La campagne n’est pas lancée. Pas encore. Au moins officiellement. Mais les candidats à la succession de Thomas Bach à la présidence du CIO en connaissent désormais les règles. Plus important : ils ont eu connaissance du calendrier devant conduire, en juin 2025, à l’arrivée d’un nouveau patron dans le mouvement olympique.
Dans un long document de huit pages, publié au lendemain de la clôture des Jeux de Paris 2024, le CIO précise en toutes lettres les règles de la campagne pour la présidence, la première vécue par l’instance depuis 2013. Elles se révèlent très strictes. Le contraire aurait été un scoop.
Les dates, d’abord. La première arrivera très vite, puisqu’elle est fixée au 15 septembre. A cette date, les postulants à la succession de Thomas Bach devront avoir exprimé leur intention, donc déclaré leur candidature, dans un courrier adressé au président du CIO.
Dès le lendemain, lundi 16 septembre, Lausanne publiera un communiqué où seront listés le ou les candidats au poste de président. La liste comprendra des « informations sur le statut de membre du CIO de chaque candidat, ainsi que toute autre fonction exercée au sein du Mouvement olympique », précise l’instance. Elle indique également que le communiqué sera envoyé à tous les postulants « peu avant sa publication. »
La campagne pourra alors officiellement débuter. Elle durera un peu plus de six mois, avant une élection organisée pendant la 143ème session du CIO, du 18 au 21 mars 2025 à Olympie, en Grèce. Elle n’autorisera aucun débat entre les postulants, mais prévoit une présentation à tous les membres du CIO, du 20 au 24 janvier à Lausanne.
Les règles, maintenant. Comme le veut la tradition, sinon l’usage, les directives énoncées dans le document laissent aux candidats une marge de manoeuvre très réduite. Officiellement, ils n’ont pas droit à grand-chose. En coulisses, la réalité s’annonce différente.
Dans son document, le CIO précise ainsi que la « promotion d’une candidature à la présidence du CIO doit exclure toute forme de publicité (y compris, mais sans s’y limiter, une publicité payée dans tout type de média, quelle que soit la personne/entité qui finance la publicité). » Elle indique que le recours à une agence de communication est « limité à la production du document de candidature. »
Il est également mentionné que les candidats doivent limiter au maximum « leurs déplacements personnels liés à la campagne électorale, afin d’éviter des dépenses excessives, qui pourraient être un facteur d’inégalité entre eux. »
Pas question, donc, de courir le monde pour y rencontrer un à un tous les votants. Mais le texte du CIO se veut très vague. Limiter ne veut pas dire interdire. Tout juste recommande-t-il aux postulants de contacter plutôt leurs collègues membres du CIO « par des moyens virtuels. »
Il est également mentionné que les voyages de campagne, à la charge des candidats, doivent être annoncés et enregistrés 10 jours à l’avance.
Autre règle : le financement. « Aucune assistance, qu’elle soit financière, matérielle ou en nature, directe ou indirecte, ne sera apportée aux candidats par un membre du CIO ou par toute autre personne ou entité », explique la commission d’éthique dans son document. Elle rappelle également, en souvenir d’un temps supposé révolu, que les « cadeaux, dons, ou avantages de quelque nature ou valeur que ce soit » sont interdits.
Enfin, mais plus délicat à contrôler, les candidats « ne doivent faire aucune promesse ni prendre aucun engagement, quel que soit le moment de l’action promise, au bénéfice direct ou indirect d’un membre du CIO, d’un groupe de membres du CIO, d’une organisation, d’une région ou d’un partenaire. Une telle promesse ou un tel engagement serait perçu comme une tentative d’atteinte à l’intégrité de l’institution. »
En clair, les candidats n’ont officiellement droit à rien, ou au moins à pas grand-chose. Il leur faut convaincre sur leur seul nom, leur parcours et leur vision, en mode virtuel plutôt qu’en face à face, sans jamais mettre la main au portefeuille ni se faire assister par des experts du lobbying. Voilà pour la théorie. Pour la pratique, attendons le 16 septembre.