— Publié le 1 août 2024

Les primes aux Jeux, Sebastian Coe n’en démord pas

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Sebastian Coe a le sourire. On le comprend. Le président de World Athletics compte au moins deux bonnes raisons de se réjouir, en ce jeudi 1er août : les épreuves d’athlétisme ont commencé tôt dans la matinée, dans les rues de la capitale française, par le 20 km marche. Et elles ont invité sur le podium les athlètes de cinq pays différents, dont l’Equateur, grâce à Brian Daniel Pintado, vainqueur chez les messieurs. « La preuve de la réelle universalité de l’athlétisme, qui est le coeur et l’âme des Jeux olympiques », s’est félicité le Britannique.

Le ton est donné. Pour le président de World Athletics, les choses sérieuses commencent enfin aux Jeux de Paris 2024. L’athlétisme prend possession de l’événement. La discipline n’en partira plus jusqu’au dernier jour du programme, dimanche 11 août.

Sebastian Coe en a profité pour se présenter devant les médias, jeudi en début d’après-midi. Une conférence de presse d’une heure pile, sans temps mort, où le Britannique est revenu sans langue bois sur la décision de World Athletics de bousculer l’ordre établi en distribuant une prime de 50.000 dollars à chacun des champions olympiques aux Jeux de Paris 2024.

Annoncée en avril dernier, pendant SportAccord à Birmingham, l’initiative de l’instance internationale a été accueillie dans le mouvement olympique par un concert de critiques. Mais Sebastian Coe n’en démord pas : « Je reste persuadé que nous allons dans la bonne direction. Cette décision est juste, car il est normal de récompenser les athlètes aux Jeux olympiques comme ils le sont aux championnats du monde. Et je dois vous avouer que je trouve surprenant que les gens ne voient pas la corrélation entre les revenus que le mouvement olympique perçoit des diffuseurs et la rémunération des athlètes. Ces recettes sont assurées par les athlètes, il me semble normal qu’ils en reçoivent une partie. »

Pas question pour Sebastian Coe et pour World Athletics, donc, de faire un pas en arrière, au risque de se mettre à dos les autres fédérations internationales. A l’évidence, le Britannique s’en moque. Il reste droit dans ses bottes. « Je tiens à préciser que cette décision de rétribuer les athlètes aux Jeux de Paris 2024 a été prise à l’unanimité des membres de notre Conseil, a-t-il insisté. Nous ne sommes pas les seuls à récompenser financièrement les médaillés. Plus de 60 % des comités nationaux le font également, et cela depuis aussi longtemps que je peux m’en souvenir. Depuis ces derniers mois, j’ai échangé sur ce sujet avec un grand nombre d’athlètes dans d’autres sports que l’athlétisme. Ils m’ont tous assuré être favorables à notre initiative. Mais je n’ai pas été élu pour présider les autres instances du mouvement olympique. »

Jon Ridgeon, le directeur exécutif de World Athletics, a enfoncé le clou en se servant d’un outil aussi solide. « On nous rétorque que cet argent serait plus utile au développement de l’athlétisme, a-t-il souligné devant les médias. Mais l’un n’empêche pas l’autre. Nous avons consacré 15 millions de dollars au développement, un peu partout dans le monde. Et nous allons encore augmenter cette somme lors de la prochaine olympiade. »

Qu’on se le dise, l’athlétisme veut continuer à innover, sans craindre de naviguer parfois en solo dans les vents contraires. Et sa fédération internationale entend bien le faire en toutes saisons. Aux Jeux d’hiver, notamment. Sebastian Coe l’a confirmé : les discussions ont débuté avec David Lappartient, le président de l’Union cycliste internationale (UCI), pour tenter de faire entrer le cross-country et le cyclo-cross aux Jeux d’hiver. « Il reste encore des détails à régler pour être tout à fait alignés, a-t-il expliqué. Mais nous faisons cause commune. Je suis convaincu que la place du cross-country est aux Jeux d’hiver. Cela permettrait de faire venir un plus grand nombre de pays africains. »

Prudent, Sebastien Coe n’a pas évoqué une échéance précise pour un retour du cross-country dans le programme olympique. Mais il a laissé entendre que les Jeux d’hiver à Salt Lake City en 2034 pourraient constituer un terrain favorable. « J’ai eu une discussion très positive sur cette question avec le comité olympique américain », a confié le Britannique.