— Publié le 12 septembre 2024

Pour la présidence du CIO, les règles réduisent le casting

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Semaine décisive dans la course à la présidence du CIO. Les candidats à la succession de Thomas Bach à la tête de l’instance olympique devront avoir envoyé leur lettre d’intention au plus tard dimanche 15 septembre. La liste des postulants éligibles sera dévoilée dans la journée du lendemain.

Tout sauf un hasard : les membres du CIO ont reçu cette semaine une lettre signée de Ban Ki-moon, l’ancien secrétaire général des Nations unies, président de la commission d’éthique. Elle est datée du 9 septembre. Le document précise les conditions requises pour être élu à la présidence de l’instance en mars prochain, lors de la 143ème session organisée en Grèce.

Leur lecture révèle plusieurs paramètres qui réduisent sensiblement la liste des potentiels successeurs de Thomas Bach. Deux d’entre eux, surtout, pourraient sérieusement resserrer le casting.

En tête de liste, la question de l’âge. La lettre signée par Ban Ki-moon explique en toutes lettres que le futur président « doit être membre du CIO au moment de l’élection et pendant toute la durée de son mandat ». Le mandat en question est fixé à huit ans, avec une possible prolongation de quatre années.

Un candidat trop âgé, susceptible d’être envoyé chez les membres honoraires au cours des huit années entre 2025 et 2033, se trouve donc potentiellement exclu de la campagne présidentielle.

Victime désignée : Sebastian Coe. Le président de World Athletics ne cache pas son ambition de succéder à Thomas Bach. Il a confirmé à la fin des Jeux de Paris 2024 son souhait d’y « réfléchir sérieusement si l’opportunité se présentait. » Seul ennui, mais de taille : le Britannique est âgé de 67 ans. Il aura donc largement dépassé l’âge limite de 70 ans pendant un éventuel mandant de huit ans.

Le document le précise : « Un membre atteignant la limite d’âge de 70 ans perdra sa qualité de membre du CIO, à moins qu’il ne soit proposé par la commission exécutive et élu par la session pour une prolongation de quatre ans. La Charte olympique ne prévoit une telle prolongation qu’une seule fois. »

Autre critère détaillé par Ban Ki-moon : la fonction. « Un membre du CIO élu pour une fonction qui perd cette fonction au cours de son mandat de membre du CIO, y compris en tant que président du CIO, perdra automatiquement sa qualité de membre du CIO et, de ce fait, son mandat prendra fin. » Comprenez : un président de fédération internationale qui ne le serait plus pendant son mandat au CIO perdrait automatiquement sa qualité de membre de l’instance olympique.

Une nouvelle fois, Sebastian Coe est visé. Le Britannique a intégré le CIO en sa qualité de président de World Athletics. Son dernier mandat à la tête de l’instance prendra fin en 2027. Il perdra, de fait, son statut de membre du CIO.

Autre victime potentielle de cette règle : David Lappartient. Proche de Thomas Bach, le Français est parfois cité parmi les potentiels candidats. Il est entré au CIO en 2020 au sein du collège des fédérations internationales. Il le devait à sa fonction de président de l’Union cycliste internationale (UCI). Mais, comme Sebastian Coe, David Lappartient terminera son éventuel troisième et dernier bail à la tête de l’UCI en 2029. Il devrait alors perdre son statut de membre du CIO, quatre ans avant la fin du mandat de huit ans du futur président de l’instance olympique (2033).

Morinari Watanabe, le président japonais de la Fédération internationale de gymnastique (FIG), pourrait lui aussi voir ses ambitions freinées par le critère de la fonction. Entré au CIO en 2018, il aura 66 ans au moment de la session élective. Lui aussi doit son statut de membre à sa qualité de président d’une instance internationale.

Voilà pour les trois possibles candidats les plus concernés par les précisions apportées cette semaine par Ban Ki-moon.

Les gagnants de l’affaire ? Citons en quatre, dont les noms reviennent eux aussi parmi les postulants possibles, voire probables.

Juan Antonio Samaranch Jr. L’Espagnol est un membre individuel du CIO. Il n’est donc pas concerné par la règle liée à la fonction. Agé de 64 ans, il pourrait bénéficier d’une prolongation pour rester au CIO jusqu’en 2033. Il coche donc les deux cases.

Kirsty Coventry, 40 ans, membre individuelle, remplit elle aussi les critères. Copie parfaite également pour Nicole Hoevertsz. Agée de 60 ans, membre individuelle, l’ancienne nageuse artistique d’Aruba est vice-présidente du CIO.

Enfin, les critères d’éligibilité favorisent une autre candidature, moins souvent citée mais très probable, celle du Prince Feisal Al Hussein de Jordanie. Entré au CIO en 2010 comme membre individuel, il aura 61 ans le mois prochain. Le Jordanien est membre de la commission exécutive. Il coche les cases de l’âge et de la fonction. Selon nos informations, il sera candidat. Avec l’ambition de devenir le premier président du CIO issu du continent asiatique.