Un J – 100 chasse l’autre pour Paris 2024. Pour les Jeux olympiques, il appartient déjà au passé, puisque célébré le 17 avril avec la mise en vente d’un lot de 250.000 billets. Pour les Jeux paralympiques, la date tombe lundi 20 mai. Le COJO a choisi de marquer le coup. Normal. Mais avec un tout autre message : un appel au public.
La raison se devine : la billetterie patine. Après un début encourageant, les ventes de billets stagnent depuis plusieurs mois. Les organisateurs parisiens rechignent à communiquer des chiffres très précis, notamment sur la cérémonie d’ouverture, prévue sur la place de la Concorde, au bas des Champs-Elysées. Mais ils reconnaissent avoir seulement dépassé les 900.000 places vendues, soit un peu plus du tiers du contingent disponible pour le grand public.
Sur ce total, environ 600.000 billets ont été acquis par l’Etat au titre de la billetterie populaire (298.000) et par les collectivités, le CIO et le mouvement paralympique (300.000). Faites le calcul : seulement 300.000 places ont été achetées par des particuliers.
A 100 jours de l’échéance, le résultat n’est pas honteux. Mais, problème, la courbe des ventes peine à grimper. En décembre dernier, le COJO avait annoncé avoir écoulé 800.000 billets. Cinq mois plus tard, le décompte a peu bougé.
Inquiétant ? Sûrement pas, assurent les organisateurs sans laisser le doute se glisser dans leur discours. Pour s’en convaincre, ils rappellent sans lassitude l’éternel exemple des Jeux de Londres 2012, où la billetterie avait longtemps été poussive, avant de décoller au cours des deux dernières semaines, boostée par l’effet Jeux olympiques.
Il n’empêche, l’heure est à la mobilisation. Pour preuve la campagne de communication lancée lundi 20 mai, à J – 100 de l’ouverture. Elle met en scène trois athlètes paralympiques français, le sauteur en longueur Arnaud Assoumani, la joueuse de tennis fauteuil Pauline Déroulède (photo ci-dessous), le joueur de cécifoot Gaël Rivière. Avec un message commun : « Il ne me manque rien, sauf vous. »
L’intention est claire : appeler le public, français pour l’immense majorité, à se rendre sur la plateforme de vente des places et acheter des billets. Un campagne choc, assure le COJO. Simple mais efficace, insiste-t-il.
Dans le détail, la campagne se décline en trois volets : un manifeste où les trois athlètes expriment, dans une vidéo, leur état d’esprit et leurs attentes de tribunes pleines ; trois visuels déclinés en affiches déployées dans Paris (650), sur les bus (250), et dans le métro (972) ; trois capsules vidéo d’une dizaine de secondes, destinées aux réseaux sociaux, pour appeler les gens à prendre sans tarder leurs places pour les épreuves paralympiques.
Suffisant pour relancer la mécanique ? La suite répondra. Mais le COJO Paris 2024 l’a compris : la réussite populaire des Jeux paralympiques passera par les Français. Le choix des trois athlètes de la campagne de communication l’illustre : la cible est nationale. Michaël Aloïsio, le directeur général délégué, en convient : « L’orientation de cette campagne correspond à une réalité. La billetterie est essentiellement locale. »
La récente étude sur l’impact économique des Jeux, dévoilée la semaine passée, le confirme. Selon ses estimations, les spectateurs étrangers représenteront 17 % du public aux Jeux paralympiques, contre 36 % pour l’événement olympique.
Michaël Aloïsio le laisse entendre : la campagne de communication lancée à J – 100 ne sera peut-être pas la dernière. En cas d’insuccès, ou de réussite toute relative, le COJO ne se privera pas de remettre une ou plusieurs pièces dans la machine. Tony Estanguet, son président, ne s’en cache pas : la billetterie des Jeux paralympiques s’impose aujourd’hui comme le défi majeur du comité d’organisation. A 100 jours de l’ouverture, rien n’est perdu. Mais le temps presse.