La garantie financière de l’Etat a été signée le 2 octobre par Michel Barnier, le nouveau Premier ministre, puis envoyée au CIO avec un jour de retard, insignifiant détail de l’histoire. Le travail peut donc vraiment commencer pour la préparation des Jeux d’hiver 2030 dans les Alpes françaises. A un détail près, mais il est d’importance : une pièce manque au puzzle.
Près de trois mois après la désignation « sous condition » du dossier français par la session du CIO, une question reste sans réponse : qui prendra les commandes du futur comité d’organisation ? Qui sera le Tony Estanguet des Jeux d’hiver en 2030 ? Le patron. L’incarnation du projet.
Un nom était sur toutes les lèvres, dans le mouvement sportif et même jusqu’au sommet de l’Etat : Martin Fourcade. Le multiple médaillé olympique en biathlon, devenu membre du CIO au sein de la commission des athlètes à l’occasion des Jeux d’hiver de Pékin 2022, coche beaucoup de cases.
Le Pyrénéen, très impliqué dans l’organisation des Jeux de Paris 2024, où il a présidé la commission des athlètes, bénéficierait du soutien de deux des acteurs clés du dossier : Emmanuel Macron, le chef de l’Etat, et David Lappartient, le président du comité national olympique (CNOSF).
Mais selon plusieurs sources, la piste Martin Fourcade ne serait plus du tout une évidence. L’intéressé n’a jamais caché son intérêt pour le projet. Mais il aurait posé comme condition de bénéficier du titre, et surtout des pouvoirs, de président exécutif. Le Catalan ne veut pas être un homme de paille. Il souhaite suivre les pas de Tony Estanguet pour le COJO Paris 2024, à savoir mener réellement la manoeuvre.
Légitime et justifié, surtout pour un projet complexe sur le plan géographique, et plus encore politique, avec deux régions impliquées et un nombre d’acteurs publics qui s’annonce pléthorique. Mais les discussions entre les parties prenantes, dont les régions AURA (Auvergne-Rhône-Alpes) et PACA (Provence-Alpes-Côte d’Azur), le CNOSF et l’Etat, n’ont rien donné. L’option Martin Fourcade aurait quitté le dessus de la pile.
Alors, qui d’autre ? Les noms ne sont pas légion. Mais le média Ski Chrono en mentionne deux.
Marie Martinod, d’abord. La Savoyarde peut elle aussi mettre en avant son passé de sportive de haut niveau, marqué par deux médailles olympiques en ski halfpipe – en bronze aux Jeux de Sotchi 2014, en argent quatre ans plus tard à PyeongChang -, mais aussi son implication dans le mouvement sportif. Elle est membre de la commission des athlètes de haut niveau du CNOSF.
Désormais consultante pour RMC, Marie Martinod a rencontré récemment Renaud Muselier, le président de la région PACA. L’élu marseillais a déclaré qu’il verrait d’un bon oeil une femme prendre la tête du COJO des Alpes françaises 2030. L’option Marie Martinod, 40 ans, ne serait pas pour lui déplaire.
Autre nom : Vincent Jay. Champion olympique de biathlon aux Jeux de Vancouver 2010, le Savoyard est sans doute l’un des meilleurs connaisseurs du projet, puisqu’il en assure la direction pour la région AURA depuis le mois de septembre 2023. Il pourrait prendre les commandes sans phase de transition. Mais, forcément très marqué AURA, il lui faudrait obtenir l’aval de Renaud Muselier. Pas gagné d’avance.
La carte surprise ? Amélie Oudéa-Castera. Le nom de l’ex-ministre des Sports circule depuis quelques jours, notamment dans les cercles parisiens. La réussite des Jeux de Paris 2024 l’a aidée à se refaire une image, après son bref mais désastreux passage au ministère de l’Education nationale. Elle connaît le dossier. Elle aurait sans doute le feu vert de l’Elysée. Et elle est libre. Autre atout : une carrière « mixte », entre privé et public, susceptible de l’aider à manoeuvrer entre les deux univers sans se prendre les pieds dans le tapis.
Michel Barnier, très concerné par le dossier pour avoir lui-même co-présidé avec Jean-Claude Killy le comité d’organisation des Jeux d’hiver d’Albertville en 1992, doit réunir les acteurs du projet avant la fin du mois d’octobre. La question sera forcément évoquée.