Le rideau est tombé sur les Jeux olympiques de Paris 2024. La Russie, représentée par une quinzaine d’athlètes engagés sous bannière neutre, a brillé par sa discrétion. C’était prévu et voulu. Mais les choses ne semblent pas prêtes de changer pour le mouvement olympique russe, alors que débute une nouvelle olympiade. Dans les mots comme dans les faits.
Les mots, d’abord. Stanislav Pozdnyakov, le président du Comité olympique russe (ROC), s’est servi d’un discours maintes fois entendu, au moins dans le message, pour revenir sur les Jeux de Paris 2024. L’ancien escrimeur l’a répété : une édition olympique sans la Russie n’est pas tout à fait complète.
« Ma position personnelle est que les Jeux olympiques sans la participation de l’équipe russe composée des meilleurs athlètes du monde dans un certain nombre de disciplines ne peuvent être qualifiés ni de complets ni d’équitables », a-t-il souligné, cité par l’agence TASS. Refrain connu.
Le président du ROC a poursuivi : « Malheureusement, l’ordre politique a triomphé au sein du CIO. Il a dominé les principes sportifs d’honnêteté et l’esprit olympique de solidarité entre les pays et les peuples. C’est pourquoi, pour nous, la page des Jeux de Paris 2024 est blanche et sans contenu. Pour nous, elle est déjà tournée. »
Les faits, maintenant. Là aussi, pas de changement à venir. Dans l’immédiat, au moins. Mais Stanislav Pozdnyakov ne s’interdit pas de croire à un retour en pleine lumière. « Le ROC est toujours suspendu, rappelle-t-il. Nous nous efforçons actuellement de ne pas aggraver la situation. Mais je suis plutôt satisfait des relations que nous entretenons avec le reste du mouvement olympique. Avec mon expérience, je sais que nous devrions pouvoir revenir à une situation plus favorable. »
Peut-être. Ou peut-être pas. Le président du ROC le sait : un changement majeur va modifier la donne, au premier trimestre 2025, avec l’élection d’un nouveau président au CIO. Son identité n’est pas encore connue, pas plus que la liste officielle des prétendants. Mais le départ de Thomas Bach et l’arrivée à Lausanne de son successeur ne seront pas sans effet sur la situation de la Russie.
En théorie, une gouvernance renouvelée pourrait sonner comme une bonne nouvelle pour la Russie, pour son comité national olympique et pour ses athlètes. Mais Stanislav Pozdnyakov ne se berce pas d’illusions. Il l’a expliqué à TASS : « Le président Thomas Bach et le CIO sont les otages d’un modèle économique. L’écrasante majorité des sponsors sont des sociétés transatlantiques, généralement avec une participation occidentale. Ils font pression sur le CIO. Il reste aujourd’hui difficile de dire si le successeur de Thomas Bach sera meilleur ou pire ».
En attendant, le président du ROC ne semble guère croire aux chances de la Russie de participer normalement, sous ses couleurs et au complet, aux Jeux d’hiver de Milan-Cortina 2026. « Avec les changements à venir au CIO, il n’est pas facile d’évaluer nos perspectives », avance-t-il.
En l’absence de réponse, Stanislav Pozdnyakov préfère cocher sur sa feuille de route deux autres rendez-vous olympiques plus éloignés dans le calendrier : les Jeux de la Jeunesse à Dakar en 2026 et les Jeux de Los Angeles 2028. « Nous préférons nous fixer des objectifs concrets », explique-t-il. Concrets, peut-être, mais encore très flous.