Six mois ont passé depuis la dernière session du CIO, organisée à Mumbai, en Inde. Une réunion des membres de l’instance olympique où a été proposé, et voté, le choix des sports additionnels aux Jeux de Los Angeles 2028. Parmi eux, le squash, invité surprise d’un casting composé par ailleurs du cricket, du flag football, du lacrosse et du baseball/softball.
Six mois, autant dire trois fois rien pour un sport et pour sa fédération internationale. Mais pour World Squash, ces deux semestres ont déjà changé beaucoup de choses. La Britannique Zeina Wooldridge, la présidente de l’instance, présente début avril à SportAccord à Birmingham, l’a expliqué à FrancsJeux.
FrancsJeux : Ressentez-vous déjà un effet Los Angeles 2028 sur le squash et la fédération internationale ?
Zena Wooldridge : Nous constatons déjà beaucoup de changements. Le premier est l’enthousiasme de toute la communauté du squash, les joueurs en particulier. Un enthousiasme d’autant plus fort que nous n’étions pas vraiment attendus parmi les sports additionnels. Devenir un olympien va constituer pour eux une motivation supplémentaire. Et leur impatience à découvrir les Jeux va augmenter au cours des quatre années à venir. Le changement se ressent également dans les compétitions, avec un intérêt accru de la part des pays et des salles de squash à organiser des tournois. La participation est également à la hausse. Aux championnats du monde juniors, par exemple, nous avons enregistré la présence de joueurs de quatre pays qui n’avaient encore jamais été représentés dans cette compétition. Enfin, nous avons rencontré en début d’année les gens de la marque Dunlop, qui représente à peu près 90 % du marché mondial des balles de squash. Ils nous ont appris que leurs ventes étaient actuellement plus élevées qu’avant le début de la crise sanitaire.
Comment se présente le tournoi olympique ?
A ce stade, il est seulement acquis qu’il comptera 32 joueurs et 32 joueuses, engagés en simple. Le reste est en discussion. Nous attendons de connaître le calendrier des sports, car il pourrait déterminer le site dont nous disposerons à Los Angeles. Avec notre court en verre, nous pouvons installer le squash dans un grand nombre de lieux, y compris les plus iconiques. Etre un sport olympique va accélérer la recherche et le développement des courts et la technologie utilisée pour les caméras, les balles, les terrains et les murs interactifs.
Comment allez-vous préparer l’entrée du squash dans le programme olympique d’ici les Jeux de LA 2028 ?
Nous avions déjà une stratégie en place pour les quatre années à venir. L’entrée dans le programme des Jeux ne va pas la bouleverser, mais elle va certainement l’accélérer. L’un des fondements de cette stratégie est de travailler en partenariat avec les autres acteurs du squash. En premier lieu, l’Association des joueurs professionnels (PSA) et la fédération américaine (US Squash). Cette entente à trois était déjà très forte pendant notre campagne de candidature pour Los Angeles 2028. Elle va encore se renforcer. Il est également très important pour nous de pouvoir générer de nouvelles sources de revenus, car nous aurons plus à faire, donc plus de dépenses, mais sans bénéficier des recettes liées au statut de sport olympique. Nous avons besoin de nouvelles ressources, non pas tellement pour les joueurs professionnels, mais pour la base, les clubs, pour avoir plus d’entraîneurs et plus d’arbitres. A mon sens, les premiers bénéficiaires de notre entrée dans le programme vont être nos fédérations nationales. Pouvoir dire que le squash est olympique va faciliter leurs relations avec les comités nationaux olympiques et les agences de financement du mouvement sportif.
Quelle est la clé pour rester aux Jeux, comme le surf et l’escalade, et non pas faire une apparition ponctuelle, comme le karaté et le breaking ?
Nous travaillons sur une stratégie à long terme, pour rester au programme après LA 2028. L’alliance que nous avons mise en en place avec la PSA et US Squash, nous allons la renouveler avec Squash Australia. La première chose, pour nous, est de comprendre la stratégie de Brisbane 2032. Nous parlons déjà avec eux. Et nous avons dans notre camp des gens qui les connaissent très bien. A nous, maintenant, de construire une proposition qui soit unique, attractive et pertinente en termes de coûts. Nous l’avons fait pour LA 2028, nous serons encore mieux armés pour Brisbane 2032. Mais le choix des sports additionnels ne se fera pas, je crois, avant l’année 2027. Avant les Jeux de Los Angeles, donc.
Avez-vous d’autres événements multisports en tête ?
Les Jeux européens en 2027. Nous en discutons avec le nouveau président de Squash Europe, Thomas Troedsson. Nous parlons aussi avec la fédération turque, dont l’équipe a récemment changé. Nous avons déjà essayé d’entrer aux Jeux européens, mais sans succès. Etre sport additionnel aux Jeux de Los Angeles 2028 nous donne un nouvel argument : intégrer les Jeux européens dans le processus de qualification olympique. Nous visons également les Jeux africains en 2027. Ils seront organisés au Caire, en Egypte, l’un des pays majeurs du squash. Je serais très surprise que nous ne soyons pas retenus.