La nouvelle n’était pas attendue. Pas maintenant. A deux semaines de l’ouverture des Jeux de Paris 2024, tous les projecteurs sont tournés vers la capitale française. Mais le CIO a fait diversion en annonçant, vendredi 12 juillet, avoir trouvé un pays-hôte pour sa dernière trouvaille : les Jeux olympiques de l’e-sport.
L’instance olympique l’a expliqué dans un communiqué : la partenariat conclu avec le comité national olympique saoudien n’est pas un coup sans lendemain. Il a été signé pour une période de 12 ans. Trois olympiades, pas moins. Avec la perspective d’organiser dans le royaume saoudien des Jeux olympiques de l’e-sport « régulièrement ». Une formulation assez vague pour laisser la porte ouverte à toutes les options.
Seule certitude : la première édition se tiendra en 2025. Autant dire après-demain. Où ? Quand ? Mystère. « Le travail commencera par la sélection d’une ville et d’un site pour la première édition des Jeux olympiques de l’e-sport, ainsi que par l’élaboration d’un calendrier précis de l’événement, des titres à inclure, du processus de qualification pour les joueurs et d’autres détails », explique le CIO.
L’instance confirme également son intention de créer une structure « spécialisée entièrement nouvelle, clairement séparée du modèle organisationnel et financier des Jeux olympiques ». Le financement et l’organisation de l’événement répondront également à une « approche différente. »
Pourquoi l’Arabie saoudite ? La réponse semble évidente, tant le royaume s’est imposé depuis quelques années comme un incontournable de la planète sport, déjà assuré d’organiser les Jeux asiatiques d’hiver en 2029 à Trojena, ceux d’été en 2034 à Riyad, et surtout la Coupe du Monde de football en 2034.
Une forme d’évidence, donc. Quasi inéluctable. Mais le CIO enveloppe malgré tout sa décision d’un emballage plus élaboré, comme s’il cherchait à justifier un choix que personne ne songe réellement à contester.
L’instance évoque les 23 millions de joueurs recensés en Arabie saoudite. Elle rappelle que le pays s’est vu confier, depuis 2018, une saisissante collection de grands événements sportifs mondiaux – plus d’une centaine – qui ont attiré plus de 2,6 millions de fans. Elle assure que le taux de participation aux activités sportives a « plus que triplé depuis 2015, pour atteindre près de 50 % de la population du pays ». Enfin, elle précise que le nombre de fédérations sportives a également été multiplié par trois au cours de la même période, passant de 32 à 98.
La place des femmes ? Là aussi, le CIO a préparé son argumentaire. « Près de la moitié des 23 millions de joueurs du Royaume sont des femmes, explique-t-il. Il y a aujourd’hui plus de 330.000 athlètes féminines inscrites et près de 40 équipes nationales féminines qui participent à des compétitions internationales. Dans les fédérations sportives, plus de 100 femmes ont été nommées, dont sept présidentes. Par ailleurs, tous les athlètes, hommes et femmes, reçoivent exactement le même niveau de rémunération lorsqu’ils jouent pour leur équipe nationale. »
Avec cet accord à long terme pour déployer dès l’an prochain les anneaux olympiques en Arabie saoudite, le CIO ouvre la porte à la nouvelle méga-puissance du sport international. La FIFA l’a fait avant lui. Les autres suivront. Prudent, le CIO le fait par la voie, encore marginale, des sports électroniques.
Ira-t-il plus loin ? Suivra-t-il les traces de la FIFA en confiant au royaume son événement majeur, les Jeux olympiques, à échéance 2036 ou au-delà ? La réponse n’est pas pour tout de suite. Elle dépendra sans doute beaucoup de l’identité du successeur de Thomas Bach à la présidence, de sa vision et de ses ambitions.
Une chose est sûre : l’Arabie saoudite ne se contentera pas d’associer les anneaux olympiques aux seuls sports électroniques. Elle en voudra plus. Beaucoup plus.