Cette fois, l’affaire est close. Et le dernier chapitre d’une longue saga désormais terminé. Sheikh Ahmad al-Fahad al-Sabah, longtemps présenté comme l’un des hommes les plus influents du mouvement olympique, sinon le plus puissant, a été rayé du paysage. Il est exclu du CIO pour une période de 15 ans. Autant dire pour l’éternité.
L’agence Reuters révèle sur la foi d’une lettre signée par Christophe De Kepper, son directeur général, que l’instance olympique a signifié à tous ses membres la décision de la commission exécutive de sanctionner le dirigeant koweïtien pour des manquements aux règles d’éthique.
« La commission exécutive du CIO a décidé de confirmer la gravité des violations des principes d’éthique commises par le cheikh Ahmad al-Sabah, y compris la trahison de son serment de membre du CIO, ainsi que la gravité de l’atteinte à la réputation du CIO, qui a mis en péril ses intérêts », écrit Christophe De Kepper dans son courrier daté du 3 mai.
La lettre poursuit : « En conséquence, il a été décidé de sanctionner le cheikh Ahmad al-Sabah en suspendant tous ses droits, prérogatives et fonctions découlant de son statut de membre du CIO pour une période de quinze ans à compter de la date de la précédente décision de sanction prise par la commission exécutive du CIO le 27 juillet 2023. »
Le calcul est simple : suspendu pour 15 ans à compter du 27 juillet dernier, l’ancien président de l’Association des comités nationaux olympiques (ACNO) et de la Solidarité olympique, entre autres casquettes, est mis à la porte du CIO jusqu’en juillet 2038. Il sera alors à quelques semaines de fêter son 75ème anniversaire.
Christophe De Kepper le précise : la décision de suspendre Sheikh Ahmad, et donc de le priver à tout jamais de son statut de membre actif du CIO, a bien été prise par la commission exécutive. Mais elle résulte d’une recommandation de la commission d’éthique de l’instance, présidée par le Sud-Coréen Ban Ki-moon, ancien secrétaire général des Nations unies.
« La commission d’éthique du CIO considère que le comportement spécifique du cheikh Ahmad Al-Sabah, qui a orchestré une fausse procédure d’arbitrage exclusivement à son profit, constitue un comportement extrêmement contraire à l’éthique de la part d’un membre du CIO », insiste le courrier. La commission d’éthique note également que le dirigeant koweïtien a violé son serment de membre en contestant la décision de la commission exécutive, prise l’an passé, de l’exclure pour une période de trois ans.
Soutien et allié de Thomas Bach à l’époque de son élection à la présidence du CIO, lors de la session de Buenos Aires en septembre 2013, Sheikh Ahmad avait été contraint de prendre du recul avec ses multiples fonctions dans le mouvement olympique avant l’ouverture de son procès à Genève, pour des soupçons de faux et usage de faux dans une procédure d’arbitrage au Koweït. En 2021, il avait été reconnu coupable par la justice suisse, une décision confirmée par la Cour d’appel de Genève.
Ses jours dans le mouvement olympique semblaient alors comptés. Mais, surprise, il avait effectué un retour très inattendu, et assez peu apprécié à Lausanne, lors de l’assemblée générale élective du Conseil olympique d’Asie (OCA), le 8 juillet dernier à Bangkok.
En dépit des règles, Sheikh Ahmad s’était rendu dans la capitale thaïlandaise pour soutenir son jeune frère, Sheikh Talal, candidat à la présidence de l’OCA face au président de World Aquatics, Husain Al-Musallam. Le cadet des deux al-Fahad al-Sabah l’avait emporté. Mais sa victoire a été de courte durée, la commission exécutive du CIO décidant ne pas reconnaitre son élection à la tête de l’OCA.
Depuis, Lausanne avait inscrit le nom de Sheikh Ahmad al-Fahad al-Sabah en tête de liste des dirigeants à éloigner le plus loin possible du CIO et de ses organisations satellites. C’est désormais chose faite.