La question de la présence d’athlètes russes sous statut neutre aux Jeux de Paris reste surmontée, à moins de 50 jours de l’ouverture, d’un immense point d’interrogation. Combien seront-ils ? Dans quels sports et disciplines ? Mystère.
Une chose est presque sûre, en revanche : l’événement olympique et paralympique se déroulera sans bénévoles originaires de Russie. Ils avaient été plusieurs dizaines à postuler, dont certains ayant plusieurs éditions des Jeux à leur actif. Acceptés par le COJO, ils ont finalement été refusés par les autorités françaises.
Rassemblés au sein d’un « groupe de volontaires indépendants », les plus motivés ont entamé des démarches pour tenter d’inverser la décision. L’un d’eux a répondu aux questions de FrancsJeux. Pour des raisons de sécurité, son nom n’est pas mentionné.
FrancsJeux : Que représente votre groupe de volontaires indépendants ?
Nous nous sommes nommés ainsi car nous pensons représenter les valeurs olympiques : excellence, amitié et respect. Nous sommes apolitiques et non religieux, nous croyons en l’importance de respecter et valoriser chaque individu. Nous sommes un groupe de bénévoles rassemblés par un problème commun. Certains d’entre nous ont une grande expérience du bénévolat. A titre personnel, j’ai participé comme volontaire à cinq éditions des Jeux olympiques.
Comment avez-vous postulé pour devenir volontaire pour les Jeux de Paris 2024 ?
Comme tous les autres volontaires, nous avons postulé sur le site officiel du COJO, paris2024.org. A l’époque, le responsable du programme de volontariat du comité d’organisation avait précisé aux médias que les volontaires de nationalité russe et biélorusse pouvaient participer au programme de Paris 2024.
Quelle réponse avez-vous reçue de Paris 2024 ?
Nous avons reçu des lettres indiquant que nous avions passé toutes les étapes de sélection. Je devais travailler au centre principal des médias pour aider les journalistes. J’ai reçu l’invitation à devenir volontaire le 20 octobre 2023, jour de la cérémonie d’ouverture des Jeux panaméricains au Chili, où j’étais également volontaire. Nous avons tous reçu des réponses positives, puis nous avons confirmé notre participation. Au printemps 2024, nous avons ensuite été informés de nos horaires de travail, commencé la formation en ligne. Nous avions alors déjà obtenu des visas et réservé des billets d’avion.
Que s’est-il passé ensuite ?
Le 29 avril, nous avons tous reçu la même lettre indiquant que notre candidature n’avait pas passé le contrôle de sécurité, que le comité d’organisation ne connaissait pas la raison du refus et que notre participation au programme de volontariat de Paris 2024 était annulée. Nos profils ont été bloqués. Depuis, nous n’avons reçu aucune nouvelle de Paris 2024.
Quelles démarches avez-vous entreprises auprès du COJO et des autorités françaises après le rejet de vos candidatures ?
Nous étions évidemment très déçus et contrariés. Avec l’impression d’être traités comme des moins que rien. On nous parle des valeurs de l’olympisme, de l’amitié et du respect, mais tout cela s’est avéré être des mots vides de sens. Nous étions très découragés. Dans notre groupe, une volontaire est née en 1946. Elle est âgée de 78 ans mais elle a commencé à apprendre le français. Elle avait été volontaire lors de nombreux événements sportifs internationaux. Elle aussi a été refusée. Elle m’a dit : « Je voulais vraiment aller aux Jeux, ce sont peut-être les derniers de ma vie ». J’en ai pleuré, mais je lui ai dit que je me battrai et que je défendrai nos droits. Nous avons alors décidé de faire causse commune, et avons écrit au président de la République française, Emmanuel Macron, au ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, et au président du comité d’organisation de Paris 2024. Envoyées au début du mois de mai, nos lettres sont longtemps restées sans réponse. Le 28 mai, nous avons reçu une réponse officielle du ministère de l’Intérieur français, nous indiquant que nos démarches avaient attiré l’attention du ministre, qui a transmis notre demande pour examen au responsable de la sécurité des Jeux de Paris 2024.
Où en êtes-vous aujourd’hui?
Nous attendons. Certains d’entre nous vivent à Moscou, d’autres à Paris. Nous n’avons jamais enfreint la loi. J’ai moi-même un long passé de bénévole. J’ai été accrédité en janvier 2023 pour participer comme volontaire aux Jeux mondiaux universitaires d’hiver à Lake Placid, aux États-Unis. Nous voulons venir en France, pour les Jeux olympiques, avec les meilleures intentions. Nous aimons vraiment ce que nous faisons.