cadre d’un événement purement sportif. Mais, une fois la flamme allumée, le sport domine, et même écrase, le reste du décor. Les villes hôtes en ont pris conscience à l’écoute des présentations et témoignages des médias invités par TES : les dernières semaines avant la cérémonie d’ouverture s’imposent comme la meilleure fenêtre médiatique. Après, il est souvent trop tard. Le passage de la flamme, notamment, offre une belle opportunité.
Comment en profiter ? Par une stratégie préparée à l’avance. Une offre de sujets mettant en avant les initiatives du territoire liées aux Jeux, à la pratique sportive et aux valeurs olympiques. En un mot, anticiper les attentes des médias. Le grand témoin de la journée, Laurent Eric Lelay, directeur des sports de France Télévisions, a ainsi exposé le dispositif du diffuseur national pour l’ensemble des chaines du groupe.
Une règle d’or : connaître sa cible. Laurie Delhostal, venue parler de l’opération Paris 2024 pour Radio France, l’a expliqué : le groupe public s’appuiera largement sur le réseau France Bleu et ses 44 stations régionales, avant et pendant les Jeux, pour sa couverture de l’événement. Même chose pour France Télévisions. Pour les villes hôtes, anticiper sur son propre territoire peut donc se révéler une stratégie payante.
Autre ligne de conduite : identifier ses propres ressources. Dans les semaines à venir, TES compilera dans un répertoire destiné aux médias, français et internationaux, les contacts olympiques et paralympiques dans chacune des villes hôtes. Le document permettra notamment aux journalistes étrangers de connaître les interlocuteurs capables de répondre à leurs questions dans une autre langue que le français.
Seconde leçon du séminaire : les médias français offriront aux villes hôtes, par leur nombre et leur approche de l’événement, les meilleures opportunités de retombées. Rose Blondel, la représentante du CNOSF, l’a expliqué : le CIO a alloué 400 accréditations à la France pour la presse écrite et les photographes. Un nombre record, mais malgré tout insuffisant : le comité national olympique a reçu 1.800 demandes émanant de 250 médias nationaux.
A la différence de l’immense majorité de leurs confrères étrangers, les journalistes français ne se concentreront pas seulement sur le sport une fois bouclé le défilé des délégations sur la Seine, vendredi 26 juillet. Le Parisien, notamment, dont l’équipe comptera plus de 30 accrédités, prévoit une couverture également locale, même pendant les compétitions. Même approche pour RTL. La radio ambitionne d’appliquer l’un des mots d’ordre du COJO Paris 2024 depuis la phase de candidature : parler à la France entière, pas seulement à Paris et sa région. En clair, couvrir les Jeux de la France.