— Publié le 4 août 2024

Paris 2024, une première semaine pleine de leçons

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Thomas Bach n’aime pas perdre de temps. Invité à rencontrer les médias samedi 3 août, à l’entame du week-end marquant la mi-parcours des Jeux de Paris 2024, le président du CIO a pris les devants. Il a annoncé d’une voix pleine d’assurance, en multipliant les regards vers Tony Estanguet, assis à sa droite, que Paris 2024 allaient rester dans l’histoire comme « les Jeux d’une nouvelle ère ».

Thomas Bach va sans doute un peu vite. Les Jeux ne sont pas terminés. Et il est toujours délicat de tenir pareil propos sans oser un pas de recul. Il n’empêche, les Jeux de Paris 2024 ont déjà été marqués, sur les terrains de compétition, par plusieurs événements, tendances et leçons à retenir pour le mouvement olympique. FrancsJeux en a sélectionné trois.

La Chine marche en tête. Elle était attendue très haut, mais pas forcément aussi haut. A l’heure du déjeuner, dimanche 4 août, la Chine était en tête du classement médailles. Avec 16 titres olympiques, pour un total de 37 places sur le podium, les Chinois devançaient les Américains, plus médaillés (61), mais moins souvent vainqueurs (14). Plutôt promise par les analyses et les estimations à la deuxième place, la Chine doit sa flatteuse position aux faux pas répétés des athlètes américains, moins brillants que prévus en natation, et mal partis en athlétisme. Pour la seule soirée du samedi 3 août, ils ont laissé échapper au Stade de France deux titres olympiques qui leur semblaient promis : sur 100 m féminin, où Julien Alfred a dominé Sha’carri Richardson, et au 4×400 m mixte, où un dernier relais de tueuse de Femke Bol a offert la victoire aux Pays-Bas. La suite des épreuves d’athlétisme devrait normalement ramener les Etats-Unis en pole position, mais il faudra retenir des Jeux de Paris 2024 que les Chinois gagnent encore du terrain. Ils ont décroché pour la première fois un titre olympique en tennis (Zheng Qinwen au simple dames), battu à la Défense Arena le seul record du monde des épreuves de natation (Pan Zhanle en 46 sec 40), tout en continuant à écraser la concurrence en plongeon et tennis de table.

L’universalité au sommet de la pyramide. Le CIO peut se frotter les mains : l’universalité des Jeux olympiques, favorisée par les largesses financières de la Solidarité olympique (650 millions de dollars pour le cycle 2025-2028), ne transparait pas seulement dans les listes d’engagement et lors de la parade des délégations. Aux Jeux de Paris 2024, elle se manifeste aussi sur les podiums. En athlétisme, la Dominique (Thea LaFond-Gadson au triple saut féminin) et Sainte-Lucie (Julien Alfred au 100 m féminin) ont décroché la première médaille de leur histoire. Dans les deux cas, elle est en or. Les deux pays ont en commun de participer aux Jeux olympiques depuis la même édition, Atlanta 1996. En gymnastique, Nariman Kurbanov a offert au Kazakhstan sa première médaille dans la discipline. Toujours en gymnastique, la victoire du Philippin Carlos Yulo (photo ci-dessus) au sol, samedi 3 août, est la première dans ce sport non seulement de son pays, mais aussi de l’Asie du sud-est.

Les primes aux médailles, un monde d’inégalités. Sebastian Coe, montré du doigt par le mouvement olympique pour avoir osé rompre la tradition en annonçant des primes de 50.000 dollars aux champions olympiques en athlétisme, le faisait remarquer fort justement cette semaine en conférence de presse : le prize money aux Jeux n’est pas une invention de World Athletics. « Environ 60 % des comités nationaux olympiques récompensent financièrement leurs médaillés, a rappelé le Britannique. Et cela existe depuis aussi longtemps que je peux m’en souvenir. » Aux Jeux de Paris 2024, le dossier révèle des inégalités parfois très spectaculaires. Un médaillé d’or américain reçoit 37.000 dollars en récompense de sa performance. « Une somme indécente, ridiculement trop faible », a reconnu Sarah Hirshland, la directrice générale de l’USOPC, mais sans pouvoir promettre qu’elle serait augmentée. Aux Philippines, sa médaille d’or au sol rapportera au gymnaste Carlos Yulo un package de primes, avantages et privilèges à donner le tournis. Citons, en vrac, un maison pour lui-même et sa famille, plus un appartement de deux chambres entièrement meublé (valeur 400.000 dollars), un chèque de 10 millions de dollars signé par la Commission nationale des sports, un deuxième chèque de 3 millions attribué par la Chambre des représentants, plus une liste encore assez floue de cadeaux offerts par une variété de magasins, marques et restaurants aux Philippines.