Il n’y avait pas de suspense. Tout juste une question. Comme prévu depuis novembre dernier, le CIO a attribué mercredi 24 juillet, au deuxième jour de sa 142ème session, l’organisation des Jeux d’hiver en 2030 aux Alpes françaises. Pour la première fois, l’événement n’est pas confié à une ville hôte, mais à deux territoires, les régions Provence-Alpes-Côte d’Azur (PACA) et Auvergne-Rhône-Alpes (AURA).
La victoire du projet français a été massive et sans réelle contestation. A l’heure du décompte, le CIO a dénombré 84 voix pour, 4 contre et 7 abstentions. Rien à dire. Les Français organiseront pour la quatrième fois les Jeux d’hiver, après Chamonix 1924, Grenoble 1968 et Albertville 1992. Lausanne leur confiera les anneaux olympiques seulement six ans après Paris 2024. Une année en arrière, un tel scénario semblait tout bonnement impossible.
Mais tout est allé très vite pour les porteurs du projet. David Lappartient, le président du comité olympique français, a rappelé en conférence de presse, une fois la victoire acquise, que la candidature des Alpes françaises avait été lancée le 19 juillet 2023. En une année et quelques jours, la concurrence a été distancée, l’affaire bouclée et les Jeux obtenus. « Seulement une année entre le départ et l’arrivée, un record pour des Jeux », a relevé Laurent Wauquiez, le président de la région AURA.
Historique, donc. Et pourtant, les Français ne peuvent pas encore crier trop haut victoire. Certes, la session du CIO s’est prononcée massivement en faveur du projet des Alpes françaises. Mais le contrat de ville-hôte, signé par la partie française, n’est pas encore contresigné par le CIO. Il ne le sera pas tant qu’il manquera au dossier la lettre d’engagement du Premier ministre sur les garanties de l’Etat.
Le CIO avait prévenu : l’attribution des Jeux d’hiver 2030, mercredi 24 juillet, serait conditionnelle. Elle deviendra définitive une fois apporté le précieux document. Les Français ont obtenu un délai : 1er octobre 2024 pour apporter la garantie de l’Etat, 1er mars 2025 au plus tard pour la faire ratifier par le Parlement.
Jouable ? David Lappartient le croit. « Le CIO n’aime pas prendre de risques, a-t-il expliqué. Thomas Bach est convaincu que nous obtiendrons cette garantie. » La situation politique n’aide pas, mais l’incertitude actuelle ne durera pas éternellement. Et David Lappartient l’a suggéré : « L’élection récente pour la présidence de l’Assemblée nationale l’a démontré : la notion de majorité n’est plus ce qu’elle était. Nous devrions pouvoir en obtenir une suffisante pour les Jeux d’hiver 2030. »
Avec un tel délai, les porteurs du projet semblent à l’abri d’une catastrophe. Le CIO ne retournera pas sa veste, d’autant que les potentiels partenaires privés se bousculent déjà à la porte. David Lappartient l’a confié aux médias : « Nous avons reçu plus d’une centaine de lettres d’entreprises, certaines engagées avec Paris 2024, intéressées par les Jeux d’hiver 2030. Plusieurs d’entre elles ont une dimension internationale. »
Avec un projet monté en moins d’une année, les Français n’auront pas trop des cinq ans et sept mois avant les Jeux pour préparer leur affaire, et surtout rayer une à une les questions qui se posent encore.
En tête de liste, l’anneau de glace du patinage de vitesse. La France n’en possède pas. Et il n’est plus question, depuis la mise en route de l’Agenda 2020+5 du CIO, d’en construire un pour les Jeux. David Lappartient l’a expliqué : trois options sont à l’étude.
La première consiste à utiliser une structure temporaire, sous réserve d’en dénicher une aux dimensions et aux exigences de la discipline. Pas gagné d’avance. Et surtout très coûteux. Au moins 20 millions d’euros, sans doute plus.
Deuxième solution : se tourner vers l’Italie et utiliser l’anneau de Turin, construit pour les Jeux d’hiver en 2006. Les discussions ont débuté avec le maire de la ville. La rénovation de l’équipement est estimée à 9,7 millions d’euros. La facture serait réglée par les Italiens. Toujours bon à prendre.
Enfin, les porteurs du projet étudient également la possibilité de délocaliser les épreuves aux Pays-Bas, sur une piste existante. La décision finale est attendue par la CIO au plus tard en fin d’année 2024.
Autre question : Val d’Isère. Ecartée dans le dossier final déposé au CIO, la station savoyarde pourrait retrouver sa place. Laurent Wauquiez n’en démord pas : « Sans Val d’Isère, les Jeux d’hiver ne seraient pas ceux des Alpes françaises. » Son retour dans le jeu pourrait permettre de réduire le programme très chargé de Courchevel, où sont aujourd’hui prévus une partie du ski alpin, le saut à ski et le combiné nordique, et d’augmenter la billetterie. Mais un site supplémentaire augmenterait les coûts. Pas simple, donc.
Pour le reste, il semble acquis que la SOLIDEO, en charge des ouvrages pérennes, sera domiciliée en région PACA, dans la ville de Marseille. Le COJO, de son côté, s’installera en région AURA. Très certainement à Lyon.