Tony Estanguet ne s’en était jamais caché : réussir l’opération billetterie des Jeux paralympiques de Paris 2024 ne s’annonçait pas chose facile. Le président du COJO avait même confié à FrancsJeux, en avril dernier, qu’il s’agissait sans doute du « plus gros défi » à relever dans la dernière ligne droite.
Les chiffres ont longtemps justifié ses craintes, avec seulement un million de billets vendus au moment du début des Jeux olympiques, dont la majorité acquis par les pouvoirs publics. Mais la tendance s’est inversée.
A quatre jours de la fin des Jeux paralympiques, Tony Estanguet peut souffler. L’événement a trouvé son public. Son succès populaire a même dépassé les espérances, avec plus de 2,3 millions de billets, au dernier décompte communiqué en tout début de semaine par les organisateurs.
Selon les chiffres de l’IPC, le record appartient toujours aux Jeux de Londres 2012, où les Britanniques avaient réussi à écouler 2,7 millions de places. Craig Spence, le porte-parole de l’instance paralympique, a expliqué en conférence de presse que la marque ne serait pas battue cette année à Paris.
« Les jauges étaient plus importantes à Londres 2012, a-t-il rappelé. Paris ne pourra donc pas égaler ou battre le record. Mais il est possible d’atteindre 2,5 millions de billets. » Avec un tel résultat, les Jeux de Paris 2024 prendraient place au deuxième rang de l’histoire. Surtout, ils afficheraient presque complet, le COJO ayant revu sa jauge à la baisse, avant le début de l’événement, passant de 2,8 millions de places à vendre à une fourchette plus réduite, entre 2,5 et 2,6 millions.
La raison de ce succès, Etienne Thobois a tenté de l’expliquer en conférence de presse. « Nous surfons sur l’esprit des Jeux olympiques, avec un public qui a adhéré à cet esprit, a suggéré le directeur général du comité d’organisation. Maintenant, nous avons un public aussi nombreux qui adhère à l’esprit paralympique. C’est un signal positif dans une société qui a besoin de plus de signaux positifs. »
Les chiffres lui donnent raison, avec un décollage spectaculaire des ventes des places après la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques. Elles ont plus que doublé, plus de 1,3 millions de places ayant été achetées en un peu plus d’un mois.
Etienne Thobos a également rappelé que le comité d’organisation avait fait le choix, depuis le premier jour, d’associer en toutes circonstances les deux événements. Un logo commun, des sites de compétition identiques, une communication renforcée autour des Jeux paralympiques, avec le lancement l’an passé de la première Journée paralympique. Le match retour après la rencontre aller. Deux volets d’un même projet.
Les athlètes en sont les premiers surpris. Plus habitués aux tribunes vides, ou dans le meilleur des cas faiblement remplies, ils ont découvert des travées pleines et bruyantes, un public bouillant et une ambiance dont ils n’avaient même jamais rêvé. « On se croyait presque au Tour de France », a osé le Français Alexis Hanquinquant au lendemain de sa médaille d’or au para triathlon, pour décrire l’atmosphère tout au long de la course.
« Avant les Jeux, j’ai imaginé une ambiance de dingue, mais le résultat est dix fois supérieur à ce que j’avais anticipé, a témoigné un autre athlète français, Antoine Praud, médaillé de bronze sur 1.500 m (T46) en para athlétisme, samedi 30 août au Stade de France. Le public m’a porté tout du long. »
Mardi 3 septembre, la France a décroché en para natation sa 100ème médaille à Paris 2024, Jeux olympiques et paralympiques confondus. Trois ans plus tôt, aux Jeux de Tokyo 2020, le compteur s’était arrêté à 87 sur l’ensemble des deux événements (33 médailles olympiques, 54 paralympiques). La réussite est donc aussi sportive. Le public n’y est sûrement pas pour rien.