Est-elle au complet ? Probable. A quelques heures de la date limite d’engagement des athlètes pour les Jeux olympiques de Paris 2024, fixée par le CIO à ce lundi 8 juillet, la délégation d’athlètes neutres portant un passeport russe ou biélorusse est quasiment connue. Soyons clairs : elle est mince. Plus réduite encore que l’anticipaient les estimations les plus basses.
Déjà peu étoffée, avec l’annonce en fin de semaine passée par le CIO d’un seul nageur russe retenu comme éligible au statut de neutralité, le brasseur Evgenii Somov, la délégation a été sérieusement rabotée. Mais, cette fois, le CIO n’y est pour rien. La décision est venue de Moscou.
Une source à la Fédération russe de lutte a confié à l’agence TASS que tous les lutteurs, sans la moindre exception, avaient refusé leur invitation à participer aux Jeux de Paris 2024. La liste publiée par le CIO comptait dix noms, soit le contingent le plus important, tous sports confondus.
La fédération russe a ensuite confirmé plus officiellement l’information par un communiqué. « La décision a été prise par le comité exécutif de l’organisation, les entraîneurs des équipes et les athlètes qui ont reçu des invitations individuelles du CIO, a expliqué l’instance. Le comité exécutif de la fédération a tenu une réunion élargie avec les entraîneurs des équipes nationales russes de lutte libre, féminine et gréco-romaine et avec les athlètes qui ont reçu des invitations aux Jeux Olympiques. »
Mikhaïl Mamiashvili, le président de la fédération, l’a expliqué sans langue de bois : la décision du CIO de retenir seulement dix des seize lutteurs ayant décroché un quota, écartant les plus performants, a été jugée injuste et discriminatoire par les athlètes et leur encadrement.
« Ce ne sont pas des Jeux Olympiques, c’est une parodie de compétition, a-t-il suggéré à l’agence TASS. Une dictature injustifiée du CIO a abouti à ce que cette organisation ait commencé elle-même à définir la composition des sélections. C’est déjà trop. Nous sommes allés jusqu’au bout, nous avons passé toutes les approbations, tous les filtres. Qu’est-ce que la gymnastique rythmique sans l’équipe d’Irina Viner, qu’est-ce que la natation synchronisée sans les élèves de Tatyana Pokrovskaya ? Ce ne sont pas les Jeux olympiques, c’est une parodie. Là où le CIO pouvait ordonner aux fédérations internationales, il leur a donné des ordres. Là où il a pu intimider, il les a intimidées. »
A Moscou, la décision de la fédération de lutte n’a surpris personne. Elle semblait attendue après l’annonce par le CIO d’une liste où manquaient les potentiels médaillés, dont le double champion olympique en lutte libre (86 kg), Abdulrashid Sadulaev, et le médaillé d’or en moins de 57 kg aux Jeux de Tokyo 2020, Zaur Uguev.
Dmitry Svishchev, le président de la commission de la culture physique et des sports de la Douma, l’a expliqué : « Nous respectons leur position. La fédération a pris une décision que nous respectons tous. Pour des raisons incompréhensibles, les meilleurs lutteurs ont été exclus. Et cela ne s’est pas produit seulement avec les lutteurs. Le CIO a appliqué des mesures discriminatoires. Elles étaient malheureusement attendues. »
A quelques heures de la clôture des engagements, les comptes sont presque bouclés. Ils en disent long sur la détermination du CIO à écarter des Jeux de Paris 2024 tous les athlètes russes et biélorusses soupçonnés d’un soutien au Kremlin et au conflit en Ukraine, même par la seule appartenance à un club de l’armée ou de la police.
Au total, les athlètes des deux pays avaient décroché 78 places qualificatives pour les épreuves olympiques, dans douze sports individuels. Après une analyse au cas par cas par son équipe d’experts, le CIO a retenu 51 athlètes neutres : 29 Russes et 22 Biélorusses. Mais plus de la moitié d’entre eux, dont la totalité des lutteurs, ont décliné l’invitation.
A ce jour, la délégation d’athlètes neutres compte 24 noms. Onze d’entre eux portent un passeport russe, les 13 sont citoyens biélorusses. Seulement 24 athlètes ayant formellement accepté l’invitation du CIO, dont un nombre réduit de chances de médailles. Moins que la fourchette la plus basse. Le CIO ne s’en plaindra pas.