Rien n’est encore écrit sur le papier, mais le doute est levé : les Jeux d’hiver dérouleront leur décor de neige et de glace en 2030 dans les Alpes françaises, puis quatre ans plus tard à Salt Lake City, dans l’Utah. La session du CIO le ratifiera par un vote formel le 24 juillet à Paris, en marge des Jeux d’été.
En attendant, la commission de futur hôte de l’instance olympique visite les sites des deux seuls candidats retenus pour la phase de dialogue privilégiée. Elle a posé ses malles la semaine passée dans l’Utah, pour quatre jours d’une inspection des lieux ponctuée de présentations à huis clos et de rencontres avec les médias. Elle se transportera la semaine prochaine (22 au 26 avril) dans les Alpes françaises, entre Nice et les stations savoyardes.
Aux Etats-Unis, la délégation du CIO conduite par l’Autrichien Karl Stoss en a pris plein les yeux, selon les commentaires de son président. Au point de reconnaître, à l’heure du baisser de rideau, que les Américains avaient sous-estimé la qualité de leurs sites de compétition dans leur dossier de candidature.
Seront-ils aussi élogieux en fin de semaine prochaine dans les Alpes françaises ? Probable. Mais avant de se retrouver lundi 22 avril à La Clusaz et au Grand-Bornand, stations de départ de leur visite d’inspection, ls experts venus de Lausanne ont pointé deux zones d’ombre du projet français.
La première est un classique. Elle concerne les garanties. L’équipe française était censée les apporter à la fin du mois de mars. Elle ne l’a pas fait. Précision : Salt Lake City non plus.
Gênant ? Pas vraiment, a nuancé Christophe Dubi, le directeur des Jeux olympiques au CIO, lors d’une conférence de presse en ligne lundi 15 avril. « Nous avons les grandes lignes des garanties, a-t-il expliqué. Nous savons qu’elle seront fournies, il n’y a aucun doute là-dessus. Nous avons reçu des engagements aux différents niveaux les plus élevés – il n’y a aucun problème. Il se peut que cela prenne quelques jours de plus que prévu. »
Christophe Dubi s’est voulu rassurant. Les garanties des autorités nationales, régionales et locales, sur l’utilisation des sites, la sécurité, les droits d’hébergement et de commercialisation, seront apportées dans les semaines à venir. « La France peut s’appuyer sur un dispositif politique et administratif développé pour les Jeux de Paris 2024, qui pourra être transféré à la candidature des Alpes françaises et aux Jeux d’hiver de 2030″, a-t-il assuré.
Autre point d’interrogation, plus visible sur la carte des sites : l’anneau de glace du patinage de vitesse. La France n’en possède pas. Et, la question ne se pose même plus, elle n’en construira pas. Les compétitions olympiques se dérouleront sur une installation temporaire, ou sur une piste déjà existante à l’étranger.
En novembre dernier, lors de la désignation des Alpes françaises comme seul projet retenu par le CIO pour la phase de dialogue privilégié, Karl Stoss avait affirmé que les Français devraient avoir tranché la question avant la session du mois de juillet à Paris. Aujourd’hui, cet impératif ne semble plus d’actualité.
Christophe Dubi l’a expliqué lundi 15 avril : « Il n’y a pas d’urgence sur ce sujet. Il faudra faire le choix quand il s’imposera de lui-même ».
Deux options sont sur la table : une structure temporaire – à Nice où auront lieu les épreuves de glace -, ou une délocalisation de la discipline sur une piste à l’étranger. La liste des anneaux potentiels affiche des « pays limitrophes », comme Italie et l’Allemagne, et surtout les Pays-Bas, la nation majeure du patinage de vitesse. « Il ne faut jamais oublier les Pays-Bas lorsqu’il est question de patinage de vitesse », a suggéré Christophe Dubi. A Heerenveen, le pays possède avec le Thialf Oval un équipement aux standards internationaux, d’une capacité de 12.500 spectateurs.
Avec une telle option, les Jeux d’hiver 2030 deviendraient les premiers de l’histoire disputés dans deux pays différents. Milan-Cortina 2026 aurait pu devancer les Alpes françaises, mais le gouvernement de Giorgia Meloni a finalement décidé de garder tous ses oeufs dans ses frontières.
La visite de la commission de futur hôte du CIO empruntera un parcours du nord au sud, avec un premier jour à La Clusaz (ski de fond) et au Grand-Bornand (biathlon), avant de poursuivre son inspection des sites par La Plagne (bobsleigh), Courchevel (ski alpin, saut et combiné) et Méribel (ski alpin). La délégation venue de Lausanne visitera ensuite Serre-Chevalier (ski freestyle et snowboard), Montgenèvre (ski freestyle et snowboard), et Briançon (village olympique), avant de boucler son séjour à Nice, où sont prévues les épreuves de patinage artistique, curling, short-track et hockey.