Près de trois semaines ont passé depuis la fin des Jeux olympiques de Paris 2024. Pas encore tout à fait l’heure du bilan pour les fédérations internationales, mais déjà celui de revenir sur les moments forts de l’événement. Avec recul, mais aussi avec émotion.
Emmanuel Katsiadakis, le président par intérim de la Fédération internationale d’escrime (FIE), s’est prêté au jeu. Pour FrancsJeux, il rembobine les images et les leçons les plus marquantes d’une compétition olympique qui marquera l’histoire de la discipline.
FrancsJeux : Quelle impression gardez-vous des épreuves d’escrime des Jeux de Paris 2024 ?
Emmanuel Katsiadakis : Elles m’ont laissé une impression de talent, de stratégie et d’élégance. Les athlètes ont démontré toute leur maîtrise de l’escrime, ils ont fait de cette compétition une démonstration de qualités athlétiques et de force mentale. L’atmosphère était électrique, les spectateurs ont exprimé toute leur énergie et leur enthousiasme. Ces épreuves olympiques ont illustré toute la beauté et la ferveur de notre sport.
D’un point de vue personnel, quel en a été le moment le plus fort ?
J’ai vraiment essayé de choisir un seul moment, mais c’est impossible. L’ensemble de la compétition, dans un lieu extraordinaire, a été un moment exceptionnel dans l’histoire de l’escrime. Elle a été célébrée chaque jour, avec des sessions à guichets fermés, avec une foule incroyable. Je l’ai déjà dit, l’escrime est entrée dans une nouvelle ère grâce aux Jeux de Paris 2024.
Un mot sur le Grand Palais, reconnu par beaucoup comme l’un des plus beaux sites des Jeux.
Ce lieu historique a été la parfaite « maison » pour notre sport. Cette alliance de l’excellence sportive et de la magnificence architecturale au Grand Palais a incarné l’esprit de l’olympisme, combinant le sport avec la culture, l’éducation et la philosophie de l’escrime.
L’organisation a-t-elle répondu à vos attentes ?
Elle a non seulement répondu aux attentes, mais elle les a dépassées. Les longues années de préparation ont payé, le comité d’organisation a démontré un très haut niveau de professionnalisme. Je relève aussi l’engagement du COJO à promouvoir la diversité et la culture, en accompagnant les compétitions d’événements culturels et de célébrations. Les investissements dans les installations sportives, le développement urbain et les projets culturels continueront très certainement à profiter à la ville longtemps après la fin des Jeux.
Ces Jeux pourraient-ils marquer un tournant pour l’escrime ?
Oui. Il ne fait aucun doute que l’escrime est entrée dans une nouvelle ère, elle a touché des millions de spectateurs et de fans dans le monde entier. En plus d’un public à guichets fermés au Grand Palais pour chaque jour de compétition, des millions de personnes dans le monde ont suivi l’escrime à la télévision et sur les médias sociaux. Les Jeux ont accru la visibilité et la popularité de l’escrime. J’espère que cela permettra d’attirer de nouveaux participants. A nous, maintenant, de faire de notre mieux pour grandir encore et inspirer une nouvelle génération d’athlètes et de supporteurs.
Trois pays asiatiques et les États-Unis ont terminé aux quatre premières places du tableau des médailles. Comment expliquez-vous cette domination de nations qui ne sont pas les plus traditionnelles de l’escrime ?
Le mot domination ne me semble pas correct. Je préfère parler de mondialisation de l’escrime. La FIE a investi dans la promotion dans le monde entier. Les programmes de développement des athlètes et de formation des entraîneurs, l’aide financière, les académies et, bien sûr, une coopération très active avec les fédérations nationales, sont autant de facteurs qui expliquent cette mondialisation. En continuant à donner la priorité au développement, nous pouvons anticiper l’émergence de grands escrimeurs, où qu’ils se trouvent dans la communauté internationale de l’escrime.
Treize pays figurent dans le classement des nations. Est-ce un autre signe de l’universalité de l’escrime ?
Bien sûr. Pas moins de 53 comités nationaux olympiques ont participé aux épreuves olympiques, avec 212 athlètes, répartis équitablement entre 106 femmes et 106 hommes. Les médailles ont été réparties entre quatre continents et 13 pays. Ces chiffres illustrent l’universalité de l’escrime, mais aussi la compétitivité d’un nombre accru de nations. À mesure que de plus en plus de pays investissent dans des programmes d’escrime et forment des athlètes de talent, notre sport continuera à se développer un peu partout sur la planète. A la FIE, nous nous y engageons. La diversité du classement des nations est une autre preuve de la nature inclusive de l’escrime, où des athlètes d’origines diverses ont l’occasion d’exceller sur la scène mondiale.