La Coupe du Monde des clubs de football aura-t-elle bien lieu ? A moins d’une année de l’événement, la question ne devrait plus se poser. Et pourtant, le doute demeure. Il prend même de plus en plus d’épaisseur.
Les critiques et les attaques s’intensifient contre le projet XL de la FIFA et de son président, Gianni Infantino, d’un tournoi mondial à 32 équipes, prévu du 15 juin au 13 juillet 2025 aux Etats-Unis.
La dernière en date est venue d’Espagne. Elle n’a pas pris de détour, réclamant sans langue de bois au dirigeant italo-suisse de rayer la Coupe du Monde des clubs du calendrier de la prochaine saison.
Présent cette semaine à Bruxelles, le président de la ligue professionnelle espagnole (LaLiga), l’influent Javier Tebas, s’en est pris directement au président de la FIFA. Il lui reproche de vouloir imposer contre l’avis général un projet encore mal abouti, notamment sur le plan financier, et avec lui une saison annoncée comme la plus longue de l’histoire.
« Monsieur le président de la FIFA, vous savez que vous n’avez pas vendu les droits audiovisuels selon le budget que vous avez annoncé pour cette Coupe du monde des clubs, a déclaré Javier Tebas à l’occasion du Forum de l’Union européenne des clubs à Bruxelles. Vous savez que vous n’avez pas les sponsors pour cette Coupe du monde des clubs comme vous l’aviez prévu. Vous savez que les ligues et les syndicats de joueurs ne veulent pas de cette Coupe du monde des clubs. Alors, retirez cette Coupe du monde des clubs maintenant ».
Difficile de faire plus direct. Javier Tebas a poursuivi sur le même ton, depuis la capitale belge, suggérant que la FIFA sera contrainte de puiser dans ses propres caisses pour boucler le budget d’un événement pour lequel les diffuseurs et les partenaires hésitent à s’engager.
« Si vous utilisez les fonds de la FIFA pour financer l’argent qui manque par rapport à la promesse que vous avez faite aux clubs, vous enlevez cet argent à toutes les fédérations ou à tous ceux que la FIFA prétend aider, a expliqué le dirigeant espagnol. Nous parlons de plus de 1,5 milliard d’euros qui devront être prélevés sur ce fonds ».
Javier Tebas sera-t-il entendu ? Peu probable. Difficile, en effet, d’imaginer la FIFA effacer d’un coup de gomme un événement censé servir de répétition générale pour la Coupe du Monde 2026. Mais la pression sur Gianni Infantino se fait de plus en plus forte. Elle vient des clubs, des ligues, mais aussi des joueurs.
Le syndicat mondial des joueurs, la FIFPRO, s’est associé avec l’association des ligues professionnelles européennes pour déposer cette semaine une plainte contre la FIFA auprès de la Commission européenne à Bruxelles. Ils affirment que l’instance internationale abuse de sa position dominante pour imposer des compétitions, au mépris de la santé physique et mentale des joueurs.
Le mois dernier, le milieu de terrain de Manchester City, Modri, a pris la parole pour laisser entendre que les joueurs étaient « proches » de lancer un mouvement de grève. En cause, un calendrier devenu infernal. L’Espagnol a expliqué avoir disputé 63 matches en club et en sélection, au cours de la dernière saison, jusqu’à la finale de l’Euro 2024, le 14 juillet en Allemagne.
Dans le camp d’en face, la FIFA reste droite dans ses bottes. Gianni Infantino continue de minimiser l’impact du tournoi sur la réalité du football professionnel. Il répète que la Coupe du Monde des clubs concernera seulement 32 équipes sur l’ensemble de la planète, soit moins d’un millier de joueurs. Elle se déroulera une fois tous les quatre ans, avec un maximum de sept rencontres par équipe.
Surtout, le président de la FIFA avance. Il a profité d’une visite aux Etats-Unis, en début de semaine, pour annoncer que l’un des clubs américains qualifiés, le Seattle Sounders FC, disputera ses trois matches de la phase de groupe à domicile, au Lumen Field, une enceinte de 69.000 places. Trois autres affiches de la Coupe du Monde des clubs 2025 sont prévues dans le même stade de la métropole de l’Etat de Washington.