— Publié le 3 mai 2024

A Paris 2024, les réfugiés viseront une médaille

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L’annonce était attendue. Elle est devenue rituelle et transporte toujours son lot d’émotions. A 85 jours de l’ouverture des Jeux olympiques de Paris 2024, le CIO a présenté jeudi 2 mai son équipe des réfugiés. Sans surprise, elle est la plus importante de l’histoire.

Dévoilée par Thomas Bach lui-même depuis la Maison olympique à Lausanne, la sélection compte 36 noms. Ils sont originaires de 11 pays différents, mais accueillis par 15 comités nationaux olympiques un peu partout sur la planète. Ils seront en lice dans 12 sports.

Aux Jeux de Rio 2016, où le CIO a invité pour la première fois une équipe des réfugiés, la délégation comptait seulement dix athlètes. Un premier essai, timide mais remarqué. Un message envoyé à la planète entière. Cinq ans plus tard, la pandémie de COVID-19 n’a pas étouffé les ambitions de l’instance olympique. A Tokyo 2020, son équipe était composée de 29 athlètes, engagés dans 12 sports. Ils seront donc 36 dans moins de 100 jours aux Jeux de Paris 2024.

« Avec votre participation aux Jeux olympiques, vous démontrerez le potentiel humain de résilience et d’excellence, a suggéré Thomas Bach en annonçant la composition de l’équipe. Cela enverra un message d’espoir aux plus de 100 millions de personnes déplacées dans le monde. »

Pour la première fois, le CIO a doté son équipe olympique des réfugiés d’une identité visuelle (photo ci-dessous). Un emblème, présenté comme le « symbole unificateur » d’une délégation à la composition forcément très hétéroclite. Au centre, un cœur, comme celui du logo de la Fondation olympique des réfugiés.

Commentaire de la cheffe de mission de l’équipe aux Jeux de Paris 2024, Masomah Ali Zada, une cycliste afghane installée en France, membre de la délégation des réfugiés aux Jeux de Tokyo 2020 : « Bien que tous différents, nous avons tous fait un voyage pour arriver là où nous sommes. Les athlètes ne représentent pas un pays en particulier ; ils représentent l’équipe olympique des réfugiés. Le fait d’avoir notre propre emblème crée un sentiment d’appartenance et nous permet de défendre cette population de plus de 100 millions de personnes qui partagent la même expérience. »

Autre nouveauté : l’ambition. Pour ses deux premières participations, Rio 2016 et Tokyo 2020, l’équipe des réfugiés s’était contentée de participer, sans autre espoir que celui de se mêler à la fête. A Paris, elle visera une médaille. Yiech Pur Biel, le coureur de demi-fond originaire du Soudan du Sud retenu dans la première délégation, devenu depuis membre du CIO, l’a expliqué : « Au début, nous étions là pour envoyer un message. Cette fois, nous viserons une médaille. Nous allons changer de niveau. »

Impossible ? Pas sûr. Première boxeuse réfugiée à décrocher sa qualification pour les Jeux olympiques, Cindy Ngamba est pointée du doigt comme la meilleure chance de rafler la mise. La seule, sans doute. Originaire du Kenya, installée en Grande-Bretagne depuis l’âge de 11 ans, elle a collectionné trois titres de championne britannique. Le podium semble à sa portée.

A la différence des Jeux de Tokyo 2020, où les sélectionnés avaient été rassemblés à Doha, avant de rejoindre le Japon au dernier moment, la nouvelle équipe des réfugiés pourra se préparer en France. Elle sera accueillie à Bayeux, en Normandie, pendant les trois derniers jours (15 au 18 juillet) avant l’ouverture du village des athlètes.

Mauvais hasard du calendrier : l’annonce de la composition de la délégation pour Paris 2024 a suivi de trois jours la révélation par l’Unité d’intégrité de l’athlétisme de la suspension pour dopage de l’athlète Anjelina Nadai Lohalith, engagée sur 1500 m dans l’équipe des réfugiés aux Jeux de Rio 2016 et Tokyo 2020. Originaire du Soudan du Sud, exilée au Kenya, elle a été contrôlée positive à la trimétazidine, le produit au coeur de la récente affaire des nageurs chinois.

« Nous sommes évidemment déçus, a expliqué James McLeod, le directeur des relations avec les comités nationaux olympiques au CIO. Mais les athlètes réfugiés doivent suivre les mêmes règles que tous les autres. Ils sont responsables de leurs actions. Elle perdra sa bourse olympique, comme nous le prévoyons pour un athlète sanctionné pour atteinte aux règles antidopage. »