— Publié le 30 octobre 2024

A Brisbane, le stade olympique toujours dans l’impasse

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Le temps passe vite à Brisbane. Comme partout ailleurs, ni plus ni moins. Mais pour avoir battu un record olympique en obtenant du CIO l’organisation des Jeux olympiques et paralympiques 2032 un peu plus de 11 ans avant l’échéance, la capitale du Queensland se croyait à l’abri de l’urgence. A l’évidence, elle se trompait.

Plus de trois ans ont passé depuis l’attribution des Jeux en 2032 par la session de Tokyo, le 21 juillet 2021, mais l’une des questions majeures du projet australien reste toujours sans réponse : le stade principal. Les autorités de la ville et de l’Etat ne parviennent pas à se mettre d’accord. Et le dossier s’enlise.

Le dernier épisode du feuilleton s’est joué sur le terrain politique. Il ne fait que renforcer le doute sur le sujet.

Après trois mandatures consécutives, le Parti travailliste australien a perdu les dernières élections législatives dans le Queensland. La victoire est revenue au Parti national libéral (LNP). Son leader, David Crisafulli, deviendra le 41ème Premier ministre du Queensland.

Les conséquences sur les Jeux de Brisbane 2032 ? Massives. A la différence de son prédécesseur, Steven Miles, le nouvel homme fort de l’Etat veut voir grand. Il se dit favorable à ressortir des cartons une option enterrée : la rénovation du Gabba Stadium, le mythique stade de cricket de Brisbane (photo ci-dessus).

Avant d’aller plus loin, petit retour en arrière. En phase de candidature, la Première ministre de l’époque, Annastacia Palaszczuk, avait plaidé devant le CIO, et devant ses électeurs, pour l’ambitieux projet d’une démolition du vieillissant Gabba, pour faire sortir de terre à sa place une nouvelle enceinte plus moderne. Elle devait servir aux épreuves d’athlétisme et aux cérémonies.

Avantage : profiter des Jeux en 2032 pour doter la ville et l’Etat d’un équipement neuf, plus accessible aux personnes en situation de handicap, mieux connecté aux transports en commun. Inconvénient : son coût. L’opération était estimée à 2,7 milliards de dollars australiens, soit 1,64 milliard d’euros au cours actuel.

Cher. Beaucoup trop cher, même. Au point que le projet a été abandonné.

Steven Miles, le successeur d’Annastacia Palaszczuk dans le fauteuil de Premier ministre du Queensland, a repris le dossier, refait les additions, épluché la carte de Brisbane et de ses environs. Pour finalement proposer que les compétitions olympiques d’athlétisme se déroulent dans un complexe existant, le Queensland Sports and Athletics Centre.

Avec une remise à niveau et quelques coups de peinture, il pourrait accueillir 40.000 spectateurs. Steven Miles proposait également d’organiser les cérémonies d’ouverture et de clôture au Suncorp Stadium, une enceinte également déjà sur la carte. Minimaliste, mais peu coûteux. John Coates, l’ancien vice-président du CIO, avait donné son feu vert.

Dans l’intervalle, l’ancien maire de Brisbane, Graham Quirk, a sorti de son chapeau une troisième option. A la tête d’une équipe d’experts invités à mener une étude indépendante, il a proposé la construction sur le site de Victoria Park d’un complexe entièrement neuf, composé d’un stade de 70.000 places et d’une arène couverte. Coût annoncé : 3,4 milliards de dollars australiens (2,06 milliards d’euros). Encore plus cher que l’option du Gabba Stadium.

En clair, trois projets très différents, portés par trois personnalités politiques aujourd’hui écartées du pouvoir et donc des décisions. Mais pas la moindre réponse. L’impasse totale.

L’arrivée de David Crisafulli à la tête du Queensland ne devrait pas, sauf surprise, accoucher d’une quatrième option. Mais elle rebat les cartes. Le nouveau Premier ministre l’a répété dans ses interventions devant les médias depuis les dernières législatives : il ne veut pas du projet low cost de son prédécesseur d’une rénovation du Queensland Sports and Athletics Centre. Il veut mieux. Beaucoup mieux.

Son idée : réunir une équipe d’experts en leur donnant 100 jours pour revoir le dossier et proposer une formule qui assurerait un héritage des Jeux 2032 à Brisbane et dans le Queensland, mais sans gonfler les coûts. « Je vais réunir les meilleurs et les plus brillants autour de la table, a-t-il déclaré à la chaine Nine. Je veux que les habitants du Queensland sachent que nous avons le temps. Nous allons mettre en place des infrastructures pour les futures générations. La population doit pouvoir être fière de ce que nous allons montrer pour ces Jeux olympiques. »

Pas d’urgence, donc. Il reste du temps, a-t-il insisté, rappelant que la carte des sites des Jeux de Paris 2024 avait encore bougé à moins de 600 jours de l’ouverture, et que celle des Jeux de Los Angeles 2028 n’était toujours pas finalisée.

David Crisafulli n’en fait pas mystère : l’option d’une rénovation du Gabba Stadium lui semble la plus pertinente. Il ne veut pas entendre parler de la construction d’un nouveau stade. Et juge « embarrassante » l’idée du Queensland Sports and Athletics Centre.

Le Premier ministre a également confié avoir déjà évoqué avec Anthony Albanese, le Premier ministre australien, la question du financement du projet. Il propose un partage 80-20, le gouvernement fédéral assurant la plus grosse part.

Mais l’an passé, Anthony Albanese a répété à plusieurs reprises que les infrastructures liées aux Jeux devraient être financées à parts égales, 50-50, entre l’Etat fédéral et le Queensland. Le prochain épisode du feuilleton.