— Publié le 2 septembre 2024

L’Asie dit non à World Boxing et reste à l’IBA

Institutions Focus

L’avenir olympique de la boxe ne tenait déjà pas à grand-chose. Depuis samedi 31 août, il semble désormais suspendu à un fil. Et il est mince.

Réunie à Al Ain, en Arabie saoudite, le congrès extraordinaire de la Confédération asiatique de boxe (ASBC) devait se prononcer par vote sur son adhésion à World Boxing, la nouvelle instance internationale de la boxe, créée en avril 2023 pour concurrencer l’IBA et prendre sa place dans le mouvement olympique.

La question était d’importance, tant pour la boxe en Asie que dans le reste du monde. En étant favorable, le vote aurait pu donner un nouvel élan à Word Boxing, dont la progression se révèle lente et laborieuse, malgré la bienveillance à son égard manifestée par le CIO.

Mais, non sans surprise, les fédérations nationales asiatiques ont choisi dans leur majorité de rester fidèles à l’IBA. A la question de l’adhésion à World Boxing, elles ont été 21 à répondre par la négative. Dans le camp d’en face, 14 fédérations nationales ont voté pour. Un bulletin a été déclaré invalide. Précision : le scrutin s’est déroulé à bulletin secret.

La convocation d’une assemblée générale extraordinaire le 31 août avait été décidée un mois plus tôt sur proposition du comité exécutif de l’ASBC, dont les membres souhaitaient adopter une position commune sur une possible adhésion à World Boxing. Elle s’est tenue en marge des championnats d’Asie juniors et scolaires.

A court terme, le non du continent asiatique à un ralliement à Word Boxing a deux conséquences. La première est évidente : l’IBA conserve toutes ses forces. Elle n’est pas encore touchée par l’exil massif anticipé au printemps 2023 lors de la création de World Boxing. La nouvelle instance, présidée par le Néerlandais Boris van der Vorst, recense actuellement 42 fédérations nationales. Ses effectifs grossissent, mais à un rythme encore très ralenti.

Preuve d’un rapport des forces toujours largement en faveur de l’IBA : World Boxing n’a pas souhaité s’exprimer après la décision du continent asiatique. Elle n’a publié aucun communiqué de presse. L’IBA, de son côté, l’a fait au lendemain de l’annonce. Elle explique se « féliciter de la décision démocratique des délégués du congrès de la Confédération asiatique de boxe (ASBC) de rester au sein de l’IBA. Cette décision reflète les années de travail acharné de l’IBA dans le développement de la boxe dans le monde entier et la véritable unité de la famille de la boxe de l’IBA. »

Autre conséquence, moins attendue : la démission du président de l’ASBC, le Thaïlandais Pichai Chunhavajira. « A la lumière des décisions prises aujourd’hui, j’ai choisi de démissionner de mon poste au sein du conseil d’administration de l’IBA, a-t-il annoncé dans un communiqué. Cette décision n’a pas été facile à prendre, mais elle est nécessaire. Je me concentrerai désormais sur un seul objectif : assurer l’avenir de la boxe aux Jeux olympiques et veiller à ce que l’ASBC continue à jouer le rôle vital qui est le sien depuis longtemps dans ce sport. »

Les questions, maintenant. La première concerne les 14 fédérations asiatique ayant voté samedi 31 août en faveur d’un ralliement à World Boxing. Vont-elles aller au bout de leur démarche en quittant l’IBA, malgré le résultat du vote du congrès extraordinaire ? Rien n’est certain. A ce jour, huit pays asiatiques ont rejoint World Boxing. Tous l’avaient fait bien avant la convocation d’un congrès extraordinaire.

Deuxième question, plus décisive : le vote des délégués de l’ASBC en faveur de l’IBA menace-t-il encore plus l’avenir de la boxe aux Jeux de Los Angeles 2028. La réponse est moins incertaine. Elle est positive.

En se ralliant massivement à World Boxing, l’Asie aurait permis à la nouvelle instance de quasiment doubler d’un coup ses effectifs. Elle aurait pu alors retourner voir le CIO avec des arguments plus solides pour espérer obtenir sa reconnaissance. Mais avec seulement 42 pays membres, la reconnaissance ne semble pas encore d’actualité.

Le CIO l’a répété à plusieurs reprises pendant les Jeux de Paris 2024 : la boxe a besoin d’une nouvelle fédération internationale solide et crédible. Malgré ses efforts, World Boxing ne pèse pas encore assez lourd. Mais le temps presse. Thomas Bach l’a expliqué à la veille de la clôture des derniers Jeux olympiques : la décision d’inclure ou non la boxe au programme des Jeux de LA 2028 pourrait être prise au cours du premier semestre 2025.