Candidatures

Budapest 2036 face à la menace d’un référendum

— Publié le 26 septembre 2024

Menace de gros temps pour la candidature de Budapest aux Jeux olympiques et paralympiques d’été en 2036. Présenté comme solide et soutenu par les autorités politiques, le projet pourrait bien avoir à surmonter un obstacle de taille : un référendum.

Marton Tompos, le leader du parti politique d’opposition Momentum, l’a annoncé sur les réseaux sociaux : son mouvement tentera d’imposer une consultation populaire pour décider si la capitale hongroise doit se lancer dans la bataille.

Crédible ? Sûrement. Le mouvement olympique ne l’a pas oublié : Marton Tompos n’en est pas à son premier coup de force. Son parti, Momentum, a été créé après 2017 sur les fondations de la campagne NOlimpia, lancée par un groupe d’opposants pour contrer la candidature de Budapest aux Jeux d’été en 2024.

Active et très organisée, elle avait lancée une pétition pour exiger un référendum. L’initiative a rapidement pris de l’ampleur, jusqu’à recueillir plus de 260.000 signatures. Assez pour inciter les porteurs du projet, dont le patron du comité de candidature Balázs Fürjes (aujourd’hui membre du CIO), à mettre les pouces.

Le référendum n’a plus été nécessaire. Budapest 2024 s’est retirée de la course, ouvrant la porte à un double vote 2024-2028 et un partage des Jeux entre Paris et Los Angeles.

Depuis, Marton Tompos a gagné en influence dans la vie politique hongroise. Son parti d’opposition, Momentum, a décroché lors des élections législatives en 2022 une dizaine de sièges à l’Assemblée nationale. Il a également obtenu des élus au Parlement européen.

Opposant déclaré au Premier ministre Viktor Orban, Marton Tompos a compris que la question d’une candidature olympique restait, en Hongrie comme un peu partout ailleurs, un sujet politique. Il compte bien s’en servir.

« Au nom du mouvement @Momentum, j’ai soumis une question référendaire sur le fait de ne pas pouvoir décider d’une candidature olympique sans consulter le peuple, a-t-il expliqué sur son compte Instagram. Il faut en finir une fois pour toutes avec cette affaire, car malheureusement, après 2017, le gouvernement rêve toujours d’accueillir des Jeux olympiques à Budapest en 2024. A partir du moment où il n’y a pas un nombre suffisant de médecins et d’enseignants dans le pays, qu’il n’y a pas d’eau potable partout (…), il est absurde de rêver accueillir les Jeux olympiques. »

A ce stade du processus, il est bien trop tôt pour rayer Budapest de la course aux Jeux d’été en 2036. Tout peut encore arriver, surtout après le départ de Thomas Bach et l’arrivée aux manettes du CIO d’un nouveau, ou nouvelle, président(e).

Surtout, le nouveau mode de désignation de la ville-hôte, avec une phase de dialogue aux contours et au contenu peu transparents, ouvre le champ à tous les scénarios. Désormais, tout se passe à Lausanne. Faute d’une campagne de candidature à l’ancienne, les opposants manquent souvent de prises pour tenter de défaire le projet.

Il n’empêche, le mot référendum n’est jamais le bienvenu lorsqu’il est associé à une candidature olympique. Les Suisses, les Allemands et les Canadiens peuvent en témoigner.

Depuis son retrait de la course aux Jeux en 2024, Budapest n’a pas renoncé à ses ambitions sportives. La capitale hongrois s’est même imposée comme l’une des places fortes du mouvement. Elle a organisé les championnats du monde d’athlétisme en 2023. Elle a accueilli les Mondiaux de natation en 2017 et 2022, et les recevra une nouvelle fois en 2027. Budapest a également convaincu World Aquatics de quitter Lausanne pour installer son siège sur son territoire.