Candidatures

Le feu passe au vert pour la Suisse 2038

— Publié le 30 septembre 2024

Le feu est vert. La route est grande ouverte. Le Conseil fédéral a levé en fin de semaine passée le dernier obstacle à une « candidature olympique définitive » de la Suisse aux Jeux d’hiver en 2038. Il a décidé de lui accorder son soutien formel, sur la base du concept de Jeux durables, décentralisés et financés par des fonds privés.

La Suisse peut donc rêver à nouveau aux Jeux d’hiver, près d’un siècle après les avoir organisés pour la dernière fois à Saint-Moritz (1928 et 1948). Elle peut y croire sans trop risquer de voir son projet disparaître en fumée.

Retour en arrière. En novembre 2023, la commission exécutive du CIO, réunie à Paris pour sa dernière réunion de l’année, valide les recommandations de sa commission de futur hôte des Jeux d’hiver. Elle attribue les éditions 2030 aux Alpes françaises et 2034 à Salt Lake City. Elle recale la Suède. Et, non sans surprise, décide d’installer la Suisse dans une position nouvelle : elle l’invite à poursuivre l’aventure pour les Jeux d’hiver 2038 en phase dite de « dialogue privilégié ».

Le concept est inédit. Il ne place pas formellement la Suisse en position de recevoir à coup sûr l’événement olympique et paralympique en 2038, mais lui accorde un confortable délai de trois ans, jusqu’à la fin de l’année 2027, pour revoir son projet et lui ajouter les pièces manquantes. Le CIO demande aux Suisses de resserrer leur carte des sites, en réduisant notamment le nombre de villages des athlètes, et d’obtenir des garanties formelles des autorités.

Pour la première de ces deux exigences, il faudra encore patienter. Le projet Suisse 2038 va être affiné. Mais le travail prendra du temps. Pour l’autre demande, le soutien des pouvoirs publics, la case est désormais cochée. Le feu vert donné vendredi dernier par le Conseil fédéral, relayé par Swiss Olympic, répond aux attentes du CIO.

Ironie de l’histoire : le soutien formel des autorités suisses est arrivé alors que la garantie de l’Etat français signée par le nouveau Premier ministre, Michel Barnier, se fait toujours attendre. Elle est censée être envoyée à Lausanne au plus tard mardi 1er octobre. En novembre 2023, la commission exécutive du CIO avait pourtant insisté, au moment de justifier sa triple décision, sur le soutien politique sans faille derrière le projet des Alpes françaises et, à l’inverse, sur son absence du dossier de candidature des « Jeux de la Suisse ».

Commentaire de la ministre des Sports, Viola Amherd : « Je me réjouis d’accueillir les Jeux en 2038 en Suisse. L’organisation d’un tel événement engendrera un rayonnement positif pour la société et l’économie. Aujourd’hui, il s’agit du premier pas sur le chemin d’une candidature. »

La suite ? Elle semble déjà parfaitement balisée pour le projet Suisse 2038. Le comité national olympique, Swiss Olympic, explique que le Conseil fédéral « met le personnel spécialisé nécessaire à disposition des groupes de travail correspondants de l’association « Jeux Olympiques et Paralympiques d’hiver Suisse 2038 ».

L’association en question s’est déjà dotée de deux présidents : Ruth Wipfli Steinegger, la vice-présidente de Swiss Olympic, et l’ancien descendeur Urs Lehmann, actuel président de la Fédération suisse de ski (Swiss-Ski).

Plusieurs groupes de travail vont maintenant être formés, au cours des prochains mois, pour plancher sur les chapitres du dossier à renforcer ou finaliser, dont le financement, la mobilité, la sécurité, les infrastructures, les sites et l’héritage. En tête de la pile, l’importance de multiplier les partenariats, pour coller au plus près à la promesse de Jeux d’hiver financés par des fonds privés.

Le risque d’un référendum ? En Suisse, il n’est jamais exclu. Et il se fait toujours très menaçant, les « votations » ayant déjà renvoyé par le fond une longue liste de candidatures olympiques.

Mais Swiss Olympic le rappelle : les fédérations olympiques ont déjà exprimé à l’unanimité leur soutien au projet, dès le mois de mai dernier, tout comme les cantons, un mois plus tard. Ils ont même formellement confirmé leur volonté de « poursuivre la collaboration ».