Le CIO sortirait-il de son rôle ? A moins de 50 jours de l’ouverture des Jeux de Paris 2024, l’instance olympique a essuyé les critiques dans certains médias et sur les réseaux sociaux pour s’être risquée à des recommandations sur la façon d’aborder pendant l’événement les questions de parité, d’inclusion et de transexualité.
La semaine passée, le CIO a publié sur son site Internet une version dite actualisée de ses « directives relatives à la représentation afin d’assurer une couverture médiatique équitable, juste et inclusive de Paris 2024. » Un « élément clé », précise l’instance, de ses efforts pour la promotion de l’inclusion et l’égalité.
Jusque-là, rien de très nouveau. Le CIO a publié pour la première fois ses « directives » en 2018. Une première mise à jour avait été proposée en 2021, pour les Jeux de Tokyo. Une forme d’habitude, donc.
Surtout, le document n’a rien d’un diktat. Christian Klaue, le directeur des relations institutionnelles et des affaires publiques du CIO, le rappelle sur son compte X : il s’agit seulement de recommandations. « Elles guident mais n’interdisent pas. »
Mais le document de 33 pages n’a pas été perçu comme tel par certains médias. Le Daily Mail, notamment, y voit une tentative du CIO de censurer les journalistes présents aux Jeux de Paris 2024. Le quotidien britannique suggère que les dirigeants olympiques cherchent à rayer du vocabulaire des envoyés spéciaux une liste de mots « néfastes » pour évoquer les athlètes transgenres. Ils leur demandent de ne pas les appeler « nés hommes », « biologiquement hommes », ni de mentionner un « changement de sexe » aux Jeux de Paris 2024.
A la place, le CIO propose aux médias des alternatives aux mots et expressions qu’ils pourraient être tentés d’utiliser dans leur couverture des sujets liés au changement de sexe et aux athlètes non binaires. Exemples : fille/garçon, femme/homme, fille/garçon transgenre, femme/homme transgenre, ou encore personne transgenre. « Il est toujours préférable de mettre l’accent sur le sexe réel d’une personne, plutôt que de remettre en question son identité en se référant à la catégorie de sexe inscrite sur son acte de naissance », explique le document du CIO.
Dans les faits, la question des athlètes transgenres ne devrait pas beaucoup occuper les médias aux Jeux de Paris 2024. L’athlétisme, la natation, le cyclisme et le rugby, notamment, interdisent aux athlètes transgenres de participer aux compétitions féminines. A moins de 50 jours de l’ouverture, les Jeux de Paris 2024 n’ont pas encore leur Laurel Hubbard, l’haltérophile néo-zélandaise, devenue aux Jeux de Tokyo la première transgenre de l’histoire à participer à une épreuve olympique.
Mais au-delà de cette question, le CIO ne fait pas mystère de son ambition de profiter des Jeux de Paris 2024, les premiers à respecter la parité hommes/femmes en nombre d’athlètes, pour pousser encore le curseur de l’équilibre. L’instance olympique incite les médias à mieux traiter les athlètes et les disciplines féminines, en oubliant enfin leur « apparence physique et leur vie personnelle », pour se concentrer sur l’essentiel : leurs performances. En clair, à traiter les femmes comme les hommes, sous l’angle purement sportif.
Le CIO cite l’exemple de sa filiale audiovisuelle, OBS, qu’elle a associée au travail de mise à jour de ses directives. Pour les Jeux de Paris 2024, son équipe sera la plus féminine de l’histoire, grâce notamment au recrutement de 35 commentatrices et à une « représentation équilibrée des genres au sein du personnel d’encadrement et des équipes de production sur les différents sites ».
Dans moins de 50 jours, OBS veillera également à relayer la parité chez les athlètes par un équilibre entre les deux sexes dans sa couverture des épreuves. En direct et en différé sur le site officiel olympics.com, en mettant l’accent sur les récits et les voix des femmes.