Est-ce un effet Paris 2024 ? La flamme des Jeux olympiques tout juste éteinte dans la capitale française, un nouveau pays souhaite se lancer dans la course à une édition future. Il est européen. Et n’a jamais, jusque-là, tenté sa chance pour accueillir les Jeux d’été.
Le Premier ministre polonais, Donald Tusk (photo ci-dessus), a annoncé aux médias, en fin de semaine passée, que son pays allait se porter officiellement candidat. Il a même annoncé une date, ou plutôt deux : 2040 ou 2044. « La perspective réaliste, compte tenu des décisions, des engagements et des déclarations préliminaires du CIO, est que nous pouvons parler de 2040 ou 2044″, a expliqué Donald Tusk.
Le Premier ministre a poursuivi : « Je dédie cette décision aux jeunes de 10, 12 et 15 ans d’aujourd’hui. La Pologne se portera officiellement candidate à l’organisation des Jeux olympiques ».
Nouveau, donc. Au moins pour l’échéance. Et déjà très affirmatif. Donald Tusk ne s’exprime pas au conditionnel. Il évoque le projet comme une quasi certitude.
Mais les ambitions olympiques et paralympiques polonaises ne date pas d’aujourd’hui. Dès l’an passé, dans la foulée des Jeux européens 2023 organisés avec succès à Cracovie et dans la région de Malopolska, les autorités polonaises s’étaient mises à rêver tout haut.
Le ministre des Sports de l’époque, Kamil Bortniczuk, avait évoqué l’idée d’une candidature olympique. « Nous devrions postuler pour les premiers Jeux olympiques disponibles, c’est-à-dire l’édition 2036, avait-il suggéré face aux médias. La Pologne a un niveau de développement économique, des ressources budgétaires et une expérience suffisants. Nous pouvons le faire. La décision est politique. J’insisterai pour qu’elle soit prise. »
Le président de la République, Andrzej Duda, avait très vite embrayé sur cette première annonce, expliquant avoir débuté les discussions avec les ministères concernés et avec le comité national olympique. « J’ai l’intention de faire tous les efforts pour avoir les Jeux olympiques d’été dans notre pays en 2036″, avait-il insisté.
Mais un sérieux de froid a été soufflé en début d’année 2024 par le nouveau ministre polonais des Sports, Slawomir Nitras, à l’occasion d’une interview sur une radio locale. « Pour qu’un tel projet soit concrétisé par une réussite, il faudrait présenter une candidature et se confronter à la concurrence des autres pays, a-t-il déclaré. Mais la Pologne n’est pas prête pour cela aujourd’hui. Postuler aux Jeux est une décision sérieuse. Le moment venu, lorsque nous estimerons être prêts, nous ferons une offre. Je ne ferme pas la porte. »
Depuis, plus rien, jusqu’à l’annonce de la semaine passée. La Pologne y pense toujours. Mais elle y songe dans un avenir moins immédiat. Slawomir Nitras semble avoir été convaincant dans sa volonté de repousser le projet d’une édition, voire de deux.
La Pologne n’a jamais encore jamais accueilli les Jeux olympiques, ni en été ni en hiver. Pour la version estivale, elle n’a même jamais été candidate. Pour l »hiver, en revanche, elle a tenté deux fois sa chance, avec Zakopane pour les Jeux en 2006, puis Cracovie pour l’édition 2022. Mais cette deuxième tentative a été étouffée avant même le vote, un référendum rejetant massivement le projet.
En exprimant publiquement son ambition, la Pologne rejoint un bataillon de pays ayant déjà manifesté, plus ou moins clairement, leur intention de se lancer dans la course. Pour la première édition disponible – les Jeux d’été en 2036 -, l’Inde, l’Indonésie, l’Egypte, la Turquie, le Qatar et la Hongrie sont annoncés partants. Ils ne seront sans doute pas les seuls lorsque le signal du départ sera donné.
Pour les suivantes, il est logique de penser que les battus de la course aux Jeux en 2036 pourraient tenter à nouveau leur chance. L’Allemagne, également, ne fait pas mystère de ses intentions, mais sans avoir pris de décision entre l’été et l’hiver, l’édition 2036 ou la suivante. L’Arabie saoudite se lancera elle aussi à coup sûr dans la bataille.
Mais pour le CIO, la priorité du moment est ailleurs. Elle est nettement plus interne, puisqu’elle concerne la succession de Thomas Bach à la présidence. L’élection doit se tenir au mois de mars en Grèce, pour une prise de fonction du nouveau président au mois de juin. Jusque-là, les candidatures olympiques devront patienter.