— Publié le 22 juillet 2024

Thomas Bach, nouvel apôtre de la solidarité

Institutions Focus

Pour les athlètes, il faut encore patienter. A peine quatre jours, tout juste quelques dizaines d’heures. Autant dire trois fois rien à l’échelle d’une olympiade. Mais pour le CIO et sa centaine de membres, les Jeux de Paris 2024 ont déjà débuté. Le rideau a été levé lundi 22 juillet, en fin d’après-midi, par la cérémonie d’ouverture de la 142ème session.

Le cadre ? Fastueux. La Fondation Louis Vuitton, dans le Bois de Boulogne, à une dizaine de minutes de voiture du Palais des Congrès où doit se tenir la session, mardi 23 et mercredi 24 juillet. Un bel endroit. Et une assistance triée sur le volet. Au premier rang de la salle, où quelques séquences artistiques ont été glissées parmi les discours plus officiels, Emmanuel Macron et son épouse, Thomas Bach et madame, Bernard Arnault, le président du groupe LVMH, Tony Estanguet, Anne Hidalgo, David Lappartient. Egalement au premier rang, mais sur le côté, les trois autres membres français du CIO : Guy Drut, Jean-Christophe Rolland et Martin Fourcade.

La cérémonie a débuté par un numéro de claquettes, suivi par un hymne olympique chanté en français. Elle s’est poursuivie par une Marseillaise interprétée par une jeune chanteuse de 10 ans, au timbre de voix assez émouvant pour mériter de l’assistance une standing ovation.

A l’heure des discours, David Lappartient a lancé l’exercice, en français puis anglais, osant un hommage appuyé au baron Pierre de Coubertin. Tony Estanguet a pris lui aussi la parole. Emmanuel Macron est monté également sur la scène pour une allocution, comme il l’avait fait quelques heures plus tôt devant les médias internationaux, dans un salon de l’Elysée.

Mais, comme souvent en pareille circonstance, Thomas Bach leur a volé la vedette. Par la longueur de son speech – 34 minutes -, mais aussi par les sujets abordés. Le président du CIO a ratissé large, évoquant tout à la fois le nouvel ordre mondial, les sports électroniques, l’Arabie saoudite et l’Intelligence artificielle.

Surtout, il a parlé de solidarité. « Au sein du mouvement olympique, nous sommes tous égaux, a suggéré Thomas Bach. Nous avons 206 comités nationaux olympiques qui jouissent tous des mêmes droits en vertu de la Charte olympique. De plus, nous sommes solidaires les uns les autres. La solidarité, cette valeur fondamentale qui définit notre communauté olympique. » Classique mais toujours bien senti.

Plus inattendu, la lien tissé par Thomas Bach entre le thème central de son discours – la solidarité – et le rôle des sponsors et des diffuseurs. La solidarité et le business, donc. Grâce à eux, a-t-il souligné, « le mouvement olympique est en bonne santé, prêt à affronter les défis de l’avenir en position de force. »

Autre relation peu attendue : la solidarité et l’Intelligence artificielle. Thomas Bach en parle désormais dans chacun de ses discours, depuis deux ans. A Paris, lundi 22 juillet, il en a relevé les dangers. Le dirigeant allemand a appelé les gouvernements à s’accorder sur « des règles de gouvernance de l’IA applicables à l’échelle mondiale, qui définissent les paramètres […] d’une vision humaniste de l’IA. » Il a insisté sur la nécessité que l’IA profite à l’ensemble de la communauté, et pas seulement à quelques personnes.

Après cette ouverture très cérémoniale, d’un chic à la française, dans un lieu associé au luxe et au bon goût, la 142ème session du CIO peut débuter, mardi 23 juillet. La première journée s’annonce comme un long échauffement avant un deuxième jour plus croustillant, avec l’élection des villes et régions hôtes des Jeux d’hiver en 2030 et 2034.

Pour la deuxième des deux éditions, la session votera pour Salt Lake City sans une seule hésitation. Les Américains cochent toutes les cases. Leur dossier est en béton.

Pour les Alpes françaises, en revanche, la garantie de l’Etat exigée par le CIO n’est toujours pas signée et ne le sera pas au moment du vote, mardi 24 juillet dans la matinée. La faute à une situation politique rendue chaotique par la dissolution de l’Assemblée nationale, puis la démission du gouvernement.

Pas de garantie, pas de Jeux d’hiver en 2030 ? En théorie, le scénario devrait s’écrire ainsi. Mais à moins de six ans de l’événement, le CIO ne peut pas se permettre d’écarter le projet des Alpes françaises. La session se prononcera donc pour un oui aux Jeux d’hiver en 2030, mais un oui sous condition. Les Français bénéficieront d’un délai pour apporter la pièce manquante. Mais ils auront les Jeux d’hiver.