L’heure est au changement dans le mouvement olympique. Aux grands changements. A la révolution, même. Après World Athletics, une autre instance internationale veut secouer sans retenue ses règles et ses habitudes. L’Union internationale de patinage (ISU), présidée depuis deux ans par le Sud-Coréen Kim Jae-youl, se lance à son tour dans un vaste plan de réformes. Avec une idée fixe : avancer pour ne pas reculer.
Réunie depuis lundi 10 juin à Las Vegas pour un congrès annuel annoncé comme historique, l’ISU ne regarde plus seulement vers les Jeux d’hiver de Milan-Cortina 2026. Son nouveau plan stratégique cible une autre échéance olympique : 2030. Une année qui devrait, sauf immense surprise, ramener les Jeux d’hiver en France, dans les Alpes, trente-huit ans après Albertville 1992.
Cette vision 2030 de l’ISU, Kim Jae-youl en a évoqué les grandes lignes au premier jour du congrès de l’ISU, devant les 250 délégués venus de 65 pays. Elles tiennent en un mot : le changement. « Le monde change et nous devons tous nous y adapter, a suggéré dans son discours d’ouverture le dirigeant sud-coréen, par ailleurs membre du CIO depuis l’an passé et président de Samsung Global Research. La Vision 2030 s’appuie sur ces changements et propose des solutions concrètes à long terme pour améliorer, innover et s’engager. Notre objectif est d’accroître nos capacités afin de mieux servir nos athlètes, nos membres et nos supporteurs, et de réaliser les investissements nécessaires pour libérer tout le potentiel de notre sport. »
A ce stade, la stratégie de l’ISU s’appuie encore sur des projets. Ils doivent être discutés cette semaine à Las Vegas. Certains pourraient être ratifiés. L’instance propose notamment la création d’un World Tour de short track. Elle souhaite moderniser la diffusion de ses événements et son approche du marketing, plus orientée vers les athlètes, accélérer sa révolution numérique, améliorer sa gouvernance et prendre plus nettement le virage de la durabilité. Rien de très inédit. Plus spectaculaire : l’instance envisage de lever l’interdiction des sauts périlleux en patinage artistique. Une nouveauté qui, en cas d’adoption, alimentera à coup sûr les débats.
Sa révolution, Kim Jae-youl la présente volontiers comme une obligation. Le président de l’ISU a fait ses comptes : l’instance traverse une période difficile, notamment sur le plan financier. Et le pire pourrait être à venir. Il l’a expliqué devant les délégués : « Ces dernières années, les recettes de l’ISU ont stagné. Il faut s’attendre à les voir diminuer encore si nous ne prenons pas aujourd’hui des mesures audacieuses pour améliorer notre contenu. Je me suis entretenu avec les partenaires commerciaux actuels au sujet de leurs contrats. Ils veulent payer moins lorsqu’ils arriveront à expiration en 2026 ou 2027. Nous devons donc agir maintenant. »
La preuve par les chiffres : l’ISU a accusé en 2022 des pertes de 19 millions de francs suisses. L’an passé, la courbe a été un peu relevée, mais l’exercice a été bouclé avec une nouvelle perte, environ 11 millions de francs. Rien de dramatique, l’instance affichant par ailleurs des réserves solides.
Mais le dirigeant sud-coréen le sait : le public du patinage, artistique surtout, peine à se renouveler. Pire : il vieillit. Aux Etats-Unis, les derniers championnats du monde ont été suivis sur NBC par 1,6 million d’Américains. « Notre base de fans vieillit, reconnaît Kim Jae-youl. Si nous n’attirons pas la jeune génération, qui viendra assister à nos compétitions dans 20 ou 30 ans ? C’est une question qui m’empêche de dormir. »