Il a connu les Jeux dans la peau d’un athlète. A trois reprises. Avec, au bout de l’effort, autant de médailles olympiques : argent à Pékin 2008 et Londres 2012, bronze à Rio 2016. Il les traverse aujourd’hui dans un rôle plus officiel, celui de membre du CIO.
Elu à la commission des athlètes lors des Jeux de Tokyo 2020, Pau Gasol a rencontré les médias, vendredi 2 août. L’ancien basketteur espagnol, aujourd’hui âgé de 44 ans, promène sur les Jeux de Paris 2024 un regard de connaisseur. Il en évoque les réussites, mais sans occulter les questions que l’événement peut susciter chez les athlètes.
FrancsJeux : Que pensez-vous des Jeux de Paris 2024, à ce stade de l’événement, en votre qualité de membre de la commission des athlètes ?
Pau Gasol : Ce sont mes premiers Jeux comme membre du CIO. A ce stade, je les trouve très réussis. Le village est très bien, les athlètes sont heureux. Il y a eu de belles histoires, Simone Biles, Katie Ledecky… Je suis allé à Lille voir le basket. Les matches réunissent plus de 20.000 spectateurs, pour les hommes comme pour les femmes. C’est la première fois qu’un tournoi olympique de basket se déroule aussi loin de la ville-hôte. Mais il y a aussi eu quelques soucis : la nourriture au village, la salle de restaurant, la climatisation, l’eau de la Seine. Nous avons soulevé toutes ces questions, il était important de le faire au nom de la commission des athlètes. Elles ont été réglées.
La climatisation dans les chambres du village a été un sujet très débattu avant le début des Jeux. Quelle est votre position sur cette question ?
Je comprends la volonté du COJO Paris 2024 de proposer des Jeux durables, des Jeux qui envoient un message. Ils ont construit le village dans cet état d’esprit, en accord avec les recommandations du CIO, sans climatisation dans les chambres. Il ne faut pas perdre de vue que la climatisation n’est pas encore vraiment dans la culture des pays d’Europe. Elle n’est pas aussi présente qu’aux Etats-Unis, par exemple. Mais il faut aussi trouver un équilibre avec le confort des athlètes et les conditions de la performance. J’ai eu l’occasion d’évoquer cette question avec Tony Estanguet et Martin Fourcade (membre du CIO et président de la commission des athlètes du COJO Paris 2024). La solution qui a été trouvée, avec des appareils portables pour ceux qui le souhaitent, me semble respecter cet équilibre.
Quelles différences avez-vous notées entre les villages que vous avez connus lorsque vous étiez joueur de basket-ball, et celui des Jeux de Paris 2024 ?
La première différence, la plus importante sans doute, est cet espace dédié à la santé mentale. Les athlètes peuvent venir y chercher la paix et la tranquillité. C’est un plus, surtout avec l’omniprésence des réseaux sociaux. L’autre évolution est la technologie. Aujourd’hui, les athlètes ont des applis pour à peu près tout. Nous n’en étions pas là aux Jeux de Pékin 2008 ou Londres 2012.
Aux Jeux de Paris 2024, la cérémonie d’ouverture sur la Seine a été aussi une différence considérable avec les Jeux antérieurs…
C’est vrai. OBS a fait un boulot formidable sur cette cérémonie. Elle a été un très bon produit de télévision. Maintenant, je veux savoir ce que les athlètes en pensent. Ils sont les premiers concernés. Nous allons les écouter. Pour en avoir vécu plusieurs, je sais que l’entrée dans le stade est un moment très fort et très particulier. A la commission des athlètes, nous recherchons et favorisons l’échange avec les autres sportifs. Ils doivent s’exprimer, se faire entendre, évoquer leurs problèmes s’ils en ont.
Il a été beaucoup question de la loi Rodchenkov, pendant la session du CIO avant le début des Jeux, lors de l’élection de Salt Lake City pour les Jeux d’hiver 2034. Qu’en pensez-vous ?
C’est un vrai problème, car la façon dont les Américains utilisent cette loi met en péril la sécurité des membres du mouvement olympique aux Etats-Unis. Je pense que l’élection de Gene Sykes (le président du comité olympique américain) comme membre du CIO peut apaiser la situation. A la session, j’ai ressenti parmi les membres une grande excitation à l’idée de retourner à Salt Lake City. Mais en même temps, nous ne pouvons pas ignorer les dangers de cette loi Rodchenkov.