Le casting est désormais connu. Il compte sept personnages, soit six hommes et une seule femme. Mais la campagne pour la présidence du CIO, ouverte lundi 16 septembre, n’a pas encore vraiment commencé.
A six mois presque jour pour jour de l’élection, prévue lors de la 143ème session du CIO en Grèce (18 au 21 mars 2025), l’issue de la course reste très incertaine. La dernière élection, en septembre 2013 à Buenos Aires, avait eu l’allure d’un plébiscite pour Thomas Bach. Favori depuis le premier jour, soutenu par le puissant Sheikh Ahmad, l’Allemand l’avait emporté dès le second tour du scrutin, malgré la concurrence de quatre autres candidats.
Cette fois, le paysage semble moins dégagé. Sheikh Ahmad n’est plus là. Et le Koweïtien n’a pas d’équivalent dans le mouvement olympique, en termes d’influence et de réseau. Difficile, donc, de dégager un favori dans la campagne actuelle.
A ce stade, les questions restent encore sans réponse. Mais les deux derniers jours ont permis d’en apprendre un peu plus sur les chances, les intentions et le profil des candidats.
Première leçon : les sept postulants ne sont pas tous égaux face au critère de la limite d’âge, rappelé par Ban Ki-moon, le président de la commission d’éthique du CIO, dans un courrier envoyé la semaine passé à tous les membres de l’instance.
Pour chacun d’entre eux, le CIO a précisé la durée possible du mandat sur la page spéciale de son site Internet consacrée à l’élection. Les deux plus jeunes de la course, Kirsty Coventry (41 ans) et David Lappartient (51 ans), ne sont pas concernés. Ils pourraient effectuer un premier mandat de huit ans, puis prolonger par un second de quatre ans, sans être inquiétés par la question de l’âge.
Pour les cinq autres, en revanche, les règles actuelles du CIO pourraient poser problème. Sebastian Coe, le plus âgé du groupe des sept – il aura 68 ans le 29 septembre -, ne pourrait théoriquement pas aller au bout d’un premier mandat. Tout juste pourrait-il être prolongé comme membre, mais une seule fois, jusqu’en 2030.
Juan Antonio Samaranch et Morinari Watanabe pourraient mener un mandat de huit ans à son terme, mais sans pouvoir aller plus loin. Même chose pour Johan Eliasch, à qui il manquerait deux ans pour finir un deuxième exercice de quatre ans.
En revanche, le Prince Feisal al Hussein de Jordanie pourrait être prolongé jusqu’en 2037. Assez pour boucler un mandat de huit ans, puis enchaîner sur un second d’une durée inférieure de moitié.
Autre leçon : le casting annoncé lundi 16 septembre par Lausanne peut ouvrir la porte à plusieurs grandes premières dans l’histoire de l’instance. Le scrutin du mois de mars prochain peut faire élire la première femme présidente du CIO (Kirsty Coventry), le premier membre issu du continent africain (Kirsty Coventry, encore), le premier Asiatique (Feisal al Hussein ou Morinari Watanabe).
Pour rappel, l’instance a connu depuis sa création seulement neuf présidents. Tous étaient des hommes. Huit d’entre eux étaient européens, le neuvième américain.
Pour le reste, que sait-on ? Plusieurs choses. La première : les sept candidats n’ont pas encore réellement entamé le boulot. Aucun d’entre eux n’a fourni au CIO son document de candidature. Ils seront ajoutés à leur fiche sur le site de l’instance. Il leur faudra avoir bouclé leur programme pour la fin du mois de janvier, au moment du grand oral prévu à Lausanne devant tous les membres.
La deuxième : David Lappartient, le plus lourdement équipé de tous les postulants (il préside le département du Morbihan, le comité olympique français et l’Union cycliste internationale), abandonnera tous ses mandats s’il est élu à la présidence du CIO. Il l’a assuré lundi 16 septembre dans un entretien au quotidien Ouest-France.
Enfin, attendu mais anecdotique : la Russie ne veut pas voir Sebastian Coe s’installer dans le bureau présidentiel. L’ancien biathlète Alexander Tikhonov, quatre fois médaillé d’or olympique en relais sous les couleurs de l’URSS, l’a expliqué à l’agence TASS : « La candidature de Sebastian Coe est la pire. S’il est élu, la Russie n’aura plus rien à faire dans le mouvement olympique international dans un avenir prévisible. Il sera encore pire que Thomas Bach. » Son candidat préféré : Juan Antonio Samaranch.