Les coups continuent de pleuvoir dans la boxe olympique. Le combat oppose toujours les deux mêmes adversaires. L’IBA d’un côté, dans un coin du ring, le CIO de l’autre, dans le coin opposé.
Le conflit avait quitté depuis plusieurs mois l’actualité du mouvement sportif, mais l’instance internationale de la boxe a remis les gants cette semaine. Elle a annoncé, par le biais d’un communiqué, sa décision de suivre la voie ouverte par World Athletics en distribuant elle aussi des primes aux médaillés des Jeux de Paris 2024.
Sa cagnotte olympique, d’un montant record de 3,1 millions de dollars (World Athletics en distribuera 2,4 millions), sera partagée entre tous les médaillés, pas seulement les champions olympiques. Elle concernera également les boxeurs et boxeuses classés jusqu’à la 5ème place dans chacune des catégories de poids. Enfin, les primes seront versées pour moitié aux athlètes, pour les deux autres quarts à l’entraîneur et la fédération.
A Lausanne, le CIO n’a pas apprécié. Prévisible. L’instance olympique s’est fendue d’un communiqué pour souligner, une nouvelle fois, le manque de transparence de l’IBA sur les questions financières. « Comme toujours avec l’IBA, l’origine de l’argent n’est pas claire », a suggéré le CIO.
Jusque-là, rien de très nouveaux sous le soleil. Les deux instances n’en sont pas à leur première prise de bec. Mais, cette fois, le coup le plus percutant a été donné par le CIO. Son communiqué en réponse à la décision de l’IBA d’attribuer des primes aux Jeux de Paris 2024 va plus loin qu’une simple riposte verbale. Beaucoup plus loin.
« La boxe olympique doit être organisée par une fédération internationale crédible et bien gouvernée, insiste le CIO. Il est donc d’ores et déjà clair que tout boxeur dont la fédération nationale adhère à l’IBA ne pourra pas participer aux Jeux olympiques LA28. Le CNO concerné devra exclure une telle fédération nationale de boxe de ses membres. »
Le message est clair. Il concerne directement les athlètes. Le CIO prévient les fédérations nationales de boxe partout dans le monde qu’en restant fidèles à l’IBA, elles priveront leurs boxeurs et boxeuses de la chance de participer aux Jeux de Los Angeles 2028. Sous réserve, bien sûr, que la boxe soit encore de la fête, un scénario encore très incertain à quatre ans de l’événement.
Pour la communauté de la boxe, l’ultimatum n’est pas simple. Il s’avère même très complexe. En restant dans le giron de l’IBA, les fédérations nationales peuvent compter sur une aide financière dont bénéficient tous les échelons de la pyramide, de la base à l’élite. Une source de revenus difficile, voire impossible, à trouver ailleurs. Mais, sombre perspective, elles devront tirer un trait définitif sur les Jeux olympiques, et seraient même exclues par leur comité national olympique.
A l’inverse, l’horizon olympique ne leur serait plus aussi bouché en ralliant World Boxing, l’instance concurrente de l’IBA, créée en avril 2023. Leurs athlètes pourraient toujours espérer disputer les Jeux de Los Angeles 2028. Mais, problème, il leur faudrait se serrer la ceinture et voir fondre leur budget, World Boxing disposant actuellement de ressources très limitées. La nouvelle fédération internationale compte seulement 27 pays membres et peine à en rallier de nouveaux.
Pour l’IBA, la menace brandie par le CIO a été reçue comme un nouveau coup bas. L’instance présidée par le Russe Umar Kremlev a répondu par un long communiqué, dont le titre donne le ton : « Le CIO fait preuve d’un manque honteux de respect et de normes à l’égard de la boxe en lançant un ultimatum en réponse à l’annonce de primes olympiques pour un montant de 3,1 millions de dollars. »
Le reste du texte est à l’avenant. L’IBA évoque « une parodie et une honte » à propos de l’ultimatum lancé par le CIO aux fédérations nationales. Elle poursuit en rappelant n’avoir « jamais exclu ses athlètes d’un quelconque événement », les avoir toujours soutenus et continuer à le faire à tout prix. « Il semble que le CIO ne reconnaisse pas les mêmes valeurs que celles chères à l’IBA, écrit-elle. Il s’agit d’une démonstration claire de discrimination envers l’ensemble du sport de la boxe et l’IBA en particulier dans sa forme la plus pure. »
Derrière la guerre des mots et des communiqués entre le CIO et l’IBA se profile, pour la boxe olympique et ses athlètes, une période très incertaine. Pris entre deux feux, il leur faudra choisir. Mais sans vraiment très bien savoir comment faire le bon choix.