J – 8 pour Paris 2024. Une semaine et un jour avant l’ouverture des Jeux olympiques. Et seulement un jour de plus avant le début des épreuves de surf, sur le spot de Teahupo’o, à Tahiti. A plus de 15.000 km de la capitale française, et 12 heures de décalage horaire.
A quelques jours de quitter l’Argentine pour rejoindre le site de compétition en Polynésie française, le président de la Fédération internationale de surf (ISA), Fernando Aguerre, a répondu aux questions de FrancsJeux.
FrancsJeux : Comment se présentent les choses à Tahiti, à un peu plus d’une semaine du début des compétitions de surf ?
Fernando Aguerre : Parfaitement bien. Je n’y suis pas encore, mais mon équipe est déjà sur place et nous sommes en contact très réguliers. Tout est dans les temps. La compétition s’annonce très bien. Nous aurons des épreuves magnifiques.
Comment se sentir aux Jeux olympiques en étant aussi loin de Paris, sur un autre continent, avec un décalage horaire de 12 heures ?
L’esprit olympique soufflera à Tahiti, j’en suis convaincu. Il ne sera pas seulement à Paris, mais dans toute la France. Et même dans le monde entier. Il faut bien comprendre que la nature même du surf exige de pouvoir évoluer sur des vagues importantes. Elles existent dans le sud-ouest de la France, mais pas en plein été. En optant pour un spot plus proche, sur la côte atlantique, nous avions un risque réel de n’avoir aucune vague. A Tahiti, en revanche, la saison des Jeux est la meilleure pour les vagues. Sur place, tout le monde est très excité par les Jeux. Je n’ai aucun doute que l’esprit olympique et l’ambiance des Jeux se ressentiront à Teahupo’o.
La tour des juges à longtemps alimenté la polémique. L’ISA a même pris à un moment une position opposée à celle du COJO Paris 2024. Pourquoi ?
Je n’ai pas envie de parler de la tour des juges. Il y a eu un problème, il est aujourd’hui réglé. La tour a été construite par le gouvernement local. Elle fonctionne et répond à nos attentes. Elle a déjà été utilisée pour une compétition internationale. L’affaire est terminée.
Les compétitions olympiques compteront 48 surfeurs, soit 24 hommes et et 24 femmes. Est-ce un nombre suffisant pour des Jeux olympiques ?
Nous en avions 20 et 20 aux Jeux de Tokyo. Pour Paris 2024, nous avons gagné quatre athlètes pour chacune des deux compétitions. Toutes les fédérations internationales veulent plus d’athlètes et plus d’épreuves. Mais 24 est un très bon nombre pour ce type de compétition. Surtout, les athlètes présents à Teahupo’o représentent 21 pays sur les cinq continents. Ils symbolisent l’universalité du surf. C’est très important pour nous. Nous aurons les meilleurs du monde.
Trois ans après votre entrée dans le programme olympique aux Jeux de Tokyo, cette deuxième édition marque-t-elle un nouveau pas en avant ?
A Tokyo, nous avons beaucoup appris. La compétition a été très réussie, nous avons connu des moments mémorables. Mais il était difficile de vraiment ressentir l’esprit olympique en étant limités dans nos échanges et nos déplacements. Nous ne pouvions aller nulle part. Cette année, nous allons vivre une expérience différente. Nous aurons des vagues magnifiques, dès le premier jour des épreuves. Nous le savons déjà car il est possible, aujourd’hui, de prédire la hauteur et la forces des vagues. A Tahiti, l’excitation monte.
Le surf quittera le groupe des sports additionnels, à partir des Jeux de Los Angeles 2028, pour rejoindre les sports permanents. En attendez-vous un grand changement ?
Pour les athlètes, ça ne changera pas grand-chose. Sport additionnel ou pas, ils sont olympiens, portent la tenue de leur comité national olympique et concourent pour des médailles. Mais pour l’ISA, le changement s’annonce considérable. Nous allons pouvoir developper des relations plus soutenues avec les comités nationaux olympiques, dans tous les pays. Ils pourront mieux soutenir les athlètes. Surtout, nous allons bénéficier de la redistribution des revenus du marketing et des droits de télévision du CIO. Nous n’y avons pas droit en qualité de sport additionnel. Ces ressources nouvelles vont nous permettre de mettre en place des programmes de développement et de promotion du surf, en Afrique et en Amérique latine notamment. Nous étions une fédération qui vivait de ses propres ressources. Cela ne sera plus le cas.
Avec deux prochaines éditions des Jeux olympiques en Californie et dans le Queensland, n’avez-vous pas le sentiment d’entrer dans un âge d’or du surf ?
Bien sûr. Nous allons vivre deux éditions consécutives des Jeux sur des terres de surf. La Californie d’abord, où le surf a été décrété par une loi sport de l’Etat. Il est ancré dans la culture. Puis à Brisbane et sur la Gold Coast. Nous aurons des vagues magnifiques. C’est un scénario de rêve.