A Lausanne, la nouvelle a dû être accueillie comme un cadeau du ciel et célébrée avec des visages d’allégresse. Selon plusieurs sources dignes de foi, la Russie a reporté les Jeux mondiaux de l’Amitié, initialement prévus du 15 au 29 septembre 2024 à Moscou et dans la ville d’Ekaterinburg, dans la région de l’Oural.
Une victoire pour le CIO. Une victoire sur la Russie et ses envies d’organiser ses propres événements internationaux multisports, à ses dates, au mépris des règles et des usages du mouvement olympique.
Annoncée depuis plusieurs semaines par des rumeurs jamais confirmées, la décision semble désormais certaine, à défaut d’être tout à fait officielle. Le président de la Fédération russe d’haltérophilie (RWF), Maxim Agapitov, a vendu la mèche, mardi 16 juillet en conférence de presse. « Les Jeux mondiaux de l’Amitié étaient prévus cette année, a-t-il expliqué, cité par l’agence TASS. Je sais officiellement que ces Jeux ont été reportés à l’année prochaine ».
Plus tard dans la journée, Maxim Agapitov a fait marche arrière toute, assurant à un correspondant de l’agence de presse russe qu’il avait parlé trop vite. « Je ne dispose d’aucune information officielle et, en ce qui concerne le report, je me suis appuyé sur de simples sources, a-t-il expliqué. Je ne suis pas habilité à divulguer des informations officielles ». Sûrement. Mais son retournement de veste ne trompe personne.
Alerté par la bourde du dirigeant de l’haltérophilie russe, le comité d’organisation des Jeux mondiaux de l’Amitié a publié en fin de journée un communiqué, où il est facile de lire entre les lignes. « Le comité d’organisation des Jeux mondiaux de l’Amitié continue de préparer activement l’événement, indique le texte. Actuellement, en raison d’une proposition de l’Association internationale de l’amitié de reporter les Jeux à d’autres dates, des consultations sont en cours avec toutes les parties intéressées concernant les nouvelles dates. Nous ferons une annonce officielle dès qu’une décision pertinente sera prise ».
La formule se veut assez alambiquée pour ouvrir la porte aux interprétations. Mais à deux mois presque jour pour jour de l’événement, il semble aujourd’hui quasi certain que les Russes ont mis leur projet entre parenthèses. Il aura lieu l’an prochain, ou n’aura pas lieu du tout.
Pour le CIO, le report des Jeux de l’Amitié sonne comme un succès. L’instance olympique s’est déclarée dès le premier jour hostile au projet initié par le Kremlin. En décembre 2023, l’instance avait mis en garde tous les comités nationaux olympiques de la planète contre un événement présenté par Lausanne comme un outil de propagande politique. Le CIO leur avait demandé de ne pas envoyer d’athlètes.
A la même époque, l’Agence mondiale antidopage (AMA) avait tenu à peu près le même discours. Son président, le Polonais Witold Banka, était même allé un peu plus loin, menaçant de sanctions les athlètes étrangers qui céderaient aux sirènes de l’argent et accepteraient l’invitation de Moscou. La menace est aujourd’hui enterrée. Lausanne peut respirer et passer à autre chose.