La campagne ne fait que débuter. Avec discrétion, comme l’imposent les règles et l’usage. Le CIO n’a même pas encore publié sur l’espace dédié de son site officiel les documents de candidature des postulants. Mais les six hommes et la seule femme en course pour la succession de Thomas Bach commencent à se faire entendre.
Deux d’entre l’ont fait publiquement, en début de semaine, marquant à leur façon le début de la compétition. Un Européen et un Asiatique. l’Espagnol Juan Antonio Samaranch et le Japonais Morinari Watanabe ont occupé l’espace médiatique, mardi 24 septembre. Le premier s’est exprimé loin de ses bases, à Budapest. Le second a joué à domicile.
Juan Antonio Samaranch, d’abord (photo ci-dessus). Vice-président du CIO, présenté comme l’un des favoris de la course, le Catalan a profité de son voyage dans la capitale hongroise à l’occasion de la la Semaine européenne du sport pour délivrer son premier discours de candidat.
Il a évoqué le sport comme un outil de santé publique. Classique. Mais, moins attendu, l’Espagnol a exhorté les législateurs européens à investir massivement dans l’activité sportive, à tous les niveaux de pratique.
« Faisons simple : le sport sauve des vies – et de l’argent, a assuré Juan Antonio Samaranch à Budapest. Les fonds consacrés au sport ne devraient pas être considérés comme une dépense par les gouvernements nationaux, mais plutôt comme un investissement dans la santé de nos semblables. Le sport et l’exercice physique réduisent les maladies et les coûts des soins de santé. En tant que banquier, c’est ce que j’appelle un ‘investissement’ qui rapporte des dividendes en vies humaines ».
Le candidat à a présidence du CIO a dégainé ses chiffres. Selon ses calculs, peu aisés à vérifier, le respect de la norme minimale de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) de 150 minutes d’activité physique par semaine pourrait permettre d’économiser jusqu’à 10 % des coûts de santé. Résultat : 140 à 200 milliards d’euros en moins chaque année.
Juan Antonio Samaranch a également livré son sentiment sur la question russe. Il l’a fait en marge de son discours, en réponse aux questions de l’AFP. « Dès que possible, nous aimerions réétudier la réintégration du Comité olympique russe, a-t-il expliqué. Mais aujourd’hui, il se trouve toujours en violation flagrante de la charte olympique. Dès que les raisons de la suspension disparaîtront, nous avons l’obligation de commencer à travailler très dur pour le faire revenir. »
Autre lieu, autre postulant. Morinari Watanabe, le président de la Fédération internationale de gymnastique (FIG), a choisi Tokyo pour rencontrer les médias. Le Japonais a tenu une conférence de presse, mardi 24 septembre.
Morinari Watanabe a mis l’accent sur le CIO et sur les Jeux olympiques, leur image dans l’opinion et l’importance de la sauvegarder. A la différence de son rival espagnol, le Japonais a débuté sa campagne sans trop s’écarter du sujet. Il a servi aux journalistes un discours très imprégné de ses idées sur l’avenir du mouvement olympique. Une forme d’évidence dans un pays, le Japon, où le scandale de corruption lié aux Jeux de Tokyo 2020 a terni son image.
« J’ai parcouru plus de 160 pays au cours des huit dernières années, discutant avec leur personnel sportif de la façon dont les Jeux olympiques devraient être et de la façon dont les sports peuvent contribuer à la société, a détaillé Morinari Watanabe, cité par Kyodo News. Nous devons écouter l’opinion du public et créer des Jeux olympiques qui satisfont les habitants des pays qui les accueillent ».
Interrogé sur ses chances de victoire, le Japonais s’est montré très évasif. Le contraire aurait été mal perçu. « Il se peut que j’obtienne quelques voix ou que je sois l’heureux élu », a-t-il répondu.
A 65 ans, membre de l’institution depuis 2018, il ambitionne de devenir en mars prochain le premier président du CIO issu du monde asiatique. Une ambition partagée par un autre des sept postulants, Feisal al Hussein de Jordanie.
Le casting de la campagne de candidature, dévoilé par le CIO lundi 15 septembre, compte également la Zimbabwéenne Kirsty Coventry, le Français David Lappartient, le Britannique Sebastian Coe, et le Britannique d’origine suédoise Johan Eliasch.