Le lieu est mythique, le décor s’annonce grandiose. Le Grand Palais, au cœur de Paris, entre la Seine et les Champs-Elysées. Sublime. Mais sur le terrain de compétition, comment se présentent les épreuves d’escrime aux Jeux olympiques de Paris 2024 ? Que peut-on en attendre ?
A un mois de l’ouverture, tous les qualifiés sont connus, dans les six épreuves individuelles comme pour les six compétitions par équipes. En neuf jours (27 juillet au 4 août), les Jeux livreront leur verdict, impossible à anticiper. Mais une tendance se dégage, conforme à l’évolution de l’escrime au cours des dernières années : Paris 2024 s’annonce comme l’édition la plus universelle de l’histoire. Les Jeux de la planète escrime.
Un chiffre, pour s’en convaincre : pas moins de 16 pays ont décroché une place dans l’une ou l’autre des six épreuves par équipes, les plus révélatrices de la force d’une nation. L’Europe domine le lot, avec six pays qualifiés : France, Italie, Pologne, Hongrie, Tchéquie et Ukraine. L’Asie suit de près, avec cinq représentants : Japon, Chine, Iran, Corée du Sud et Kazakhstan. L’Amérique n’est pas loin, avec les Etats-Unis, le Canada et le Venezuela. Les chances de l’Afrique seront défendues au Grand Palais par l’Egypte et l’Algérie.
Au total, 53 pays seront représentés aux Jeux de Paris 2024. Ils étaient 42 aux Jeux de Tokyo 2020, 47 aux Jeux de Rio 2016 et 44 à Londres en 2012. L’Europe reste le continent le plus représenté, avec 41,5 % des escrimeurs qualifiés, devant l’Asie/Océanie (35,8 %), l’Afrique (26,4 %), et les Amériques (24,5 %).
Autre évolution : le temps est révolu où les nations traditionnelles de l’escrime se présentaient dans toutes les armes. Aux Jeux de Paris 2024, seules deux nations seront présentes dans les six épreuves par équipes : la France, pays-hôte, et l’Italie. Deux autres pays, les Etats-Unis et l’Egypte, ont décroché une place dans cinq épreuves par équipes.
Même tendance sur le plan individuel, où les Jeux de Paris compteront 212 escrimeurs, avec 106 hommes et 106 femmes. Parité totale donc.
A un mois de l’ouverture, les classements mondiaux se veulent eux aussi le reflet d’une répartition des forces plus universelle que jamais. Les athlètes de cinq pays différents, et trois continents, pointent en tête dans les six armes du programme.
A l’épée, la Chinoise de Hong Kong Man Wai Vivian domine le classement chez les femmes, le Hongrois Mate Tamas Koch, seulement âgé de 24 ans, occupant la même position chez les hommes.
Au fleuret, les Etats-Unis font coup double avec Lee Kiefer chez les femmes et Nick Itkin, lui aussi seulement 24 ans, chez les hommes.
Au sabre, la Française Sara Balzer pointe en tête. Le Géorgien Sandro Bazadze domine le classement masculin, où le jeune Américain Colin Heathcock occupe la 4ème place à seulement 18 ans. Il est encore junior mais vivra à Paris ses premiers Jeux olympiques.
Aux Jeux de Tokyo 2020, neuf pays avaient décroché au moins une médaille d’or. Ils avaient été douze à monter sur le podium. Avec un casting plus ouvert que jamais, tant sur le plan individuel que dans les collectifs, Paris 2024 pourrait bien étendre encore la palette des nations médaillées.
Mais la tendance ne se mesure pas seulement en dénombrant les candidats au podium. Elle s’exprime aussi plus en profondeur, par la participation aux épreuves olympiques d’athlètes issus de pays peu habitués à l’événement. Trois pays, le Rwanda, le Liban et le Cap-Vert, ont obtenu un quota au titre de l’universalité.
Cinq pays entreront dans l’histoire, dans un mois, aux Jeux de Paris 2024, en étant représentés pour la première fois dans la compétition d’escrime : Chypre, le Rwanda, le Cap-Vert, le Kenya et le Niger (présent à deux reprises aux Jeux de la Jeunesse). Ils le doivent respectivement à Victor Alvares de Oliveira, 27 ans, qualifié au fleuret masculin (Cap-Vert) ; Tufaha Uwihoreye, 28 ans, sélectionnée à l’épée féminine (Rwanda) ; Alex Tofalides, 31 ans, qualifié au fleuret masculin (Chypre) ; Evann Jean Abba Girault, 19 ans, qualifié au sabre masculin (Niger) ; et Alexandra Ndolo, 37 ans, qualifiée à l’épée féminine (Kenya).
A 17 ans, Kruz Schembri, l’un des plus jeunes espoirs du fleuret masculin, ramènera les Iles Vierges dans le décor des Jeux olympiques pour la première fois depuis 40 ans. La dernière participation en escrime de son pays d’origine remonte aux Jeux de Los Angeles en 1984.