— Publié le 23 juillet 2024

Les comptes du CIO, l’opulence à tous les étages

Institutions Focus

Thomas Bach avait annoncé la couleur, lundi 22 juillet à la Fondation Louis Vuitton, en ouverture de la 142ème session : le CIO se porte bien. Et même mieux que bien. Le dirigeant allemand avait glissé dans son discours quelques chiffres sur l’état de santé de l’instance : 7,3 milliards de dollars de recettes déjà dans les livres de comptes pour la prochaine olympiade (2025-2028), 6,2 milliards pour la suivante (2029-2032). Pas mal.

Mardi 23 juillet, au premier jour de la session au Palais des Congrès de Paris, la présentation du rapport financier annuel pour 2023 a encore forcé le trait. Le CIO le résume d’une formule : « L’institution olympique se trouve dans une position de force et de stabilité et a toutes les raisons d’avoir confiance dans l’avenir, en dépit de l’incertitude qui règne dans le monde. » Tout est dit, ou presque. Ailleurs, tout tangue et les temps sont incertains. A Lausanne, le soleil brille.

Résultat : le CIO a pu reverser l’an passé 90 % de ses revenus, soit l’équivalent de 4,2 millions de dollars jour. L’argent est allé aux comités d’organisation des Jeux olympiques à venir, à la promotion des athlètes et du sport, à la « diffusion des valeurs olympiques que sont la paix et la solidarité. » Pour la seule année 2023, ce sont donc 600 millions de dollars qui ont été distribués un peu partout dans le monde.

Epais comme un bottin, avec ses 220 pages, le rapport du CIO présenté mardi 23 juillet à la session grouille de chiffres, tous plus éloquents les uns que les autres. La leçon à retenir : tout va bien, tout augmente.

Quelques exemples, en vrac :

Le site Internet officiel du CIO, Olympics.com, a comptabilisé 115 millions d’utilisateurs uniques, soit une hausse de 28 % par rapport à 2022. Une solide performance pour une année sans événement olympique. La cuvée actuelle, avec les JOJ d’hiver en Corée du Sud en janvier, et surtout les Jeux de Paris 2024, s’annonce stratosphérique.

Les comptes @Olympics sur les réseaux sociaux grimpent eux aussi sans marquer de pause : 110 millions d’abonnés, avec une moyenne de 640 millions d’interactions par mois, soit une hausse de 966 % depuis 2020.

Au rayon e-sport, nouveau terrain de chasse du CIO, 550 000 personnes ont pris part à la première Semaine olympique des sports électroniques, en juin 2023 à Singapour. L’événement a boosté les réseaux sociaux, avec 503 000 utilisateurs uniques sur Olympics.com et 20,9 millions d’interactions sur les comptes @Olympics.

Moins visible et moins tendance, mais elle aussi élevée au rang de priorité, la plateforme Athlete365 se porte comme un charme. Elle comptait à la fin de l’année 2023 plus de 170 000 membres actifs. Au cours de la même période, 19 092 inscriptions aux cours ont été comptabilisées et 6 204 formations suivies.

Autres chiffres contenus dans le rapport, relégués en fin de document : la rétribution des membres du CIO. Tout va bien, là aussi, l’austérité n’est pas à l’ordre du jour. La centaine de membres actifs, plus les membres honoraires, perçoivent une indemnité « administrative » de 7.000 dollars par an. Pas négligeable.

Une indemnité forfaitaire de 450 dollars leur est également versée chaque jour où ils enfilent leur tenue de membre du CIO (y compris les journées de voyage), pour une réunion, une session, ou pour les Jeux olympiques. Pour Paris 2024, par exemple, un séjour moyen de 25 jours (20 juillet au 13 août) est donc « indemnisé » par un versement de 11.250 dollars. Plutôt correct pour un périple où tous les frais – hébergement, transport, repas – sont payés par l’instance.

Pour les présidents de commission, le per diem est doublé, soit 900 dollars. Même régime pour les membres de la commission exécutive. Quant à Thomas Bach, il a été décidé qu’il ne toucherait pas d’indemnité comme l’ensemble de ses pairs, ni administrative ni quotidienne. A la place, le CIO lui verse une rémunération de président. Pour 2023, elle s’est montée à 275.000 euros annuels.