— Publié le 29 octobre 2024

Alisher Usmanov, la fin du purgatoire

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Alisher Usmanov, le retour. Le milliardaire russe d’origine ouzbèque devrait, sauf très improbable scénario, retrouver son bureau et son large siège de président de la Fédération internationale d’escrime (FIE), moins de trois ans après avoir dû les quitter.

L’instance a publié sur son site Internet la liste des candidats à l’élection à la présidence, prévue lors du prochain congrès, le 30 novembre. Elle compte deux noms : le Suédois Otto Drakenberg et le Russe Alisher Usmanov.

Emmanuel Katsiadakis, président par intérim de la FIE depuis le retrait forcé du milliardaire russe en mars 2022, à la suite de l’invasion de l’Ukraine, n’est pas candidat. Le Grec n’a pas fait le choix de tenter de transformer le provisoire en un statut plus durable.

Deux pour une place, donc. D’un côté, un Suédois aux solides états de service dans le monde de l’escrime et dans l’univers des affaires. A 58 ans, Jan Sten Otto Drakenberg a participé aux Jeux de Séoul en 1988, où il a pris la 8ème place de l’épreuve par équipe à l’épée. L’année suivante, il a buté au pied du podium (4ème) dans la compétition individuelle aux championnats du monde. Président de la Fédération suédoise d’escrime depuis 2017, il a dirigé au cours de sa carrière professionnelle plusieurs sociétés cotées en bourse, dont Goodyear Dunlop pour les pays nordiques et Carlsberg Suède.

En face, Alisher Usmanov. A 71 ans, le « philanthrope » brigue un nouveau mandat. Elu une première fois en 2008, puis reconduit dans un fauteuil en 2012, 2016 et 2021, il ambitionne de retrouver sa place à la présidence de la FIE, après deux années et demi d’un repli forcé par les sanctions politiques.

La lecture de la présentation des deux candidats publiée par le FIE laisse peu de place au doute : Alisher Usmanov devrait l’emporter. Le document énumère la liste des fédérations nationales « présentant ou soutenant » l’oligarque. Elles sont au nombre de 103, issues des cinq continents. Parmi elles, la Grèce, patrie du président par intérim Emmanuel Katsiadakis.

Dans l’hypothèse où ses soutiens affichés votent pour lui samedi 30 novembre, en début d’après-midi, Alisher Usmanov sera assuré de plus d’une centaine de voix. Son rival, Otto Drakenberg, est présenté par une seule fédération, celle de Suède. La sienne, donc.

Détail tout sauf anecdotique : le congrès de la FIE doit se tenir à Tachkent, capitale de l’Ouzbékistan.. La patrie natale d’Alisher Usmanov. Il jouera à domicile.

« Je considère la nomination et le soutien de ma candidature aux élections du président de la FIE par plus de 100 fédérations nationales à travers le monde comme un signe de confiance et de reconnaissance des réalisations de l’escrime internationale au cours des 15 dernières années, a déclaré Alisher Usmanov dans un communiqué. Je tiens à remercier chacune des 103 fédérations, ainsi que les directeurs sportifs qui m’ont soutenu, pour leurs paroles aimables. La procédure d’élection du président de la FIE est régie par les statuts de l’organisation, nous devons attendre le congrès à la fin du mois de novembre à Tachkent. Comme auparavant, je reste attaché à mon sport favori et je souhaite à la communauté internationale de l’escrime de nouveaux succès et victoires sportives. »

Pour la FIE, et plus largement pour l’escrime, le retour du milliardaire se présente comme une bonne nouvelle. Depuis son arrivée à Lausanne après les Jeux de Pékin 2008, Alisher Usmanov a régulièrement apporté une contribution personnelle aux finances de l’instance et au développement de la discipline.

Ses largesses n’ont pas seulement bénéficié à l’escrime. En février 2020, Alisher Usmanov a fait don au Musée olympique de Lausanne du manuscrit historique exposant le projet initial des Jeux olympiques modernes, écrit par Pierre de Coubertin en 1892. Le milliardaire l’avait obtenu trois mois plus tôt lors d’une vente aux enchères à New York. Prix : 8 millions d’euros.