Le monde de l'escrime

Pour les vétérans, Dubaï a sorti le grand jeu

— Publié le 24 octobre 2024

La planète escrime s’agrandit. Elle pousse ses murs. Les Jeux olympiques de Paris 2024 l’ont illustré dans le décor sublime du Grand Palais, avec 53 pays engagés, dont plusieurs pour la première fois, puis 13 nations issues de quatre continents figurant au tableau des médailles. Les championnats du monde vétérans, organisés du 11 au 17 octobre aux Emirats arabes unis, ont encore forcé le trait.

Le lieu, d’abord. Grandiose. Le complexe sportif Hamdan de Dubaï, un centre aquatique à géométrie variable, transformé pour l’occasion en une vaste salle tout entière dédiée à l’événement. Pas moins de trente pistes, dont six réservées à l’entraînement. L’équipement ultra-moderne avait déjà été utilisé pour les championnats du monde cadets et juniors en 2022. Il avait séduit tous les participants. Sa qualité, et les moyens déployés par les organisateurs locaux, ont convaincu une nouvelle fois cette année les engagés aux championnats du monde vétérans.

La participation, maintenant. Massive. Et même un peu plus que cela : historique. A Dubaï, la compétition a enregistré la présence de 859 escrimeurs âgés de 50 ans ou plus, venus de 62 pays. L’édition 2024 a affiché une hausse de 34,5 % du nombre d’athlètes engagés, et de 38,1 % de celui des pays représentés, par rapport aux Mondiaux vétérans en 2023 à Daytona, en Floride.

A l’heure des comptes, les Etats-Unis ont dominé la concurrence. Arrivés à Dubaï avec la plus importante délégation parmi tous les pays présents, les Américains en sont repartis avec 26 médailles (9 en or, 4 en argent et 13 en bronze). Ils devancent les Allemands (11 médailles dont 4 titres) et les Français (12 médailles dont 3 titres). L’Italie et la Grande-Bretagne complètent le top 5.

La raison du succès d’un événement à la santé éclatante ? Multiple. « Dubaï est une destination touristique, surtout à cette époque de l’année, où la chaleur est très supportable, suggère Ziad Feriani, l’un des responsables des compétitions à la Fédération internationale d’escrime (FIE). Les vétérans se déplacent souvent en famille. Ils viennent pour la compétition, mais aussi pour visiter ou se divertir. Ils aiment joindre l’utile à l’agréable. » Les organisateurs locaux en ont tenu compte. En multipliant les pistes de compétition, et avec elles les arbitre des épreuves, ils ont pu proposer un programme où les épreuves se terminaient chaque jour en milieu d’après-midi. Assez tôt pour laisser du temps aux escrimeurs de profiter de Dubaï en famille ou entre amis.

Autre explication : la qualité de l’organisation. A Dubaï, les Emirats arabes unis ont reçu les Mondiaux vétérans sans lésiner sur les moyens. Accueil, transport, hébergement, site de compétition et d’entraînement… « Un sans-faute », résume Ziad Feriani. Avec deux championnats du monde en seulement trois ans, et une étape annuelle de la Coupe du Monde, Dubaï s’impose comme une nouvelle place forte de l’escrime internationale. La mégalopole du Golfe n’en restera sans doute pas là. Elle est candidate à l’accueil des championnats du monde seniors en 2027.

Enfin, le succès des Mondiaux vétérans 2024 s’explique aussi par la popularité grandissante de la compétition chez les 50 ans et plus. Ziad Feriani le rappelle : « La participation chez les vétérans est désormais souvent égale à celle des championnats du monde seniors. Elle augmente sans cesse, chez les femmes notamment. Et le phénomène est planétaire. L’Asie est de plus en plus représentée (deux médailles pour le Japon). A Dubaï, l’Afrique était présente avec des escrimeurs tunisiens et égyptiens. L’événement mondial est de plus en plus convoité par les pays. »

L’avenir devrait encore renforcer la tendance. La décision de la FIE d’ajouter une nouvelle catégorie d’âge dans les trois armes – 40/49 ans – à partir de l’édition 2025 à Tunis, verra à coup sûr la participation aux championnats du monde franchir une nouvelle étape. Les estimations tablent sur la présence dans la capitale tunisienne de 1100 à 1200 compétiteurs.

Initiée par la commission des vétérans de la FIE, l’idée a été validée par le dernier congrès de l’instance, en novembre 2023. Elle sera testée l’an prochain à Tunis, avec toutes les chances de s’installer durablement dans le paysage. Avantage : combler l’écart de 10 ou 15 ans, voire un peu plus, entre la fin d’une carrière de compétiteur chez les seniors et l’entrée dans la catégorie des vétérans.