Il fallait s’y attendre. Longtemps silencieux, le CIO s’est enfin décidé à se faire entendre dans la polémique née de l’affaire de dopage par contamination dans la natation chinoise. Sas surprise, l’instance olympique s’est rangée dans le camp de l’Agence mondiale antidopage (AMA), dont elle assure depuis sa création une partie de son financement.
Tout sauf un hasard, la prise de position du CIO intervient au surlendemain de la remise du rapport provisoire de l’enquête indépendante confiée en avril dernier par l’AMA à l’ancien procureur suisse Eric Cottier. Un rapport qui assure que l’agence basée à Montréal n’a « pas favorisé » la Chine, dans cette affaire, et pas non plus subi de pression ou d’ingérence au moment de décider de ne pas suspendre les 23 nageurs chinois contrôlés positifs à la trimétazidine.
Dans un communiqué publié jeudi 11 juillet, le CIO explique conserver « sa pleine confiance » en l’AMA. Il appelle « toutes les parties prenantes à respecter l’autorité suprême de l’AMA dans la lutte contre le dopage ». L’instance poursuit sur le même ton en rappelant que ce « respect constitue la base sur laquelle l’AMA a été fondée par les gouvernements et le mouvement olympique », et qu’il est « essentiel à toute compétition internationale équitable ».
Le message du CIO ne mentionne pas de destinataire, mais il s’adresse évidemment aux Etats-Unis, où l’affaire de dopage dans la natation chinoise a déclenché une offensive en règle contre l’AMA, de la part de l’agence américaine antidopage (USADA) et de son directeur général Travis Tygart dans un premier temps, puis de la Chambre des représentants. Michael Phelps s’est même joint au débat, profitant de son audition à Washington pour suggérer que l’AMA manquait d’indépendance et d’efficacité, et qu’il était grand temps de la réformer.
A deux semaines et quelques poignées d’heures de l’ouverture des Jeux de Paris 2024, le CIO s’est donc enfin décidé à sonner la fin de la récré. Il était temps. En réponse aux doutes émis par l’USADA, Lausanne assure que le Suisse Eric Cottier « a eu accès à tous les documents et matériels de l’AMA, a interrogé un certain nombre d’employés de l’AMA à plusieurs reprises et a été assisté par d’autres experts indépendants dans les domaines des sciences criminelles, de la pharmacocinétique et du droit ». Le travail a donc été bien fait.
Le communiqué du CIO explique également que « les seules questions qui subsistent sont d’ordre procédural ». Elles seront réglées dans le document définitif, annoncé pour les prochaines semaines. Enfin, l’instance olympique souligne que l’AMA « s’est déjà engagée à répondre à toutes les recommandations » qui pourraient être formulées par l’ancien procureur suisse.
Fin de l’histoire ? Pas sûr. En prenant publiquement position en faveur de l’AMA dans une affaire qui dure depuis plusieurs mois et menace de se glisser entre les lignes d’eau des épreuves de natation des Jeux de Paris 2024, le CIO espère calmer la colère américaine. Mais il en faudra sans doute beaucoup plus pour mettre un point final à l’affaire.