Avec un site de compétition aussi prestigieux que le Grand Palais, à un jet de pierre de la Seine, l’escrime figure en bonne place parmi les sports les mieux lotis du dispositif des Jeux de Paris 2024. Les tribunes seront pleines. Les compétitions s’annoncent grandioses. Avec, toujours bon à prendre, une équipe de France capable de s’illustrer dans toutes les armes du programme.
A moins de 60 jours de l’événement, le président (par intérim) de la Fédération internationale d’escrime (FIE), le Grec Emmanuel Katsiadakis, attend beaucoup des Jeux de Paris 2024. Il l’a expliqué à FrancsJeux, avant de dévoiler sa vision de l’avenir à plus long terme de l’escrime.
FrancsJeux : Les Jeux olympiques de Paris 2024 approchent à grand pas. Qu’en attendez-vous ?
Emmanuel Katsiadakis : Avec les meilleurs escrimeurs du monde tous présents, je m’attends à une compétition intense et à des combats passionnants. Ils mettront en valeur, j’en suis convaincu, les qualités physiques et mentales des athlètes. Paris 2024 s’annonce comme un nouveau chapitre dans la longue histoire de l’escrime. Les Jeux nous offriront une opportunité de présenter les valeurs et la philosophie de notre sport à des milliers de spectateurs. J’en attends aussi une nouvelle expérience pour les escrimeurs et les fans. Et, bien sûr, la poursuite du développement de l’escrime en termes de popularité et d’accessibilité.
Les Jeux olympiques de Paris 2024 seront un succès si…
S’ils laissent un souvenir inoubliable aux athlètes et aux supporteurs. S’ils mettent en lumière l’enthousiasme, la passion et l’unité que représente l’escrime. S’ils présentent l’escrime sous son meilleur jour, devant un public planétaire, pour inspirer les futures générations d’escrimeurs. Enfin, ils seront un succès si les compétitions favorisent l’inclusion et l’esprit sportif.
Au-delà de Paris 2024, quelle direction souhaitez-vous donner à l’escrime ?
J’aimerais voir l’escrime continuer à évoluer et à innover dans différentes directions. En premier lieu, en réussissant à toucher de nouveaux publics et pratiquants, aujourd’hui encore éloignés de notre discipline. Les progrès de la technologie pourront également, très certainement, apporter des améliorations à notre sport, notamment sur les performances et les techniques d’entraînement. Nous avons aussi l’objectif, à la FIE, de développer encore plus l’escrime auprès de toutes les catégories d’âge et toutes origines, et cela à l’échelle mondiale.
Justement, comment rendre l’escrime encore plus universelle ?
En nous efforçant d’accroître l’accessibilité et l’inclusivité de ce sport. Les programmes de développement mis en place par la FIE vont dans ce sens. Les académies d’escrime, notamment, aujourd’hui ouvertes dans plusieurs régions du monde. Nous apportons aussi une aide financière pour l’organisation de compétitions et de camps d’entraînement. La FIE organise également des sessions de formation pour les entraîneurs, les officiels et les athlètes. Ils visent à les accompagner dans leur parcours vers le plus haut niveau, en termes de connaissance, d’expertise et de performances. L’escrime est une grande famille, une famille de plus en plus globale, unie par des liens très forts de coopération et de solidarité.
Le CIO met aujourd’hui de plus en plus l’accent sur les sports électroniques et l’intelligence artificielle comme outils de développement du mouvement olympique. Est-ce vrai pour l’escrime ?
Les sports électroniques et l’intelligence artificielle représentent deux univers assez nouveaux. Mais j’ai le sentiment que tout le monde, dans le monde sportif, explore les atouts et les avancées qu’ils peuvent apporter. Tous les sports vont s’intéresser de près à ces technologies, mais en les intégrant de façon sans doute très diverse. L’escrime est un sport traditionnel. Il s’appuie sur sa propre histoire et ses propres règles. L’intégration des sports électroniques n’y sera donc peut-être pas aussi facile. Mais les progrès de la technologie vont certainement avoir un impact pour améliorer les méthodes d’entraînement, l’analyse des données de performance ou l’engagement de nos fans.
Quelle est la position de la FIE sur le débat actuel au sein du mouvement olympique concernant les primes aux Jeux, après la décision de World Athletics de récompenser les médaillés d’or à Paris 2024 ?
Le concept de primes financières tourne autour des questions d’équité, d’égalité et de leur impact potentiel sur l’esprit des Jeux. Pour beaucoup, les plus critiques quant à la décision de World Athletics, proposer des primes risque de placer l’aspect financier de la performance en première place, devant l’essence même de l’esprit sportif et de la compétition. Il est important, je crois, de pas introduire un élément qui pourrait détourner l’attention des athlètes et du public vers autre chose que l’objectif premier des Jeux olympiques : la performance sportive, la non-discrimination et l’unité entre tous les participants et tous les pays.