Les Jeux olympiques de Paris 2024 seront-ils les plus suivis de l’histoire ? Probable. Mais une chose est sûre : la production des images de l’événement par OBS, la filiale audiovisuelle du CIO, dépassera tout ce qui a été fait lors des éditions précédentes. En quantité, mais également par la diversité des contenus proposés aux diffuseurs.
Nouveautés, moyens déployés, Intelligence artificielle… Yannis Exarchos (photo ci-dessus), le directeur général d’OBS, a présenté à FrancsJeux l’opération Paris 2024. Elle s’annonce unique.
FrancsJeux : Qu’est-ce qui a le plus changé, au cours de la dernière décennie, dans la façon de montrer les Jeux olympiques à la télévision ?
Yannis Exarchos : Deux choses. L’influence des nouvelles technologies, et la façon dont les médias sont consommés dans le monde d’aujourd’hui, particulièrement chez les plus jeunes. Le temps est révolu où les épreuves étaient suivies d’une façon unique, devant un écran de télévision. Ca existe encore, mais cela n’est plus le seul canal. Le numérique a pris une dimension considérable. Pour autant, les Jeux sont un événement beaucoup trop global pour être réduits à une seule dimension digitale. Pour Paris 2024, il est probable que plus de la moitié de l’audience, au niveau mondial, suivra les épreuves devant la télévision, qu’elle soit terrestre ou digitale. Les Jeux olympiques appartiennent à ce cercle très fermé des événements capables de réunir des publics très différents. Pour nous, cela constitue un vrai challenge : comment satisfaire une audience aussi diversifiée.
Justement, comment ?
En multipliant les contenus proposés aux diffuseurs. Au total, les Jeux représentent environ 3.500 heures de compétition. Mais pour Paris 2024, OBS va produire plus de 11.000 heures de programmes. Cette hausse des contenus a pour but de satisfaire les besoins des nouveaux médias : le streaming, les réseaux sociaux… Nous allons aussi élargir nettement notre couverture de l’événement, ne pas nous contenter des compétitions, mais montrer les coulisses, la préparation des athlètes, leur concentration, la façon dont ils sont connectés avec leurs familles, leurs proches.
Que vous demandent aujourd’hui les diffuseurs, qu’ils n’auraient pas eu l’idée de vous demander dix ans en arrière ?
Avoir un accès plus important aux athlètes. Etre plus proches d’eux, saisir leurs émotions.
Cette évolution influence-t-elle les effectifs d’OBS sur les Jeux olympiques ?
Bien sûr. Notre équipe n’est plus seulement composée de cameramen, d’éditeurs et de producteurs. Nous racontons des histoires. A Paris 2024, nous aurons des équipes exclusivement dédiées aux contenus destinés aux réseaux sociaux.
Aux Jeux de Tokyo 2020, l’absence de public vous avait amené à connecter virtuellement les athlètes avec leurs proches, sur le site de compétition, après les épreuves. Referez-vous l’expérience à Paris ?
Monter un tel dispositif pour les Jeux de Tokyo 2020 a été très complexe, surtout en seulement trois mois. Mais les réactions ont été tellement positives, de la part des athlètes mais aussi des diffuseurs, que nous avons décidé de renouveler l’opération cette année à Paris, où les tribunes seront pourtant pleines. Nous allons même l’amplifier. Le dispositif concernera un plus grand nombre de sports. Et nous allons connecter les athlètes non seulement à leurs familles et proches, s’ils n’ont pas pu voyager, mais aussi à leur club, leur village, leur communauté. Les athlètes sont très demandeurs. Et cela va encore ajouter du contenu émotionnel à notre couverture des Jeux olympiques.
Il est actuellement beaucoup question d’Intelligence artificielle dans le mouvement olympique. Allez-vous l’utiliser aux Jeux de Paris 2024 dans votre offre d’images et de contenus aux diffuseurs ?
Oui. L’Intelligence artificielle prendra des formes très différentes. Elle permettra par exemple, en associant les images aux données, d’enrichir la diffusion des épreuves avec des statistiques sur les athlètes. Cette utilisation de l’IA sera évidemment la plus visible à l’écran. Mais, moins visible par le public, nous allons aussi l’utiliser pour la première fois aux Jeux de Paris 2024 pour fournir aux diffuseurs les meilleurs moments de chaque épreuve, quasiment en instantané. Ils pourront les formater selon leurs besoins, en termes de durée, de langue, de pays d’origine… L’offre sera très diversifiée. Les diffuseurs ne disposant pas d’une grande capacité technologique ou en personnel, notamment, pourront ainsi proposer très rapidement les meilleurs moments d’une épreuve ou de la journée sur leurs différentes plateformes. Enfin, l’Intelligence artificielle servira pour alerter les diffuseurs sur ce qui passe, à n’importe quel moment, sur le terrain de compétition. Les Jeux, ce sont 3.500 heures d’épreuves, 10.500 athlètes, avec parfois jusqu’à 27 sessions en même temps. Même les diffuseurs les mieux armés ne peuvent pas tout suivre.