Il avait demandé au CIO un délai de quelques jours. Un seul lui a suffit. Le Premier ministre français, Michel Barnier, a envoyé mercredi 2 octobre à Lausanne la garantie financière de l’État, dernière pièce à l’attribution désormais sans condition des Jeux d’hiver 2030 aux Alpes françaises.
Le document était attendu par le CIO au plus tard le 1er octobre. Un jour de retard, donc. Anecdotique. Le conditionnel attaché au dossier français depuis la dernière session du CIO, le 24 juillet à Paris, était purement formel. Il n’est désormais plus nécessaire.
« Je confirme et prends l’engagement de garantir le financement de tout éventuel déficit budgétaire du comité d’organisation des Jeux Olympiques, a écrit Michel Barnier dans son courrier adressé à Thomas Bach. Cet engagement inclut le remboursement au CIO des avances ou autres contributions versées aux COJO par le CIO, que ce dernier pourrait devoir rembourser à des tierces parties dans le cas d’un imprévu comme une annulation totale ou partielle des Jeux olympiques et paralympiques d’hiver 2030. »
Preuve de l’impatience des acteurs du dossier à voir le précieux document être signé par le nouveau locataire de Matignon, puis prendre le chemin de Lausanne : Renaud Muselier, le président de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur (PACA), et Laurent Wauquiez, son ex homologue de la région Auvergne-Rhône-Alpes (AURA), aujourd’hui député, en ont publié une copie sur leurs comptes X.
Sur la forme, la garantie financière de l’Etat lève la dernière condition posée par le CIO aux Jeux d’hiver 2030 en France. Sur le fond, elle grave dans le marbre un double engagement des pouvoirs publics envers le CIO. Le premier est plafonné à 500 millions d’euros. Il prévoit le remboursement des avances consenties en cas d’annulation des Jeux. Le second, d’un montant légèrement inférieur, concerne un éventuel déficit de l’événement olympique et paralympique. Dans un tel scénario, l’ardoise serait partagée entre l’Etat et les deux régions hôtes.
Les deux engagements signés par Michel Barnier seront inscrits dans une loi de Finances à présenter l’an prochain au Parlement, en deux temps.
La suite ? Elle s’annonce chargée. Les Jeux désormais officiellement attribués aux Alpes françaises, la priorité pour les porteurs du projet sera de créer formellement, dans un délai maximum de cinq mois, un comité d’organisation. La logique voudrait qu’il soit installé en Savoie ou Haute-Savoie. Mais Laurent Wauquiez, toujours très impliqué dans le dossier, souhaite le voir plutôt à Lyon.
Autre sujet : sa gouvernance. Un seul président, comme pour Paris 2024 ? Un binôme, comme pour les Jeux d’Albertville 1992 (Killy-Barnier) ? La décision n’est pas tranchée. Mais un nom circule avec insistance : Martin Fourcade. L’ancien biathlète multi-médaillé olympique, entré au CIO lors des Jeux d’hiver de Pékin 2022, présente un profil taillé pour la fonction. Mais encore faut-il qu’il souhaite se lancer dans l’aventure, dans un contexte nettement plus politique que pour les Jeux de Paris 2024.
Interrogé en début de semaine sur la question de la gouvernance du COJO, Renaud Muselier a répondu sans répondre, mais en faisant comprendre que la décision ne pourrait échapper aux deux régions. « Qui paie, décide, a-t-il expliqué. À savoir l’Etat et les régions. Il faut bien sûr un sportif de haut niveau et moi, je souhaite qu’il y ait une femme. Je suis favorable au mode de fonctionnement Barnier-Killy, sauf que chez nous, c’est un peu plus élargi puisqu’on parle des Alpes françaises. »
Les prochains mois seront également occupés par la création d’une version 2 de la SOLIDEO, l’établissement public en charge de la construction et livraison des sites. Il est acquis qu’elle sera basée en région PACA. En toute logique, elle devrait prendre ses quartiers à Nice, au plus près de l’action. Mais Renaud Muselier l’envisage plutôt à Marseille. A portée de vue.
Enfin, il faudra au COJO régler sans trop tarder la question de la présence, ou non, de Val d’Isère sur la carte des sites de compétition. Jean-Claude Killy milite pour. Et il a l’oreille de Michel Barnier.