— Publié le 17 septembre 2024

Un match à sept pour la succession de Thomas Bach

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Ils sont sept. Une femme et six hommes. Quatre Européens, deux Asiatiques et une Africaine. Sept candidats retenus par la commission d’éthique du CIO pour se lancer dans la course à la succession de Thomas Bach à la tête de l’instance olympique.

Les postulants avaient jusqu’au dimanche 15 septembre pour déposer leur candidature. Lundi, Lausanne a dévoilé le casting par un bref communiqué, envoyé à l’heure du déjeuner. L’élection doit se tenir lors de la 143ème session, du 18 au 21 mars 2025 en Grèce, pour une prise officielle de fonction quelques semaines plus tard, à la fin du mois de juin.

Sept postulants, donc. Six d’entre eux étaient attendus, même s’ils n’avaient pour la plupart pas réellement exprimé leur ambition, au moins publiquement. Leurs noms étaient régulièrement cités, dans les médias ou au sein du mouvement olympique. Par ordre alphabétique : le Jordanien Feisal al Hussein, le Britannique Sebastian Coe, la Zimbabwéenne Kirsty Coventry, le Français David Lappartient, l’Espagnol Juan Antonio Samaranch, le Japonais Morinari Watanabe.

Le septième de la course a surpris tout le monde, y compris les mieux informés : Johan Eliasch, le président de la Fédération internationale de ski et snowboard (FIS). Milliardaire possédant la double nationalité britannique et suédoise, il a longtemps présidé le groupe Head.

Avec une telle affiche, tenter de désigner un favori tient pour l’instant de l’exercice purement journalistique. La campagne débute seulement. Elle sera courte jusqu’à l’élection, seulement six mois presque jour pour jour, avec une étape annoncée déterminante : un grand oral de tous les candidats devant les membres du CIO, prévu à la fin du mois de janvier à Lausanne.

Pas de vrai favori, donc. Mais aucun candidat déjà battu d’avance, même si la cote de Johan Eliasch est sans doute la plus élevée, le président de la FIS étant le moins ancien dans la maison, puisque devenu membre du CIO lors de la dernière session, fin juillet à Paris.

Premier dans l’ordre alphabétique : Feisal al Hussein. Le prince jordanien coche beaucoup de cases. Il est membre individuel, entré au CIO en 2010. Il siège à la commission exécutive. L’instance le précise dans sa fiche de candidat : âgé de 61 ans, il « peut être réélu membre du CIO jusqu’à ce qu’il atteigne la limite d’âge de 70 ans en 2033. » Discret mais puissant, fortuné et bien entouré, il ambitionne de devenir le premier président issu du continent asiatique.

Sebastian Coe, le plus médiatique du lot, n’a jamais fait mystère de ses ambitions. Sa candidature était attendue. Elle n’a surpris personne. Mais elle se heurte à deux obstacles. Le premier tient à son statut : il est membre du CIO en sa qualité de président de World Athletics. Une présidence qu’il abandonnera en 2027, au terme de son troisième et dernier mandat. Gênant mais pas insurmontable, le Britannique pouvant être proposé pour un changement de statut et devenir membre individuel. L’autre obstacle est plus problématique : Seb Coe est âgé de 66 ans. Il atteindra la limite d’âge de 70 ans en 2026, soit une année seulement après une éventuelle élection pour huit ans à la présidence du CIO. Autre souci : sa décision d’attribuer des primes aux champions olympiques des Jeux de Paris 2024 lui a attiré les critiques d’une partie du mouvement, dont les présidents des fédérations internationales.

Kirsty Coventry, la seule femme de la course, n’a pas à se soucier de ces règles de la Charte olympique. L’ancienne nageuse avoue seulement 41 ans. Entrée au CIO en 2013 au sein de la commission des athlètes, elle a été prolongée huit ans plus tard comme membre individuelle. Elle bénéficierait du soutien de Thomas Bach. Suffisant pour l’emporter ? Pas sûr.

Invité surprise, Johan Eliasch semble destiné à jouer un rôle mineur dans la campagne. Trop jeune dans la maison, il est contesté dans sa propre famille, la FIS, pour ses prises de position sur le calendrier et les droits marketing. Né en 1962, il aura atteint la limite de 70 ans en 2032, avant la fin d’un éventuel premier mandat de huit ans à la tête du CIO.

David Lappartient était, lui, un candidat attendu. Mais le Français, déjà président de l’UCI et du CNOSF, s’est donné jusqu’au dernier moment pour se décider. Mardi dernier, il a informé les membres du conseil d’administration du comité olympique français qu’il devait rencontrer Thomas Bach puis prendre sa décision au plus tard jeudi 12 septembre. Il semble que sa rencontre avec l’Allemand ait levé ses derniers doutes. David Lappartient a annoncé sa candidature au conseil d’administration du CNOSF par un courrier en date du 16 septembre, dont FrancsJeux a obtenu une copie. « Tout au long de mon parcours, ma passion et mon engagement constant pour le sport et le mouvement olympique ont toujours guidé avec la ferme volonté d’agir pour porter les projets auxquels je crois, écrit-il. Aujourd’hui, cette candidature représente une opportunité importante de continuer à servir ces causes qui me sont chères. »

Membre individuel, entré au CIO en 2001, Juan Antonio Samaranch est sans doute le plus influent des candidats au sein du mouvement olympique. Vice-président de l’instance, il sait parfaitement tirer les bonnes ficelles. Son réseau est solide. Mais il n’est pas certain que les membres de l’instance aient envie de voir un deuxième Samaranch s’installer dans le bureau présidentiel.

Enfin, Morinari Watanabe ambitionne, lui aussi, de devenir le premier Asiatique à présider le CIO. Son âge – 65 ans – ne pourrait pas lui permettre de prolonger un premier mandat de huit ans par un second bail de quatre ans. Président de la Fédération internationale de gymnastique (FIG), le Japonais a gagné en influence au cours des dernières années. Mais sa nationalité n’est pas forcément un avantage à l’heure où les entreprises japonaises – Toyota et Panasonic – quittent le CIO.