A deux petites semaines de célébrer en grande pompe la date toujours très médiatique de 100 jours avant l’ouverture des Jeux olympiques, les coups continuent de s’échanger sans marquer de pause entre la Russie et le CIO. Le feuilleton prend même une tournure digne d’une mauvaise série B.
La Russie a accusé très directement le CIO et son président, Thomas Bach, de participer à une « conspiration » avec l’Ukraine pour exclure les meilleurs athlètes russes des Jeux de Paris 2024. Une conspiration, rien de moins.
La dernière attaque de Moscou a emprunté une route diplomatique. La porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, a repris à son compte les enregistrements audio de deux Russes présentés comme des « farceurs », cachés sous les noms d’emprunt de Vovan (en réalité, Vladimir Kuznetsov) et Lexus (Alexey Stolyarov).
Maria Zakharova explique sur son compte Telegram que Thomas Bach aurait indiqué aux deux « farceurs » que le CIO suivait de près les déclarations politiques des athlètes russes, notamment avec l’aide de représentants ukrainiens. Il aurait confié que l’instance olympique a « également proposé à la partie ukrainienne – non seulement proposé, mais demandé – de nous faire part de leurs connaissances sur le comportement de ces athlètes ou officiels. »
Le document a tout d’un faux. Le CIO avait d’ailleurs pris les devants, dès le 21 mars, assurant dans un communiqué être la cible d’une « campagne de désinformation et de diffamation » orchestrée par la Russie. L’instance citait alors une autre tentative, un appel téléphonique d’une personne prétendant être le président de la Commission de l’Union africaine. Il souhaitait obtenir du CIO des arguments contre la politisation du sport par le gouvernement russe.
Il n’empêche, Maria Zakharova martèle que Thomas Bach est « entré dans une conspiration politico-administrative, et apparemment criminelle, avec une partie spécifique », comprenez l’Ukraine. Avec la volonté manifeste « d’exclure des compétitions internationales des sportifs de haut niveau. »
La porte-parole de la diplomatie russe ajoute : « Les relations du président du CIO, M. Bach, avec le Comité national olympique d’Ukraine et ses responsables, ainsi que les aveux d’une « demande de surveillance des athlètes russes », devraient faire l’objet d’une enquête approfondie. »
Plus tard dans la journée, mardi 2 avril, l’agence TASS a enfoncé le clou en rapportant dans une dépêche les explications d’une porte-parole du Bureau des droits de l’homme de l’ONU, Marta Hurtado.
Invitée à commenter les propos présumés de Thomas Bach, elle explique : « En ce qui concerne les conditions d’éligibilité du CIO pour les athlètes neutres individuels à Paris 2024, publiées le 19 mars 2024, le Bureau des droits de l’homme des Nations unies encourage le CIO à s’assurer que les critères utilisés pour évaluer l’éligibilité respectent le droit international des droits de l’homme, y compris la liberté d’expression, et que les évaluations sont faites au cas par cas, y compris en ce qui concerne un éventuel soutien à la guerre. »
En début d’année, le CIO a annoncé par la voix de son porte-parole, Mark Adams, que la sélection des athlètes neutres portant un passeport russe ou biélorusse ne serait pas seulement laissée à la discrétion des fédérations internationales. L’instance olympique en confiera également la responsabilité à un comité d’évaluation. Un deuxième filtre, destiné à ne laisser passer aucun indésirable.