Tout le monde l’a compris, même les moins connaisseurs : les Jeux olympiques, ça coûte. Le budget du COJO Paris 2024, établi à 4,38 milliards d’euros dans sa dernière version, ne le dément pas. Il a gonflé, gonflé, depuis l’attribution de l’événement à la capitale française par le CIO en septembre 2017. Mais sans jamais exploser. En soi, une forme de performance en ayant traversé une crise sanitaire et une vertigineuse poussée d’inflation.
Ca coûte, donc. Mais, réalité moins communément admise, surtout par les peu connaisseurs, les Jeux olympiques, ça rapporte aussi. Avant, pendant, et même après.
Le COJO et le CIO ont associé leurs forces et leurs ressources pour en apporter une illustration chiffrée, à moins de 80 jours de l’ouverture. Ils ont commandé au Centre de droit et d’économie du sport (CDES) de Limoges une étude sur l’impact économique des Jeux de Paris 2024. Comprenez, « l’injection nette », c’est à dire l’activité économique créée par l’événement olympique et paralympique, qui n’aurait pas existée sans les Jeux de Paris 2024.
Elle a été dévoilée mardi 14 mai en conférence de presse, au lendemain de sa présentation aux médias. Précision : l’étude concerne seulement la région Ile-de-France. Mais elle court sur une période de 17 ans, entre les premiers tours de roue du COJO, début 2018, et l’année 2034, fin annoncée de la période dite d’héritage des Jeux.
En s’appuyant sur des données déjà existantes – dépenses du COJO, attribution des marchés par le COJO et la SOLIDEO, constructions… -, et en anticipant les autres – dépenses touristiques pendant et après les Jeux – l’étude menée par le CDES accouche d’un chiffre presque rond : 8,990 milliards d’euros. L’impact économique des Jeux de Paris 2024 en Ile-de-France, entre 2018 et 2034.
Première étude du genre certifiée par le CIO, et destinée à servir de modèle en termes de méthodologie pour les Jeux à venir, elle propose par ailleurs un scénario pessimiste, l’estimation basse, et une vision plus optimiste, la fourchette haute. Elles s’établissent respectivement à 6,70 et 11,14 milliards d’euros.
Dans le détail, il s’avère que la partie la plus épaisse du gâteau (84 %) concerne les deux premiers étages de la fusée Paris 2024, à savoir la phase de préparation (2018-2023), et celle du déroulement des Jeux olympiques et paralympiques (2024). L’héritage, ces dix années pendant lesquelles résonnera encore l’écho de l’événement dans la région Ile-de-France, pèse d’un poids nettement moins important, seulement 16 % de l’impact économique.
Autre réalité démontrée par l’étude : les dépenses d’organisation (42 %) et de construction (28 %) représentent plus des deux tiers de l’impact économique des Jeux. Elles sont, pour l’essentiel, déjà sorties des caisses du COJO et de la SOLIDEO. Les recettes touristiques (30 %) restent à venir, au moins pour la plus grande part. Elles sont donc encore incertaines.
Autres chiffres à retenir, très instructifs quant à la réalité des retombées économiques des Jeux en Ile-de-France :
– 89 % des recettes du COJO proviennent de l’extérieur de l’Ile-de-France, mais 75 % de ses dépenses sont réalisées dans la région.
– 80 % du finalement des infrastructures liées aux Jeux provient de l’extérieur de l’Ile-de-France, mais 76 % des dépenses sont réalisées dans la région.
– Les recettes issues du tourisme, encore seulement prévisionnelles, sont estimées à 1,9 milliard d’euros. Elles seront en partie apportées par une clientèle non française, les spectateurs étrangers devant représenter 36 % du public des Jeux olympiques (et 17 % de celui des Jeux paralympiques).
Neuf milliards d’euros, donc, d’impact économique pour l’Ile-de-France selon le scénario moyen. Un bon chiffre ? Un record pour des Jeux olympiques ? Difficile de répondre. Christophe Lepetit, le responsable des études et des partenariats au CDES de Limoges, l’explique : « Il n’est malheureusement pas possible de comparer le résultat de cette étude avec des éditions passées des Jeux olympiques, ou avec un autre grand événement sportif organisé en France, car il n’existait pas jusque-là de méthodologie type pour calculer l’impact économique. »
Une nouvelle étude, commandée par l’Etat français, se penchera à partir de l’an prochain sur l’impact plus large des Jeux de Paris 2024, en Ile-de-France mais également sur l’ensemble du pays. Elle calculera les recettes, mais aussi les retombées de l’événement sur la pratique sportive.