Un sale coup pour la durabilité. Et une mauvaise nouvelle pour le bilan carbone des Jeux de Paris 2024. A un peu plus de trois semaines de l’ouverture des Jeux olympiques de Paris 2024, la promesse du comité d’organisation d’un village des athlètes sans climatisation dans les chambres, rafraîchi en toutes circonstances par les prouesses des nouvelles techniques de construction, est allée rejoindre le lot fourni des annonces jamais concrétisées. Elle n’a pas survécu aux demandes des délégations.
Le directeur adjoint du village, Augustin Tran Van Chau, l’a reconnu mardi 2 juillet lors d’une visite pour la presse : les climatiseurs seront bien utilisés dans les appartements. Ils le seront même en masse. Au dernier pointage, près de 2.500 appareils ont été réservés par les délégations. Mais le chiffre pourrait encore augmenter dans l’éventualité d’une vague de chaleur pendant les Jeux olympiques.
« L’objectif était vraiment de répondre à ce besoin extrêmement ponctuel pour des athlètes qui jouent le match ou la compétition de leur vie (…), et qui peuvent avoir des exigences de confort et de récupération supérieures à un été standard, a expliqué Augustin Tran Van Chau, cité par l’AFP. Et donc (…), on a eu à peu près 2.500 climatiseurs qui ont été commandés ». Un pour quatre athlètes en moyenne. On est très loin d’un besoin « ponctuel ».
En théorie, les bâtiments du village olympique ont été conçus et construits par la SOLIDEO, l’établissement public en charge des ouvrages olympiques, pour garantir une différence de – 6 degrés par rapport à la température extérieure. Un système de géothermie a même été ajouté pour améliorer encore le refroidissement des pièces. En prime, des ventilateurs ont été installés dans les chambres pour assurer une bonne ventilation.
Sur le papier, rien à dire, la copie affichée par le COJO est parfaite. Seulement voilà, les risques de forte chaleur et la crainte de conditions de séjour suffocantes, renforcée par plusieurs épisodes caniculaires à Paris depuis le début de l’olympiade, inquiètent les délégations étrangères. Plusieurs l’ont manifesté à l’occasion des différents séminaires des chefs de mission organisés par le COJO depuis trois ans.
Face à la pression, le COJO Paris 2024 a ouvert légèrement la porte, annonçant aux comités nationaux olympiques qu’ils pourraient louer des climatiseurs portables, à leurs frais, pour en équiper les chambres du village. A l’évidence, la proposition a été entendue.
Plusieurs délégations étrangères ont déjà fait savoir que leurs athlètes pourraient se reposer dans un air climatisé. Les Etats-Unis, notamment. L’Australie et le Canada, également. Dans tous les cas, la démarche est justifiée par l’impératif de performances. Australiens, Américains et Canadiens expliquent avoir consulté les athlètes et les entraîneurs avant de prendre leur décision. Ils reconnaissent les efforts du COJO pour organiser des Jeux durables, mais se retranchent derrière l’importance de la récupération dans un événement d’un tel enjeu. Difficile de leur reprocher.
Augustin Tran Van Chau l’a précisé : toutes les délégations ayant fait le choix de la climatisation n’en passeront pas par l’offre du COJO de louer sur place. Certaines pourront venir avec leur propre matériel. « On leur a donné des guides de contraintes techniques, notamment pour la consommation énergétique et la qualité niveau A de leurs équipements, pour avoir du matériel qui soit à jour », a-t-il expliqué, assurant avoir recommandé la présence d’un seul climatiseur par appartement. Un conseil qui ne sera pas forcément suivi.