— Publié le 28 juillet 2024

A Paris 2024, les femmes vont crever l’écran

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Tout sauf un hasard : au troisième jour des Jeux de Paris 2024, le CIO a choisi de parler d’égalité des sexes à l’occasion de sa conférence de presse, tenue quotidiennement en fin de matinée avec le comité d’organisation. La parité hommes/femmes, atteinte pour la première fois cette année dans la capitale française. Preuve de l’importance accordée par Lausanne à cet objectif, élevé au rang de priorité sous la présidence de Thomas Bach.

L’égalité, donc. En termes d’épreuves, de médailles distribuées, d’athlètes et de sessions. Sur le terrain de compétition, elle est quasiment intégrale, mais pas encore tout à fait. Marie Sallois, la directrice corporate et développement durable au CIO, a affiché ses chiffres  : 28 des 32 sports du programme des Jeux de Paris 2024 affichent une parfaite parité. Le football n’en fait pas partie : le tournoi masculin compte 16 équipes, contre seulement 12 pour la compétition féminine. Gênant. « Mais la décision revient à la FIFA », s’empresse de préciser le CIO.

Aux Jeux de Paris 2024, le CIO et les fédérations internationales ont poussé le zèle jusqu’à inverser la tradition en plaçant plusieurs finales féminines, en basket-ball et volley-ball notamment, après celles des hommes. Les femmes fermeront donc le programme. La tendance avait été amorcée aux Jeux de Tokyo 2020. Elle est renforcée cette année. Yannis Exarchos, le directeur général d’OBS, l’a rappelé sans masquer sa fierté : « La dernière épreuve de l’athlétisme, le marathon, est féminine, dimanche 11 août. Les hommes auront couru la veille. »

Ailleurs, le chemin reste encore long. Au bord du terrain, surtout. Marie Sallois en convient : « La proportion d’entraîneurs féminines dans les délégations reste faible, même si elle a progressé. » Depuis le début de l’olympiade, le CIO a longuement insisté auprès des comités nationaux olympiques pour qu’ils féminisent leur encadrement technique. Certains ont fait l’effort. Mais l’écart reste colossal.

Belle réussite, annoncée dimanche 28 juillet par le CIO : 96 % des délégations à la cérémonie d’ouverture, l’avant-veille sur le Seine, ont été conduites par deux porte-drapeaux, masculin et féminin. Autre réussite du combat pour l’égalité : cinq fédérations internationales ont atteint la parité, aux Jeux de Paris 2024, parmi leurs officiels techniques. Au tableau d’honneur, les instances du tennis, triathlon, canoë-kayak, voile et hockey sur gazon.

Les médias ? Ils ont longtemps trainé en route. Yannis Exarchos a ressorti de ses archives une enquête datant de 2018, selon laquelle la place du sport féminin à la télévision, au niveau mondial, représentait moins de 10 % du temps d’antenne. Trois fois rien.

Mais, là aussi, l’écart se réduit. Pour les Jeux de Paris 2024, OBS se veut exemplaire. La branche audiovisuelle du CIO a organisé en novembre dernier une session de formation pour mieux féminiser son bataillon de cadreurs. Vingt-cinq femmes ayant suivi le cursus travaillent sur les Jeux. Mieux : deux tiers des responsables des sites choisis par OBS pour ses opérations sont des femmes. A Madrid, le personnel de la boîte – 161 personnes à temps plein – se rapproche de la parité, avec 53 % d’hommes et 47 % de femmes.

A ses diffuseurs, OBS a rappelé l’importance de traiter les épreuves olympiques féminines avec la même approche que celles des hommes. « Nous avons rédigé un ensemble de recommandations à leur intention, explique Yannis Exarchos. Nous leur demandons, par exemple, de ne pas mettre en avant la séduction ou l’esthétique des athlètes féminines, mais seulement leurs performances. »

A écouter le dirigeant grec, NBC aurait compris le message. « Pendant les Jeux, ils vont accorder aux épreuves féminines la même couverture que les compétitions masculine. » Le même temps d’antenne, la même approche éditoriale. La parité sur les écrans. Sûrement pas la moins importante.