A 112 jours de l’ouverture des Jeux de Paris 2024, la délégation d’athlètes neutres portant un passeport russe vient de perdre un potentiel représentant. Il n’est pas le plus anodin. Sa présence dans la capitale française, l’été prochain, aurait été très visible.
La Fédération russe de lutte a annoncé que le double champion olympique de lutte libre (86 kg aux Jeux de Rio 2016, 97 kg à Tokyo 2020), Abdulrashid Sadulaev (photo ci-dessus), ne pourrait pas décrocher sa sélection pour les Jeux de Paris 2024. Il a été recalé par le panel d’experts de l’instance internationale de la discipline (UWW) d’une participation au tournoi de qualification olympique, prévu à Bakou du 5 au 7 avril. Une compétition dont les finalistes décrocheront une place pour les prochains Jeux d’été.
En cause, son appartenance à un club de l’armée, le Dynamo, et son soutien présumé au conflit en Ukraine. Selon les critères de l’UWW, Abdulrashid Sadulaev n’est pas éligible au statut d’athlète neutre.
La Fédération russe de lutte l’a expliqué par la voix de son président, mettant directement en cause le CIO dans une décision prise au niveau de la fédération internationale : « Après un énième pseudo-contrôle, le Comité international olympique a publié de nouvelles listes d’athlètes qui ne sont pas autorisés à participer à des tournois internationaux. Malheureusement, le capitaine de notre équipe et double champion olympique Abdulrashid Sadulaev en fait partie. Même s’il se rendait à Bakou, il ne serait pas autorisé à concourir. L’United World Wrestling a pris contact avec nous et nous a donné la possibilité de procéder à un remplacement. Alikhan Zhabrailov participera à la compétition de Bakou. »
A moins de quatre mois des Jeux de Paris 2024, où la participation russe reste très floue, Abdulrashid Sadulaev est le premier grand nom à voir les portes de l’événement olympique se fermer devant lui. Double médaillé d’or olympique, quintuple champion du monde (2014, 2015, 2018, 2019, 2021) et quatre fois champion d’Europe (2014, 2018, 2019, 2020), le lutteur originaire du Daghestan était le porte-drapeau de la délégation du ROC à la cérémonie de clôture des Jeux de Tokyo 2020. En février dernier, il s’était déjà vu refuser l’entrée en Roumanie, où il devait participer aux championnats d’Europe.
Abdulrashid Sadulaev rayé de la liste avant même l’heure de la sélection, la Russie perd un poids lourds. Il ne sera pas le dernier à tirer un trait définitif sur ses ambitions de rejoindre la délégation des AIN, les Athlètes individuels neutres.
La semaine passée, la Fédération russe de tir à l’arc a annoncé que ses meilleurs archers ne participeraient pas aux tournois de qualification olympique. Elle a justifié leur refus de tenter leur chance par les conditions imposées par l’instance internationale – absence d’hymne et de drapeau -, par leur appartenance à des clubs de l’armée, mais aussi par le coût de la procédure d’éligibilité, d’un montant de 2.000 francs suisses par athlète.
A en croire les récentes déclarations du président de la Fédération russe d’aviron, Sergei Svirin, un scénario très similaire se prépare pour les rameurs. Le dirigeant a expliqué à l’agence TASS que les candidats à une qualification olympique avaient déjà été l’objet d’une enquête l’an passé, pour participer aux championnats du monde. Mais ils devront répéter l’opération cette année pour espérer être éligibles aux épreuves de qualification olympique, puis éventuellement aux Jeux de Paris 2024.
« Pour l’étude des données de six athlètes et de deux techniciens, nous avons dû payer à la fédération internationale (World Rowing) entre 20 et 22.000 francs suisses », a précisé Sergei Svirin.