Gianni Infantino n’est pas content. Il ne l’avoue pas et le montre encore moins, affichant en toutes circonstances son sourire de façade. Mais ses actes parlent pour lui. Selon plusieurs sources, le président de la FIFA a convoqué en fin de semaine passée une réunion des diffuseurs du football mondial. Elle n’était pas prévue au calendrier.
La raison : la Coupe du Monde des clubs 2025. Gianni Infantino en a fait l’une des priorités de son mandat. Le dirigeant italo-suisse en a étendu le format à 32 équipes, contre 24 dans la précédente formule. Sa prochaine édition, la première dans cette nouvelle version, doit se tenir du 15 juin au 13 juillet aux Etats-Unis.
Seul ennui, mais de taille : la compétition ne séduit pas les diffuseurs. A moins d’une année de l’échéance, la FIFA n’a toujours pas annoncé d’accord de diffusion pour un tournoi porté à bout de bras par Gianni Infantino, face à l’opposition – et aux menaces de boycott – des ligues anglaise et espagnole.
Priorité de la FIFA : trouver un diffuseur aux Etats-Unis, pays-hôte de l’édition 2025. Les discussions ont été entamées avec Apple TV, détenteur des droits de la MLS (Major League Soccer) pour dix ans depuis 2022, pour un montant très respectable de 2,5 milliards de dollars. Mais le groupe américain a quitté la table des négociations en début d’année.
Depuis, rien. Aucune fumée blanche n’a été visible au-dessus du siège de l’instance à Zurich. Une impasse qui a conduit Gianni Infantino à se retrousser les manches et convoquer en urgence les diffuseurs pour débattre du sujet.
Sur le papier, le produit ne semble pas le plus facile à vendre. Dans sa nouvelle formule, la Coupe du Monde des clubs souffre de ses dimensions – 12 équipes européennes, six sud-américaines, quatre asiatiques, africaines et d’Amérique du Nord et centrale, une d’Océanie – et surtout de son positionnement dans le calendrier.
Les clubs sont nombreux à la juger inutile, mal placée au terme d’une saison déjà surchargée. Les syndicats des joueurs, eux, ont même menacé de poursuivre la FIFA en justice. Ils estiment que son projet met en danger la santé des joueurs.
Autre souci : faute d’avoir assuré le soutien financier de diffuseurs aux poches pleines, la FIFA n’a toujours pas levé le voile sur la géographie du tournoi et les revenus à reverser aux clubs engagés. A moins de neuf mois de la compétition, les villes-hôtes ne sont pas encore connues.
A l’inverse, il est acquis que certains des poids lourds du football mondial – Manchester United, Arsenal, Liverpool, Barcelone, Milan AC – ne seront pas de la fête. Ils ne sont pas qualifiés. Une absence sur l’affiche qui n’incite pas les diffuseurs à répondre à l’appel de la FIFA, même si l’instance peut leur assurer de la participation du Real Madrid, de Manchester City, du PSG ou encore du Bayern Munich.
Pour Gianni Infantino, le dossier de la diffusion de la Coupe du Monde des clubs 2025 en rappelle un autre. Le dirigeant avait eu les mêmes difficultés à vendre la Coupe du Monde féminine en 2023, co-organisée par l’Australie et la Nouvelle-Zélande. Il en exigeait beaucoup, sans doute trop.
Un compromis a finalement été trouvé. Mais il n’est plus un secret que la FIFA a revu ses prix à la baisse, convaincue de l’intérêt à long terme pour le développement du football féminin de son sacrifice financier. Cette fois, la situation s’annonce plus délicate. Gianni Infantino devra trouver d’autres arguments pour assurer le succès médiatique d’une compétition de clubs dont personne ne semble vraiment vouloir dans sa nouvelle formule, à commencer par les premiers intéressés.